La coréo-canadienne Jin-me Yoon traverse les villes en rampant. Vêtue d’une combinaison noire et parfois d’une cagoule, supportée par une petite planche à roulettes sous son ventre, elle parcourt les rues de Séoul et de Beppu au Japon, le nez sur le bitume. Un micro enregistre les bruits de roulement, de pas autour d’elle, ses assistants la protègent discrètement de la foule et des voitures.
L’oeuvre n’est pas la performance elle-même à laquelle on pourrait assister, mais une série de vidéos, les unes sur grand écran,
d’autres sur de petits téléviseurs au sol qui imposent l’accroupissement, la même proximité du sol peut-être. L’artiste est vulnérable, fragile dans cet environnement urbain, menaçant, difficile; elle va au bout de son périple, sans doute épuisant, armée comme pour un combat, pour une lutte vitale. On est mal à l’aise devant cet insecte noir rampant, devant ce corps de paria, de mendiant, de SDF qu’on ne regarderait même pas. On en ressort troublé (Passages through Phantasmagoria au Centre Culturel Canadien jusqu’au 6 mars).