Ce tableau d'un format plus petit que la moyenne des peintures du Greco (96,5 sur 71,4 cm) est fascinant à plus d'un titre. Tout d'abord on notera la pleine utilisation du fameux "bleu électrique" du Greco avec ces étoffes soyeuses, brillantes, surnaturelles ainsi que le ciel aux nuages bleus / gris filiformes et tourmentés. Mais surtout, le plus frappant est la géométrisation des deux modèles, la Vierge et Élisabeth, deux corps dont les drapés dessinent un espace presque abstrait. Ce tableau est d'une audace de composition incroyable pour l'époque et annonce de façon fulgurante les grandes compositions abstraites qui ne surgiront que... trois cents ans plus tard !
On a reproché au Greco d'avoir "banalisé" la Vierge, en la plaçant au même niveau qu'Élisabeth, ce qui était considéré comme presque blasphématoire à l'époque. Le Greco en aurait beaucoup souffert, ayant toujours été très croyant.
Je vous laisse méditer sur ce tableau unique qui appartient au Dumbarton Oaks Museum, à Washington.