Chambres à hypoxie et triathlon : je dis oui

Publié le 05 février 2009 par Pascal Boutreau

Hello tout le monde... En cette période socialement agitée, j'ai l'impression que j'ai intérêt à remettre "un miam miam fifilles" si je ne veux pas subir une grève sauvage de la gente féminine habituée à ce blog... Je vais avoir du mal à vous refaire le coup de Mme Roddick... Alors comme je suis pour le dialogue et pour la paix des ménages, je vous propose cette semaine un habitué, le rugbyman Dan Carter qui a vécu un sale week-end avec une rupture du tendon d'Achille qui met évidemment fin à sa saison.

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Comme promis voici la suite de mon reportage à Prémanon, dans le Jura, où l'équipe de France de triathlon effectuait ces derniers jours un stage en chambre à hypoxie, ces fameuses chambres où l'on diminue le taux d'oxygène de façon à recréer artificiellement les conditions de l'altitude. Je suis parti là-bas assez partagé et j'avoue avec quelques a priori majoritairement négatifs. J'en suis revenu convaincu. Comme quoi c'est toujours mieux de se renseigner et de connaître avant de parler et de balancer n'importe quoi. Dans le papier ci-dessous, la version originelle de l'article qui est paru ce jeudi matin dans L'Equipe (un peu raccourci, mais je ne vais pas me plaindre car c'est déjà bien d'avoir eu la place accordée), vous vous ferez je l'espère une idée un peu plus précise de la chose. Merci au passage à Frank Bignet, Stéphanie Gros, à tout l'encadrement et aux athlètes pour leur accueil au cours de cette fort agréable journée.

Comme l'évoque Rémi dans les commentaires de la news précédente, les limites de la notion de pratique dopante sont parfois très floues. Où commence le dopage ? La question est vague. Je pars du principe que si des spécialistes, bien plus compétents que nous tous (même si évidemment certains forumers par exemple sont toujours convaincus de détenir la vérité), ont décidé d'autoriser ou d'interdire une pratique, c'est qu'ils doivent avoir leur raison. Alors autant leur faire confiance.  Sinon, on ne s'en sort pas. Voici donc la papier sur ces fameuses chambres à hypoxie.

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Ils ne manquent pas d’air

En stage dans le Jura, les triathlètes ont pu apprécier l’efficacité des chambres à hypoxie où le taux d’oxygène est réduit pour simuler les effets de l’altitude.

PRéMANON – (Jura), de notre envoyé spécial

Le soleil se couche sur les montagnes enneigées du Jura. Chaussures de ski de fond encore aux pieds, Cédric Fleureton arrive pour l’entraînement de natation dans le bassin de 25m du village vacances de Lamoura. Il y retrouve tous les athlètes du groupe France venus passer près de trois semaines à Prémanon pour y effectuer le premier stage d’une saison qui débutera en mars, en Australie. Patrick Dréano, entraîneur de Frédéric Belaubre est aussi au bord du bassin. Les entraîneurs personnels ont aussi été invités à passer voir leur protégé, " pour casser le mythe " justifie Frank Bignet, directeur des équipes de France.

A l’issue du dîner, tout le monde regagne le cinquième étage du Centre National du Ski Nordique. Dans le couloir, le pourcentage d’oxygène est celui de l’altitude de Prémanon (1200m), soit 18,3% (20,9% au niveau de la mer). De l’autre côté des portesd, de façon quasi imperceptible, un mécanisme d’extraction des molécules d’oxygène le fait descendre à 15,3%, soit l’équivalent d’une altitude de 2500m. Côté déco, on est loin de l’usine à gaz que l’appellation " chambre à hypoxie " pourrait laisser imaginer. Seul un petit tuyau très discret, un bac à chaux chargé d’absorber le CO2 libéré, un petit ronronnement de moteur et l’odeur propre à un endroit clos distinguent l’endroit d’une quelconque piaule d’étudiant. Au bout du couloir, la chambre 501, une salle de contrôle  avec au mur, un boîtier pour chaque chambre. Un simple bouton permet de modifier la teneur en oxygène et donc de varier à volonté l’altitude. " C’est ce qu’on appelle des stages high-low, décrypte Bignet. On vit en haut et on s’entraîne en bas. Les avantages de le faire ici sont nombreux. Pas besoin de faire trente minutes de voiture pour descendre dans la vallée faire des séances d’intensité. Si un athlète est malade, il n’a pas non plus besoin de quitter le stage et de rentrer chez lui. Il lui suffit de descendre d’un étage, de passer dans une chambre " normale " le temps de guérir. Il reste ainsi au sein du groupe et peut même continuer à s’entraîner. "

Physiologiquement, l’idée de ces chambres à hypoxie est de stimuler la production d’érythropoïétine, la fameuse EPO, présente de façon endogène dans le corps de chacun et dont l’augmentation du taux permet principalement d’accroître le nombre de globules rouges et donc l’endurance et la récupération. Les effets de cette préparation doivent permettre aux athlètes d’avoir un pic de forme trois ou quatre jours après la descente puis d’installer un plateau de forme deux semaines après le retour à la normal. Cet état peut durer de trois à six semaines selon les athlètes. Les études démontrent même une forme en théorie optimale au 21e jour après la fin du stage.

EPO, des initiales qui font peur et inévitablement associées à la notion de dopage. Depuis leur création, ces chambres à hypoxie ont ainsi nourri de nombreux fantasmes. Certes, la technique n’a rien de très naturelle. " Mais se mettre dans le canapé avec des appareils d’électro-stimulation pour se faire les abdos ou pour récupérer, ce n’est pas plus naturel, interrompt Bignet. Et les saunas pour éliminer les toxines ? S’enfermer dans une cabane en bois dans une température de 80° à un taux d’humidité très faible est aussi très artificiel. "

Du côté des athlètes qui doivent passer 15 heures dans leur chambre pour optimiser les effets d’un stage également destiné selon Bignet à " enclencher une dynamique de groupe ", les avis sont plutôt favorables. " La première fois, j’appréhendais un peu, se souvient Carole Péon qui effectue le quatrième stage de ce type. J’avais même fait un peu de cauchemar de claustro. Mais très vite on s’habitue. Quinze heures, ça peut paraître long. Mais dans n’importe quel stage, tu les fais tes 15 heures en chambre. Tu n’as à te préoccuper que de tes entraînements. Cela permet aussi de ce recentrer sur l’objectif sportif sans te disperser. Et puis le haut niveau, c’est l’individualisation de la préparation. On individualise l’alimentation, les séances d’entraînement, etc. L’adaptation à l’altitude est juste un autre paramètre que l’on peut désormais individualiser et optimiser. " Habitué aux stages plus traditionnels à Font-Romeu, à 2000m d’altitude, Fred Belaubre est lui aussi ravi de l’expérience. " Au début, j’étais un peu sceptique, confie-t-il. J’étais dans le débat de savoir si c’était naturel ou pas. Mais je suis ravi d’être venu. D’abord parce que je suis à la recherche d’un groupe d’entraînement pour me relancer et que l’état d’esprit a été formidable. C’était aussi vraiment intéressant de pouvoir comparer avec Font-Romeu. Ici, on entre tout de suite dans le vif du sujet. On peut tout de suite se rentrer dedans puisqu’on est à 1100m. Par contre, après, il faut se méfier du contrecoup de la récup effectuée à l'équivalent de 2500m. Mais ces chambres permettent une grande souplesse. Si t’es au bout du rouleau, il suffit de diminuer l’altitude. C'est facile. On a vraiment fait du bon boulot. "

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Grand maître de l’endroit et initiateur de ce projet, Laurent Schmitt se bat depuis pour chasser les fantasmes liés à la nature de la structure. " On a commencé à réfléchir à la question en 1999, éclaire-t-il. J’ai proposé de mettre en place ce système pour trouver une contre-mesure à toutes les techniques de dopage que je voyais dans le monde du nordique (transfusions, administration d’Epo etc). Suite à une première interdiction liée aux turbulences de l’Affaire Festina, nous avons lancé une grande étude. Le monde du sport et celui de la science ont parfaitement collaboré. Nous avons prouvé que ce n’était ni dangereux pour la santé, ni une pratique dopante. On peut monter le taux d’hématocrite de deux ou trois points et non pas passer de 47 à 63 comme avec des méthodes dopantes. Et puis s’il y avait un danger pour la santé, il faudrait alors interdire aux Parisiens de venir faire du ski en montagne. Car ce n’est ni plus ni moins que ça. " Depuis la validation de ce procédé notamment par le CIO et l’AMA, les athlètes de nombreuses disciplines se succèdent dans les vingt chambres de ce cinquième étage (1300 euros par chambre pour 18 jours). Ceux du pôle France de ski nordique basé au sein même de l’établissement. Mais aussi des cyclistes, des pilotes de rallye (l’équipe Mitsubishi en préparation pour le Dakar), des pentathlètes, etc. Dès leur départ, les triathlètes seront remplacés par l’équipe de France de canoë-kayak en ligne. " Nous n’acceptons que des athlètes appartenant aux groupes seniors des équipes de France et avec l’accord de leur DTN, explique Schmitt qui refusa il y a quelques mois d’aller communiquer son savoir aux entraîneurs et scientifiques chinois avant les Jeux de Pékin. Ils doivent aussi avoir un suivi médical à jour et subissent toute une batterie de tests. " Des footballeurs sont aussi annoncés pour les prochains mois.

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Un mot de squash pour saluer le nouveau classement mondial d'Isabelle Stoehr, l'une de mes sportives labellisées chouchoutes. Dans le ranking publié mardi, Isa pointe en effet au 10e rang mondial. Elle est donc la première Française à entrer dans le Top 10 planétaire. Et croyez moi elle le mérite. De l'avis de tous les spécialistes Isa, 29 ans, est sans doute l'une des joueuses les plus douées de sa génération. Avec désormais un physique en constante amélioration et un mental lui aussi croissant, là voilà parmi les meilleures. Et ce n'est sans doute pas fini ! Du côté des garçons, comme prévu après sa victoire la semaine dernière à New York, Greg Gaultier remonte au 3e rang tandis que Thierry Lincou reste 7e d'un classement toujours dominé par l'Egyptien Karim Darwish.

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Etant très amateur des comédies musicales, je ne pouvais évidemment pas manquer Cléopatre, le nouveau spectacle de Kamel Ouali au Palais des Sports, porte de Versailles, avec la belle Sophia Essaidi dans le rôle de la reine d'Egypte. Très sincèrement, je suis resté sur ma faim. Certes les chanteurs chantent plutôt bien, les décors et les costumes sont "luxueux", les chorégraphies sont pas mal mais il manqué quelque chose pour adhérer complètement. Il n'y avait simplement pas "d'âme". La fin du spectacle était d'ailleurs assez révélatrice avec une troupe qui semblait pressée que le rideau tombe pour rentrer chez elle alors que bien souvent, les artistes en réclament toujours plus. J'ai toujours préféré également les vrais orchestres dans une fosse que les bandes son. A mettre toutefois au crédit du spectacle, quelques beaux tableaux, une utilisation des trois dimensions uniques avec notamment plusieurs "chorégraphies" dans les airs. Mention spéciale aussi pour la chanteuse Dominique Magloire (rien à voir ni avec Miss Dominique ni avec Magloire) incontestable et légitime numéro 1 à l'applaudimètre.

Comédies musicales déjà vues : Starmania (4x + version lyrique) (++++), Emilie Jolie (++++, le coup de coeur), , Les Misérables (à Broadway, ouahh la frime !) (++++), Mamma Mia (+++), Le Roi Soleil (2x) (+++), Notre Dame de Paris (3x) (+++), Don Juan (2x) (+++), Chicago (++), Les dix commandements (2x) (++), Ali Baba (++), Chance (++), Les enfants du soleil (2x) (++ pour la sublime, divine, éblouissante etc etc... Shirel), Roméo et Juliette (+), I do I do (+), Autant en emporte le vent (+ pour les chorégraphies), Belles belles belles (+), Cléopatre (+), Le Roi Lion (-), Cindy (-), Hair (-), Hommage à Bob Fosse (-), Eléouléo (-), Les demoiselles de Rochefort (--), Le petit Prince (---), Gladiator (---), Freedom Opera Gospel (---), L'ombre d'un géant (---), et sans doute quelques-unes de plus que j'ai déjà oubliées.

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Opération commando Marathon des Sables

Lundi

Course à pied : 1h20 (footing lent)

Mardi

Course à pied : 1h30 (à jeun, sac à dos)