J’aimerais savoir si tu me lis.
Je fais comme si.
J’aimerais savoir si tu m’aimes, aussi.
Je fais comme si.
J’aimerais que mes mots te troublent.
Le font-ils ?
Claire avait décidé que plus rien n’était grave. Elle jetterai ces phrases sur la toile, vers lui. Elle cliquerai avec force sur la touche « départ ». Le sort en serai jeté, une fois pour toutes, son sort à elle, sa décision à lui.
Elle n’en pouvait plus d’avoir froid, de l’attendre, d’espérer l’éclat de ses prunelles, de grappiller des miettes de lui. Elle n’en pouvait plus du manque.
Elle n’avait pas peur. Elle se savait capable d’assumer le regard des autres, les médisances, les ennuis. Elle avait le dos solide. Il ne fallait pas se fier à ses bras frêles.
Claire avait décidé que tout valait le coup, à nouveau, et tant pis pour ce qui se fait ou ne se fait pas, tant pis pour les cris.
Elle se planterai devant lui, les jambes tendues, l’obligerai à répondre, douterai d’elle, aurai le trac. Beaucoup.
Elle n’en pouvait plus du silence, de ces moments d’intimité pressante, de ces frôlements inutiles. Elle n’en pouvait plus de la patience.
Elle n’avait pas peur. Elle se savait capable d’assumer le bonheur, la folie d’un amour partagé, l’étourdissement de sa peau. Il ne fallait pas se fier à ses mèches sages.
J’aimerais savoir si je suis celle…
Je fais comme si.