Finalement, où en sommes-nous, aujourd'hui, dans ce qui se nomme démocratie représentative ? Non seulement, ce type de régime (capitalo-parlementariste, pour reprendre le mot de Badiou) montre à chaque instant ses errements mais, de plus, et du fait même de ses principes, se pare peu à peu d'un autoritarisme en costume, en sa surface. Chacun le voit, le constate, le sent, l'appareil d'Etat, avec l'aimable concours de la marchandise décomplexée, tend à réduire chaque jour les possibilités de questionner sa nature propre. C'est un truc qui ne se discute pas, qu'il s'agit uniquement de protéger ; c'est la vérité qui ne souffre pas que l'on puisse seulement tenter de la falsifier (car, forcément, toucher la "vérité" des faits, c'est une falsification ; un crime). Et le travail, pour ceux qui sont garants de cette vérité, par le truchement vrai du scrutin vrai (voyez comme les "53%" sont resservis dès que le pouvoir est, un peu, ébranlé), réside dans la préservation de cet état de faits, tel quel, en éliminant les évènements et en se cantonnant à la production d'événementiels. Il s'agit donc de nettoyer (de kärchériser ; rien de neuf) la surface de ce qui est, de ce qui ne peut pas être autrement, des scories maladives, des signaux contraires, jusqu'aux symptômes élémentaires. Soutenir le normal ; le reste ne relevant que de la démence. Evidemment, tout cela se fait dans le cadre imparti, en recourant à la loi, en contournant quelques pratiques. C'est doucereux même si ça claque en coulisses.
Vague inventaire de ce qui se passe, aujourd'hui, pas loin :
Fichiers à tout va, STIC, Edvige II etc.
Sécurisation des lieux de déplacement du chef sous peine, dans le cas de réceptions houleuses par quelques manifestants, de sanctions directes, sans passer par les procédures disciplinaires en vigueur.
Emprisonnement arbitraire de l'ultra gauche (qui déraille, dixit Libération), agitation de la menace terroriste.
Nomination du PDG de la télévision publique, de la radio publique, par le chef.
Régime présidentiel exacerbé avec limitation des pouvoirs de "l'opposition".
Sanctions à l'encontre de "journalistes" ayant "fauté" (Gosset, Genestar etc.)
Suppression du juge d'instruction.
Conflits d'intérêt divers et variés.
(A compléter par le lecteur, la petite Histoire, la surenchère ambiante...)
Une chape pèse sur ce pays. Rassurons-nous, certains, des puissants, veillent… El Assad affirme : "Il faut parler avec tout le monde."
Ben Ali rassure : "la France a fait le choix volontaire de la démocratie." Khadafi est formel : "nous avons parlé de tout, y compris des droits de l'Homme." Le 29 janvier, sans médiation, la "rue" a dit quelque chose… f