N°16 revue de projet

Publié le 04 février 2009 par Frogetech

156° jour

18h, dans les bureaux.

Grand chambardement dans la maison : la GRAAANDE séance d’approbation du projet se préparait.

Nos divers responsables ressemblaient à une bande de lapins lâchés en pleine nature à l’ouverture de la chasse. Ça courait dans tous les sens sans but précis, avec un seul objectif : se mettre les fesses à l’abri !

On sentait( !) qu’anticiper une rencontre avec les ogres directoriaux – réputés  pour leur caractère irascible – ne leur facilitait pas le transit intestinal.

En gros cette séance, destinée à clore la phase étude, devait passer en revue toutes les étapes du projet, histoire d’être certain que tous les risques étaient levés et qu’on pouvait passer à la phase suivante : la fabrication du produit.

En réalité, cela ressemblait plus souvent à une foire de tir aux pigeons.

Il suffisait d’ailleurs de voir le comportement de ceux qui devaient la mettre en œuvre :

- Dis donc, tu peux me préparer un slide qui détaille l’architecture du produit, la liste des points durs et un tableau de gestion des risques ?

- Pas de problème, je termine de fignoler la nomenclature et je m’occupe de toi.

- Heu ! Non, il me le faut pour ce soir, je l’intègre dans ma présentation pour la réunion de demain !

Voilà à peu prés le genre de situation. Sachant que ces demandes intervenaient généralement en milieu d’après-midi…

Le seul problème, si on peut appeler cela un problème, c’est que tout le monde voulait tout, et de suite. Et certains, usant de leurs privilèges de grade, ne se privaient pas pour accaparer une moitié d’équipe, une salle, et tenait le staff sous pression jusqu’à ce que le jus en soit extrait.

Sauf qu’il ne faut pas oublier une chose majeure, qui d’ailleurs prend la forme d’une lapalissade : le temps passé en réunion n’est pas passé à faire avancer les tâches allouées !

On ne peut pas dire qu’on n’y travaille pas, à ces réunions, non faut pas dire ça… mais qu’est-ce qu’on y paume comme temps.

Tiens, ça me donne même envie d’en faire une bonne parenthèse là, maintenant !

De toute manière, qui cela préoccupe de connaitre le fin mot de l’histoire sur cette satanée séance d’approbation de projet ?

On se doute bien qu’il a été approuvé, sinon que pourrais-je conter durant les prochaines semaines?

Aha ! Ouvrons la, cette parenthèse !

La réunionite aigue !

Définition : forme de maladie gangréneuse qui raccourcit insidieusement le temps de travail, amputant les heures plus vite qu’un officier chirurgien durant les campagnes napoléoniennes.

Personne ne peut le nier, comme ce passe-temps qui semblait si drôle au début (souvenez-vous des premières réunions auxquelles vous avez été – enfin – convié, après avoir tant bavé d’envie de voir les collègues y aller sans vous), est vite devenu pénible de lourdeur après quelques représentations. Les acteurs y déroulent toujours le même sketch, débutant par le traditionnel retard (the french touch), suivi par les ordinateurs qui refusent de démarrer, enchainant sur les déboires personnels du weekend, continuant par une redite maintes fois rabâchée sur le planning qui dérape, ponctué par les retardataires qui avaient oublié la réunion, puis monologuant sur des détails techniques qui passent au dessus de la calvitie de la moitié des présents, pour enfin se mettre en marche d’une manière ahurissante :

- Le dossier que tu devais me finir hier, ou en es-tu ?

- Ben, j’ai pas pu avancer, j’étais en réunion !

- Ca marche pas ça, faut t’organiser autrement !

- A part arrêter d’assister aux réunions, je ne vois pas comment !

- Ah non ! Ne dis pas une chose pareille. Comment veux-tu être informé sur le projet si tu ne viens pas aux réunions ?

Le genre de texte qui ressemble fortement à un échange entre deux comiques d’un théâtre de boulevard. Ce pourrait être drôle si ce n’était si tragique !

Le pompon revenant aux réunions multi-métiers, durant laquelle chaque responsable après l’autre détaille l’état d’avancement de sa partie. Observez l’assistance, et comptez le nombre de participants qui somnolent, absolument pas impliqués par ce qui se raconte. C’est certain qu’ils seraient plus efficaces à leur poste, mais en contrepartie ils seraient assurément moins reposés !

Si c’est avec ça qu’on veut améliorer notre seuil de rentabilité, faudra m’expliquer comment !

Refermons la porte de la salle de réunion – pardon ! De la parenthèse.