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Une réflexion sur l’unité, les alliances, les communistes, le deuil et la visée révolutionnaire.

Publié le 04 février 2009 par Lalouve
Réponses sur certains points à un camarade qui me reproche,entre autre, par courrier privé, de "taper à bras raccourcis sur le PCF après avoir tapé sur le PS".

Une réflexion sur l’unité, les alliances, les communistes, le deuil et la visée révolutionnaire.Je ne tape pas à bras raccourcis sur le PCF.

On ne peut pas comparer ce qui m’anime à l’égard du PS et ce qui m’anime à l’égard du PCF. C’est trop réducteur, c’est inexact. Ce n’est pas comparable. Ni dans le fond, ni dans la forme.

Je ne peux pas dire maintenant tout ce que j’en pense ( cà dans sa complexité et pas seulement en négatif) les sentiments et les réflexions mélangés qu’il m"inspire, tout ce que j’ai envie d’en écrire, d’écrire de ma petite expérience ( forcément un avis personnel) et que je n’écris pas, justement par respect pour de nombreux/ses camarades valeureux/ses qui se croient encore obligés de ne militer qu’au sein de cette structure, qui ne voient là que le seul horizon, qui voyagent avec l’œil collé au rétroviseur et pas en regardant la route devant.

Parce que je ne veux pas me tromper de combat non plus ; au fond, sur ce que je ressens, je pense que certains seraient étonnés. Mais la vérité c’est que le Parti que j’aime n’est pas le parti réel. Je dois reconnaître qu’il s’agit d’un parti fantasmé qui n’existe plus. C’est l’image de ce dont j’ai du faire le deuil pour pouvoir avancer.

Alors, oui, de mon point de vue, le PCF est fini en tant que parti communiste (et je ne cache pas ce point de vue) et je pense, pour l’avoir analysé ainsi lors du dernier congrès et jusqu’à preuve contraire (preuve contraire que l’on ne m’apporte pas et pour cause - on ne peut pas me l’apporter), que les conditions et les forces nécessaires à sa révolution interne ne sont pas réunies (et ne pourront pas l’être) - MAIS ce n’est pas un désir de ma part, c’est un constat. Et il ne me fait pas rire.

Son extinction a commencé dans les années 50. Elle est lente mais elle est inéluctable, car le PCF reste profondément un parti de la IIIé internationale, or, la IIIé Internationale est morte.

Force est de constater que malgré tout ce qui a pu être dit par certains hiérarques de ce parti , le PCF est en train d’agoniser d’un stalinisme dont il n’a jamais voulu/pu se défaire.

Pourquoi? Parce que celles et ceux qui auraient été à même de l’en sauver ont été liquidés ou contraints au départ. Que dans ceux qui sont restés, il y en a beaucoup trop qui pensent que le stalinisme n’existe pas, ou plus.

Bref il y a des tas de choses à dire là dessus et je comprends qu’on n’ait peut être pas envie de les entendre - c’est dommage, car personne ne peut gagner au déni, personne ne peut avancer en refusant un bilan critique. Surtout pas un communiste. Mais je comprends.

Bcp de camarades du PCF ont des attachements à ce parti que je ne peux pas avoir...mais que je comprends, là encore.

Ne serait ce que parce que pendant un temps le PCF a lavé l’honneur souillé des ouvriers et des prolétaires....il nous a représentés vraiment , il nous a donné de si belles choses, il nous a permis à nous d’obtenir de si belles victoires, construites par nous pour nous...

Il nous a fait rêver oui.

Là encore, c’est une question de deuil qui ne veut pas se faire, celle d’un amour mort. On ne dira jamais assez à quel point un des moyens du stalinisme a été de jouer sur l’affectif (dans toutes ses composantes) et sur l’irrationnel.

Mais ce sont des débats qu’il faudrait avoir de vive voix.

Une réflexion sur l’unité, les alliances, les communistes, le deuil et la visée révolutionnaire.
Cependant, mon silence relatif par rapport au PCF implique t il que je le soutienne? Que j’applaudisse à la nocive politique électoraliste et petit bourgeois de sa direction? Que j’encourage cette même direction à assassiner ce qui reste de communiste au PCF?

Et bien non.

Faut pas exagérer. Voir le Parti s’acoquiner avec celui de JL Mélenchon par exemple , "par en haut" ça ça me rend malade. Notamment parce que les alliances d’appareil par le sommet ça m’a tjs rendue malade.

Mais bon. Ce n’est plus mon parti. Ça , c’est vrai. Ça ne m’empêche pas de dire ce que je pense aussi de ce monsieur (marrant, vous êtes tjs prêts à me reprocher mes 5 ou 6 ans au PS, mais ses 30 piges à lui ne semblent pas vous gêner outre mesure...)

Maintenant, il me semble que c’est aux militants qui sont restés au PCF de se demander s’ils veulent vivre en vase clos ou participer au mouvement, y compris en restant au PCF ! Je ne pose pas comme préalable à la valeur des uns ou des autres le fait qu’ils soient au PCF ( ni même au PS ou à la LCR ou nulle part)...

Mais bien sur, c’est toujours facile de faire des caricatures et de fonder ses jugement sur des ragots ou des discussions de "comptoir". Donc je laisse à ceux qui veulent la faire de moi, le soin de la faire et d’y croire.

Une réflexion sur l’unité, les alliances, les communistes, le deuil et la visée révolutionnaire.
Le camarade me demande quand "je serai satisfaite"....La question de savoir "quand je serai satisfaite" a une réponse simple il me semble, et qui devrait être la nôtre à nous tous :

je serai peut être satisfaite quand nous aurons fait la révolution et qu’elle sera victorieuse pour notre classe et la majorité du peuple. Ici et dans le monde. Sans ignorer que c’est là que le plus difficile commencera.

Tiens, êtes vous satisfaits? Êtes vous contents? Trouvez vous que nous (le mouvement dans son ensemble, les prolétaires, les partis et syndicats en particulier) allions tjs dans le bon sens? Si oui tant mieux pour votre confort personnel - je ne cache pas que je préfèrerais largement moi aussi être "satisfaite".

Mais est ce que Lénine était satisfait? Est ce que Luxemburg était satisfaite? Est ce que Castro est satisfait? Évidemment je prends des exemples célèbres non par immodestie (je ne me compare pas, mon outrecuidance ne va pas jusque là) mais parce que c’est plus simple pour situer...

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Il ne faut pas confondre les critiques dures, acerbes, avec de la haine. Il serait bien de se défaire de la vieille rhétorique selon laquelle le parti c’est la classe, et donc, les ennemis du parti sont des "ennemis de classe"....

Le camarade dit qu’il faut savoir s’arrêter de critiquer pour faire du chemin ensemble.

Je réponds non.

Celles et ceux qui disent "vouloir vraiment" l"union, l’unité, doivent AUSSI admettre comme absolument nécessaire la libre critique de tous ,entre tous les membres . Donc l’union oui et obligatoirement, les alliances, si on veut la victoire, mais pas celles du veau et de la botte de paille, et certainement pas sans droit à la critique.

C’est comme dans un couple tiens ! L’amour, le respect impliquent ils que l’on dise tjs "amen" à ce que dit sa femme ou son mari? Est- ce que vous n’avez pas de profonds désaccords qui cependant ne vous empêchent pas d’avancer, de rester ensemble, voire, de vous aimer?

Ceux qui se servent de cet argument ("il ne faut pas tuer l’unité par des critiques") pour exclure ceux qui critiquent, d’un mouvement unitaire, sont des menteurs.

Non, ils ne veulent pas l’union, l’union entre égaux , qui se respectent dans leurs diversités, qui assument leurs points de vue respectifs !

Ils veulent la soumission à leurs objectifs. Ils veulent l’absorption des forces révolutionnaires et leur contingentement ,leur cloisonnement dans une position sociale démocrate. Capitaliste. Bourgeoise.

Ils sont encore dans le révisionnisme stalinien de l’union, de l’union entre forces du sommet contre la dictature prolétarienne.

Ce sujet-là, c’est un sujet fondamental sur lequel il nous faudra bien revenir aussi, tiens.

Ce jour où Marchais a fait ce coup de force dans le Parti, en utilisant les médias bourgeois CONTRE les communistes du PCF, ce hold up démocratique, pour effacer de nos tables ce concept essentiel de la dictature du prolétariat ,en réalité, de la démocratie prolétarienne, contre la dictature bourgeoise, ce jour sombre pour le communisme en France...

Oui, je suis extrêmement méfiante car l’heure est aux grandes récupérations et donc, aux trahisons. Relire ce que décrit Marx de 1848 à 1851 dans "Le 18 brumaire"....Relire cette superbe analyse de la trahison des révolutionnaires de l’époque par toutes les forces "présentables" de la bourgeoisie...

Alors non,

PAS DE "COMPROMIS HISTORIQUE" POUR "LA NATION" (qui cache le capitalisme protectionniste) ET PAS d’ALLIANCE avec la bourgeoisie, grande ou petite, quel que soit son visage, au prétexte que notre objectif serait UNIQUEMENT et EXCLUSIVEMENT "Tout sauf Sarkozy".

Ce n’est pas le prolétariat qui doit se soumettre à ces forces contraires, opposées au socialisme. C’est exactement le contraire. D’autant que ces forces là ne pourront pas "se sauver" sans NOUS.

Alors, "Tout sauf Sarkozy" ce n’est pas mon objectif. Ou plutôt, ça ne doit pas être notre objectif EXCLUSIF à nous communistes.

Mon objectif c’est évidemment de faire tomber Sarkozy et son gouvernement, MAIS compte tenu de la période que nous allons traverser, c’est également -et surtout- de pousser au maximum nos avantages et nos coups, qui prépareront la révolution socialiste et donc, de tordre le cou AUSSI aux opportunistes "de gauche".

La question n’est pas de choisir entre Sarkozy ou Royal ou Aubry ou Bayrou ! Ni même Mélenchon d’ailleurs (la vacuité du "programme" du PdG est quand même assez manifeste il me semble?).

La question pour moi est une question de projet politique. De projet politique qui puisse amener les travailleurs, les citoyens les plus exploités, à un véritable changement de société.

Et ce projet politique qui appellera "un chat un chat" est le seul rempart contre un danger qui nous menace vraiment, immédiatement, outre une paupérisation massive, celui d’une possible révolution fasciste.

Ah j’en vois qui pensent que, une fois supprimé Sarkozy , cette question sera réglée, et j’en vois aussi que ça fait rigoler.

Et bien attention, sans vouloir jouer les Cassandre, ça peut arriver bien plus vite qu’on ne le pense.

Ne pas envisager sérieusement cela et son "pourquoi et comment", c’est vraiment sous estimer l’ampleur de la crise mondiale que nous allons connaître.

Attendez ! Le pire est à venir. Hélas.

Et regardez en Allemagne la résurgence des journaux néo nazis, regardez en Grande Bretagne des ouvriers anglais qui manifestent contre la présence d’ouvriers italiens, espagnols...

Regardez en Espagne aussi, comme on nous joue bien la sérénade de "l’unité nationale", du "retroussons nos manches, tous ensemble, tous ensemble" !

Pour moi, l’exemple de ce que je défends comme possibilité, pour nous, ici, c’ est Lénine, sur ce point (non pas que je le déifie ou que je ne jure que par lui mais ce grand bonhomme a fait et écrit un paquet de choses fulgurantes et avisées, dont "juste" une révolution, quand même).

L’unité, les alliances, oui (sur des bases de classe, le plus possible) mais pas sans la critique, la liberté d’expression, le débat, même vigoureux, même violent, y compris (et surtout) dans les moments paroxystiques de la lutte des classes.

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Autre point : l’analyse ou le bobard selon lequel je serai passée "du PS au NPA via le PCF" est simpliste et fausse.

Je ne suis pas au NPA, je n’ai pas l’intention d’y aller. J’ai mes raisons et je ne suis pas obligée de "laver mes culottes sur la place publique", que je sache? !

Est ce pour autant que je dois cracher sur ce parti? En quoi aujourd’hui est il pire ou moins respectable que le PCF ou le PDG? C’est un élément d’une alliance. Alliance qui est nécessaire. Il y a dans ses rangs des gens estimables et éclairés. Comme partout.

Voilà tout. (J’ajouterai que, sauf à être maso’, je respecte qui me respecte).

L’avantage de mon parcours, ce parcours qu’on se plait tellement à me reprocher, est paradoxalement qu’il est plein d’erreurs, que je suis en train de le vivre et que je montre ce cheminement, publiquement, que j’essaie d’apprendre de mes erreurs et que j’essaie (peut être à tort) de faire en sorte que ces erreurs ou tâtonnements aient une portée didactique pour les autres.

A mon grand regret, à ce jour , ma conclusion (non définitive) est qu’il n’y a plus/pas de parti communiste en France (ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas de communistes, voire même que bcp soient encore au PCF ou à la LCr ou à LO) et qu’il est à créer.

D’urgence.

"Bizarrement", aucun des soi disant "leaders de gauche" n’a ce projet , pourtant crucial, me semble t il, d’autant que s’ouvre à nous un boulevard de rêve pour le faire. Pourquoi? Jusqu’à quand?

Je n’en vois pas l’ombre de la queue d’un à l’heure actuelle. Je n’irai donc plus "vendre mes forces" ( celles de tout militant) à des "chapelles" (même la moins pire) donc aucune à ce jour ne met le doigt là où ça fait vraiment mal : la propriété privée, ET la conception prolétarienne de la démocratie et du citoyen.

Une réflexion sur l’unité, les alliances, les communistes, le deuil et la visée révolutionnaire.
"Tu ne seras jamais heureuse nulle part" me dit encore ce camarade : c’est drôle de poser le débat en ces termes.

Le but d’un révolutionnaire est il d’être "heureux" dans un parti? Et bien pour moi, non. Il faut qu’il y soit libre, respecté, et que ce parti ou rassemblement lui permette d’employer ses forces au meilleur escient possible, entre autre.

Mais je suis plus heureuse y compris avec mes camarades qui sont restés au PCF, depuis que j’ai quitté le Parti, même si cela m’a retourné le cœur en raison de ce que ce choix signifiait.

"Le monde ne s’est pas fait en un jour, ni même en 1 an.Alors, avec la diversité que nous connaissons à gauche aujourd’hui, il va falloir ramer dur" me dit enfin ce camarade.

Ok avec lui - mais on n’emprunte pas les mêmes chemins...

Quant à la diversité "à gauche" elle est factice si on veut bien creuser. Factice parce que ce qu’on appelle encore "la gauche " n’est plus défini par rien. Factice parce qu’il y a dans ce mythe de "la gauche" des tas de gens qui n’ont plus rien à y faire.

Tout cela pose la question du renouveau de la conception de l’unité et des alliances pour les communistes, au fond. Je dirais juste que quand on est communiste on est unitaire par nature, par essence même. Mais ma définition de l’unité n’est pas celle qui prévaut depuis le stalinisme, pour résumer.

Encore une fois ceci est un vaste débat mais je ne suis pas convaincue qu’on puisse l’avoir sereinement par écrit et encore moins avec des gens qui souhaitent avant tout "ma tête" coute que coûte , plutôt que faire avancer le mouvement et la renaissance communistes.

Salutations militantes.


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