Magazine
C'est la première fois que j'applaudis un spectacle sans faire de bruit. Non, je n'ai pas gardé mes moufles. Mais un spectacle de mime exige que l'on s'adapte un minimum. Déjà que nous n'avons pas ri en silence. Plus qu'un spectacle de mime, c'est un one man show inclassable que celui de Julien Cottereau, Molière de la révélation théâtrale en 2007. J'avais déjà remarqué son visage lunaire dans Haut les cœurs, aux côtés de Karin Viard, et son air ahuri dans le dernier film de Solveig Anspach, Back Soon. Le retrouver sur scène dans son propre univers fut donc un grand bonheur, un moment de grâce comme on en connaît peu. Un corps élastique comme le chewing-gum imaginaire qu'il mâchouille à l'envi, transforme en corde à sauter, en lasso ou en attrape-mouche, selon les besoins, un visage tendre, incroyablement expressif, et un don exceptionnel pour les bruitages, synchronisés à merveille sur les gestes gauches et hésitants des spectateurs qu'il débauche volontiers sur scène, quitte à prendre leur place dans le public. C'est désopilant, c'est émouvant. Il faut aller voir Julien Cottereau (il passe à Nantes samedi, puis reprend du service aux Bouffes parisiens), qui apparemment est manceau. D'après ma mère, nous avons partagé la même école primaire. Je suis née trois ans trop tard, si j'ai bien compté. Dommage, j'aurais bien aimé le croiser à la récré.