Bernard Kouchner s'est trompé de défense mercredi 4 février, contre les attaques du livre de Pierre Péan. A l'éventuelle exception de Martine Aubry et de Bernard Henri Levy, les soutiens sont principalement venus des rangs de l'UMP. Preuve que Monsieur K est effectivement devenu un boulet encombrant pour Nicolas Sarkozy et sa stratégie d'ouverture.
Kouchner clame une innocence, mais pas la bonne
Pierre Péan a rapidement répliqué, mardi soir puis mercredi matin, qu'il n'accusait pas le ministre des Affaires Etrangères d'activités illégales.
Quand le Figaro affirme qu'il "ressort du livre le sentiment d'une confusion des genres entre votre action humanitaire et votre position politique, souligné par le fait que vous auriez pu toucher de l'argent de la part de dirigeants qui ne sont pas parmi les plus recommandables", Bernard Kouchner s'exclame, comme sur Europe 1 la veille : "Sur ces deux points je démens formellement." Mais dans la suite de sa réponse, il ... ne dément en rien le propos de Péan relayé par le Figaro ! "Était-ce légal ? Oui. Était-ce public ? Oui. Était-ce déclaré ? Oui. Ai-je payé mes impôts ? Oui. Ai-je arrêté mes activités professionnelles une fois nommé ministre ? Oui". Plus tard, Bernard Kouchner confirme avoir expliqué au Président Bongo en mai 2007 qu'il ne pouvait plus continuer à travailler pour lui sur la sécurité sociale au Gabon. C'est exactement l'argument de ces accusateurs. La seule révélation de cette interview concerne les montants en cause. Péan affirme que les prestations facturées par les cabinets gérés par des proches de Kouchner aux Etats africains se chiffraient à 4,6 millions d'euros sur la période 2004-2007. Kouchner rétorque qu'il n'a touché que 6 000 euros par mois pendant 3 ans.
Pierre Péan n'est pas neutre
Le gouvernement, Fillon en tête, a fait bloc en faveur de Kouchner. Frédéric Lefebvre s'est porté au secours du ministre des Affaires Etrangères. Fidèle à ses techniques, il a attaqué l'accusateur plutôt que les accusations, en stigmatisant un "journaliste de gauche, voire d'extrême gauche". Le Figaro commentait sobrement (sic ! ): "Habitué à forcer le trait, le porte-parole Frédéric Lefebvre a accusé les socialistes de vouloir «faire la peau» au ministre des Affaires étrangères." La démarche de Pierre Péan n'est pas neutre. Primo, le journaliste défend de longue date une thèse de "double génocide" au Rwanda. Il est parvenu à accuser la France, et notamment Kouchner, d'avoir soutenu la cause Tutsie et le président actuel du Rwanda. pour les lecteurs qui auraient oublié les "évènements" rwandais de 1994, cette thèse de Péan est cocasse. Depuis 1994, la France a au contraire été régulièrement accusée d'être restée silencieuse et passive devant le massacre des dits Tutsies par les milices hutues. Un comble !
Sur un autre sujet, BHL a eu des mots sévères contre le journaliste : "Qu'est-ce que c'est que ces petits mecs qui viennent s'en prendre à quelqu'un qui a passé une vie d'engagement", s'est emporté le philosophe sur France-Info, aujourd'hui. "Christine Ockrent transformée en femme de ménages, Bernard Kouchner en incarnation de l'anti-France!" Martine Aubry a eu une réaction mesurée au premier abord, mais terrible pour l'actuel ministre : elle ne peut pas y croire.
Bout à bout, cette affaire est nauséabonde. Révéler une affaire publique, les relations commerciales d'un futur ministre des Affaires Etrangères avec des dictateurs africains est oeuvre de salubrité publique. Que l'auteur ait des arrières-pensées ne change rien au fond.
Une autre icone de la gauche reconvertie au sarkozysme, Eric Besson fait discrètement parler de lui. Le ministre de l'identité nationale a suggéré hier de proposer des titres de séjour aux sans-papiers qui dénonceraient les passeurs clandestins.
A quelques heures de l'intervention de Nicolas Sarkozy à la télévision, on vomit.&alt;=rss