Jean-François Couvrant sur son blog déchiffrage s'est demandé pourquoi Christine Lagarde s'était empressée, le 29 janvier, de publier un rapport au sujet des heures supplémentaires réalisées en 2008 ? Bonne pioche.
En effet, c'est une excellente question. Le chiffre des heures supplémentaires réalisées en 2008 ne sera publié par l'Acoss que le 20 février; alors pourquoi publier une simulation trois semaines avant de connaitre le chiffre définitif au titre de l'exercice précédent ?
Premier élément de réponse: c'était une manoeuvre destinée à saturer d'informations les médias afin d'atténuer l'impact de la grève générale dans la presse. C'est classique, ça ne mange pas de pain et ça marche toujours. Cette information était donc un volet de la stratégie gouvernementale destinée à fournir de l'info "à tout prix" le 29 janvier, c'est insidieux mais cependant légitime.
Cette stratégie a été payante puisque le Figaro a titré: Le succès de la loi sur les heures sup. Deux chiffres étaient révélés dans cet article, le nombre d'heures sup' en 2007: 730 millions et celui de 2008: 750 millions.
Sur les trois premiers trimestres 2008, nous trouvons dans le rapport qu'il y'a eu 540 millions d'heures réalisées.
Pour égaler le nombre d'heures sup' réalisées en 2008 vis-à-vis de 2007 il aurait donc fallu déclarer 190 millions d'heures sup' au quatrième trimestre. Cela aurait été un record absolu, au moment même ou l'économie détruisaient environ 50000 emplois par mois. Or le ministère des finances ne prévoit toujours aujourd'hui, en étant optimiste cela va sans dire, que 180 millions heures au titre du dernier trimestre. Diantre, le compte n'y est pas, puisque même avec ce chiffre peu crédible de 180 millions nous en sommes toujours à 720 millions.
Deuxième élément de réponse: jean François Couvrant s'est rendu compte que les services de Christine Lagarde ont intégré en plus des 720 millions, 30 millions d'heures du monde agricole pour arriver aux 750 millions.
Le seul détail qui fâche est que cet ajout de 30 millions d'heures modifie la méthodologie de calcul. En effet, celui-ci ne se fait plus à iso-périmètre et rend donc caduque la comparaison des deux chiffres.
Le rubicon a été allègrement franchi par Le figaro. Le quotidien a même ajouté sa touche en qualifiant la loi Tepa de succès. C'est pile-poil le contraire de ce qui devait être communiqué.
En effet le coût pour l'état de la mesure Tepa au sujet des heures supplémentaires à été de 4.4 milliards pour 2008, pour un nombre d'heures supplémentaires inférieur à celui de 2007.
Cette loi, au sujet des heures sup' aura donc été non seulement un fiasco, en effet le motif initial était de relancer l'économie grâce à ce volet soit-disant social. Social, le mot est un peu dévoyé puisque l'on apprend également dans ce rapport qu'au premier semestre 2008, un salarié agricole a travaillé 29 h en moyenne par semaine, heures sup' incluses.
Ce qui est grave dans cette affaire, ce n'est pas tant la bavure du Figaro qui n'en est pas à sa première bourde sur ce thème; ce quotidien de Dassault n'a de toute façon plus aucune crédibilité actuellement. Ce qui pose un vrai problème, c'est cette volonté délibérée et assumée de Christine Lagarde de tromper l'opinion en la manipulant dans l'optique seule de créer de l'information à la demande de l'Elysée.
Cette manipulation de l'information est d'autant plus flagrante que tout les éléments sont à disposition sur internet. Une heure de recoupage de l'information aurait été nécessaire, avant diffusion, pour démasquer de la supercherie. C'est précisément ce recoupage "de base" qui manque à nos médias actuellement.
Un beau titre fantoche