Ainsi, parce qu'il y aurait eu une douzaine de visiteurs en plus au musée du Louvre et que les sentimentales foules se soient ruées en masse sur les Chtis et aient léché les Picassouilles du Grand Palais, la crise se dissoudrait dans la culture ainsi qu'un sucre dans le café. Le Président de tous les Français veut ressourcer les têtes de l'art, grand tome qu'il est. Et mécène avec ça ! Dans tous les bars de France où la culture se résume au Maillon Faible (fiable ?) ; dans toutes les alcôves blogueuses où la culture se résume à quelques films vus et quelques musiques entendues ; dans toutes les revues culturistes qui bodybuildisent le cerveau avec des tonnes de nouveautés sur le tapis roulant de l'hyper-consommation on se moque, on tance. L'hyper-président fait sa révolution culturelle : le crédo cultuel est que s'il faut administrer un remède au nihilisme post libéral, c'est bien en administrant ce cheval à mille (mille ?) têtes qu'est l'hydre de la sphère artistique. L'arrhe pour l'art : c'est brillant comme songe creux. C'est donc un des nouveaux chantiers de cette République mercanteuse que d'investir mécènement dans le futile aussi insaisissable fût-il. La religion de la culture comme un purgatif à la trouille de la fin du monde, un refuge d'altitude face aux séismes économiques et sociaux qui se profilent. Au futur proche : Picasso 2 : le grand pas laid ; les Chtis 2 ..C'est Malraux qu'on assassine. La culture n'est sans doute pas de la consommation : ça, c'est une version bourgeoise de la chose et ce n'est surtout pas un joueur de flûte populiste que les moutons suivraient. Quel manque de culture dans tout ça !