Presse québécoise : un bras de fer s’engage sur le net

Petit tour chez nos voisins québecois. Au Québec, il y a aussi le Arnaud Lagardère de la presse, il s’appelle PKP Pierre Karl Péladeau et dirige Quebecor. Fondé par son père, “l’Empire Péladeau” compte des chaines de télé [LCN, Réseau TVA,...] des journaux[Toronto Sun, 24 heures,...] ou bien encore le site portail Canoë, ou le réseau de magasins Archambault (Fnac à la québecoise). Quebecor détient aussi deux quotidiens régionaux : le Journal de Montréal et le Journal de Québec.

Après une grève de ce dernier, longue de 14 mois, c’est au tour aujourd’hui du Journal de Montréal d’être en conflit avec Quebecor. Avant Noël, les relations employés-patrons commençaient à se compliquer, la convention collective prenant fin le 31 décembre 2008. Les négociations en vue de la conclusion d’un nouveau contrat de travail ont été suspendues dès fin décembre. Impossible de s’entendre entre les employés et les dirigeants. En cause : Quebecor réclame le licenciement d’environ 75 employés du journal, l’élimination du service de la comptabilité, des diminutions de salaire de 25 % pour le personnel des petites annonces, une augmentation de 25 % de la semaine de travail sans rémunération additionnelle, une réduction de 20 % des avantages sociaux pour l’ensemble des travailleurs et des conditions inférieures pour les nouveaux employés.

Les négociations n’ayant pas aboutis, la direction du Journal de Montréal a décrété un lock-out contre les 260 employés. Qu’est ce qu’un lock-out ? Une fermeture provisoire du journal. En deux mots, mettre à la rue les employés.

Mais les journalistes n’ont pas eu envie de se laisser faire comme ça. Et le syndicat, riche, à les moyens de faire grève. Ils ont lancé il y a quelques jours le site RueFrontenac.com, un site d’information générale par lequel les journalistes veulent notamment montrer qu’ils n’ont pas peur du passage au web.

Pour répondre à l’offensive du syndicat, Quebecor propose maintenant le site lheurejuste.ca pour raconter sa version du conflit. ” Par souci d’exactitude et parce que l’avenir du Journal de Montréal nous tient à cœur, nous avons décidé de proposer une autre perspective sur ce dossier en mettant à votre portée un ensemble de documents qui, nous l’espérons, sauront vous intéresser. Voici donc, sans artifice, une façon de vous donner l’heure juste.” L’idée : démonter chaque affirmation que fait circuler le syndicat. “La direction du Journal de Montréal veut couper dans la qualité de l’information.” Et hop, un clic sur le bouton magique “l’heure juste” et Quebecor vous donne sa version des faits : ” C’est totalement inexact. Au contraire, le Journal de Montréal n’a aucun intérêt à réduire la qualité de l’information dans un environnement toujours plus compétitif et où le contenu est roi.” Très bonne outil de communication. L’internaute peut même y retrouver les explications des grands dirigeants comme PKP himself ou Lyne Robitaille l’éditrice du Journal de Montréal.

Le débat s’est installé sur la toile. À suivre…

En France, nous pouvons évoquer le blog des salariés de Radio France Internationale “RFI Riposte” ouvert le 19 janvier après l’annonce de 201 suppressions d’emploi. Bon, entre les lettres ouvertes, les compte-rendus et les communiqués de presse, il faut avouer que ça manque un peu de vie, loin de la vidéo de Rue Frontenac. Peut-être verrons-nous aussi un jour un site/blog tenu par le tandem Pouzilhac-Ockrent pour nous expliquer leur version des faits.