France - Un réchauffement climatique abrupt durant une phase d'expansion forestière peut augmenter les feux de végétation. C'est ce que vient de démontrer une équipe internationale de chercheurs incluant un membre du CNRS, dont les résultats donnent de précieux renseignements sur la possible évolution des feux de végétation dans les années à venir.
Les chercheurs ont analysé la variation des feux de végétation en fonction des changements climatiques survenus entre 13 000 et 11 000 ans avant nos jours. Cette période est en effet caractérisée par des changements environnementaux de très grande amplitude, comme il s'en profile aujourd'hui. Ils ont restitué l'histoire des incendies survenus entre - 15 000 et - 10 000 ans à partir d'enregistrements de charbon de bois sédimentaires. Grâce à l'étude des pollens fossilisés, ils ont pu mettre en évidence l'accroissement important de la biomasse végétale au cours du réchauffement climatique de la fin du Dryas Récent (période de refroidissement datée d'environ 12 900 à 11 700 avant nos jours). Des liens manifestes ont alors été établis entre ces deux données.
La combustion de la biomasse a augmenté graduellement jusqu'au début du Dryas Récent. Bien que des variations de l'histoire des incendies soient enregistrées entre 12 900 et 11 700 avant nos jours, aucune tendance générale n'a été mise en évidence à cette époque. Il y a en revanche un accroissement rapide des feux de végétation après la fin de ce Dryas Récent vers 11700 avant nos jours, c'est-à-dire au tout début de la période climatique chaude, dite Holocène, dans laquelle nous vivons encore à l'heure actuelle. Cette chronologie des changements de fréquence des feux ne coïncide pas avec l'émergence démographique de sociétés humaines, ni même avec la chronologie de l'extinction de la grande faune d'herbivores en Amérique du Nord, et encore moins avec l'hypothèse d'un bombardement de météorites, trois facteurs pouvant agir sur l'éclosion et la propagation des feux à grande échelle.
Cette étude est la suite logique d'une autre étude publiée dans Nature Geoscience en octobre 2008 et montrant que le climat était un moteur naturel du régime d'incendies au niveau planétaire durant les siècles qui ont précédé le début de l'ère industrielle.
Ces recherches laissent supposer que le réchauffement planétaire en cours, particulièrement sensible dans les latitudes tempérées et boréales, et l'expansion des forêts résultant d'une déprise agricole (abandon de longue durée ou définitif des terres agricoles, ndlr) importante dans les régions industrialisées pourraient favoriser la propagation d'incendies contrôlés par le climat et induire de nouveaux risques sociétaux et environnementaux.