Dans un billet du 4 janvier 2009 (Arrêt des soins prodigués à une personne en état végétatif), Combats pour les droits de l’homme rendait compte de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme sur l’affaire Eluana Englaro (voir wikipédia), cette jeune femme victime en d’un accident de voiture qui la laissa dans un état végétatif. Son père a affiché la volonté qu’on lui ôte son système d’alimentation artificielle.
Beppino Englaro assure, témoignages à l’appui, que sa fille n’aurait jamais accepté de continuer à vivre alimentée par une sonde.
Après dix ans de combat judiciaire, la requête ayant été finalement acceptée par le Cour de Cassation de Milan en octobre 2007, les opposants à l’euthanasie avaient saisi - en vain - la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH, 16 déc 2008, Ada Rossi et autres c. Italie).Cette affaire a fait l’objet en Italie d’une controverse importante. Le Vatican a encore exprimé ces jours-ci son refus ferme de cette décision. De nombreuses manifestations se sont produites dans toute l’Italie.Le 21 janvier 2009, à la demande de sa famille, le tribunal administratif de Milan a annulé une décision de Lombardie qui avait interdit par ordre administratif au personnel de santé de la région de suspendre l’alimentation d’Eluana Englaro.
Le débat a été ravivé ces derniers jours. Le pape Benoît XVI a souligné dimanche que l’euthanasie est une “fausse solution au drame de la souffrance” et qu’il s’agit d’un acte “indigne de l’homme”.Comme les médias français l’ont évoqué ces jours-ci Eluana Englaro a été transférée à l’aube du mardi 3 février 2009 à la clinique “la Quiete” (La tranquillité) d’Udine (nord-est), où des médecins “suspendront son alimentation après avoir procédé pendant trois jours aux vérifications nécessaires”, selon son neurologue Carlo Alberto Defanti.
L’établissement d’Udine avait annoncé en janvier qu’il était prêt à accueillir Eluana Englaro, malgré les pressions de l’Eglise, du Vatican, du gouvernement de centre-droit de Silvio Berlusconi et de responsables politiques régionaux.
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- v. Euthanasie : le cas d’Eluana divise encore l’Italie, Le Monde.Fr avec AFP et Reuters, 4 février 2009
- Italie: L’euthanasie divise toujours , Courrier international, 4 février 2009
- On trouve aussi des centaines de vidéos sur you tube .
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 06 février à 10:57
Lettre de soutien à Monsieur Beppino Englaro.
Monsieur, nous vous adressons toute notre sympathie et vous assurons de notre soutien dans votre démarche pour libérer votre fille de la prison de son corps. Par amour pour Eluana, vous bravez avec dignité et détermination l’adversité. Ceci vous honore et donne la juste mesure de l’abnégation dont vous faites preuve à son égard. Nous avons traversé les mêmes épreuves que les vôtres et savons les souffrances infligées aux corps de nos enfants. Notre pays, la France, s’est dotée en avril 2005 d’une loi qui porte le nom de son auteur : « la loi Léonetti ». Celle-ci permet d’arrêter l’alimentation et l’hydratation dans des cas de coma végétatif irréversible ou en phase finale de maladies incurables à la demande réitérée des patients. La loi prévoit parallèlement un accompagnement palliatif en attendant la survenue de la mort. Nous avons demandé son application au cas notre fils Hervé, qui était dans un coma végétatif irréversible pendant 8 ans ½. Après 14 mois de combat pour vaincre les réticences des médecins notre requête a abouti. Notre fils est décédé au bout de 6 jours d’agonie atroce, sans aucune sédation, car les médecins ont eu peur qu’il meurt trop rapidement et craignaient des poursuites judiciaires. Ainsi, cette loi, constitue une avancée, mais porte en elle le germe de tel drame humain. En effet, l’euthanasie est interdite en France et la frontière entre le licite (laisser mourir) et l’illicite (faire mourir) est très ténue. Le coma végétatif irréversible n’est ni la vie, ni la mort, ni le repos du corps soumis au rétrécissement du squelette, aux escarres, aux suffocations et aux régurgitations permanentes. Cela ne peut être la volonté de Dieu, car Dieu est amour et, si sa volonté avait été respectée, nos enfants seraient morts dans la paix de l’âme depuis longtemps. Cette torture est due aux progrès de la technologie médicale non accompagnée de prise de conscience éthique, à l’intégrisme des 3 religions monothéistes et à l’aveuglement des donneurs de leçons. Nous vous sommes reconnaissants, Monsieur, de contribuer par votre pugnacité à instaurer le débat sur l’euthanasie dans votre pays et au-delà des frontières de l’Italie. Très cordialement, Paul et Danièle.