Tacheles (Berlin) : grandeur et décadence ?
J’ai réellement adoré ce lieu, jusqu’à y aller trois fois en cinq jours. Même si on se rend bien compte que l’utopie passée n’est plus qu’une façade, que le lieu, du moins en ce qui concerne les arts plastiques, semblent tourner à vide sur le plan créatif, on perçoit encore, de façon ténue, la petite flamme de ce qui fut un endroit exceptionnel.
Parce-que ce fut bien un lieu hors du commun, une expérience d’art vivant comme il en existe peu hors de Berlin. A l’origine, cette ruine à peine consolidée était un grand magasin, bâti au tout début du XXè siècle dans le très central quartier de Mitte. Voué à l’industrie après la première guerre mondiale, puis devenu bâtiment administratif sous le nazisme, le bâtiment survit difficilement aux bombardements de 1943, à l’abandon puis à son dynamitage partiel dans les années 1980.
Très peu de temps après la chute du Mur, ce bâtiment de l’ex-Berlin Est se trouve investi spontanément par des artistes prônant une certaine forme de contre-culture. Ces artistes sont dans un premier temps originaires de l’Est, puis sont vite rejoints par des artistes de l’Ouest : la réunification est alors en marche, avant même d’être rendue officielle. Tacheles devient un centre culturel d’avant-garde, et touche même des subventions. Cette officialisation de l’existence de ce temple de la contre-culture le mène à sa perte : la reconnaissance officielle, au début des années 1990, le met à l’abri de la destruction et des interventions de la maréchaussée (d’où peut-être une certaine tolérance envers les fumeurs d’herbes aromatiques auxquels je faisais allusion dans la note précédente), mais fait de cet endroit un lieu à la mode où tout un chacun peut jeter un œil, sans forcément partager les engagements des artistes en matière politique ou culturelle.
Le groupe de départ éclate alors : ceux de l’Est, opposés à la marchandisation de l’art, restent, tandis que ceux de l’Ouest, qui commencent à parler pognon, partent. La réunification, bien qu’officielle, a du chemin mental à parcourir. Malgré celà, ce lieu acquiert une renommée mondiale sur le plan artistique, notamment dans les domaines de la musique et de la danse.
A la fin des années 1990, tandis que le quartier de Mitte devient de plus en plus recherché (boboïsation des centres villes ?), le terrain du Tacheles tente sérieusement les promoteurs immobiliers, qui voient là une aubaine extraordinaire pour un programme de prestige. Les artistes résistent et obtiennent, de la société immobilière qui a acheté le terrain, le droit de rester dans le bâtiment et le terrain vague attenant (expo de sculptures et objets en tous genres) moyennant un loyer symbolique. Un projet immobilier, surfant sur la popularité du lieu, voit le jour en 2003, mais il reste en plan (dans tous les sens du terme) car Berlin est alors en pleine crise et les lots prévus ne se vendent pas. C’est notamment ce qui fait que ce lieu existe encore aujourd’hui, même s’il a perdu son âme.
Parce-que ce fut bien un lieu hors du commun, une expérience d’art vivant comme il en existe peu hors de Berlin. A l’origine, cette ruine à peine consolidée était un grand magasin, bâti au tout début du XXè siècle dans le très central quartier de Mitte. Voué à l’industrie après la première guerre mondiale, puis devenu bâtiment administratif sous le nazisme, le bâtiment survit difficilement aux bombardements de 1943, à l’abandon puis à son dynamitage partiel dans les années 1980.
Très peu de temps après la chute du Mur, ce bâtiment de l’ex-Berlin Est se trouve investi spontanément par des artistes prônant une certaine forme de contre-culture. Ces artistes sont dans un premier temps originaires de l’Est, puis sont vite rejoints par des artistes de l’Ouest : la réunification est alors en marche, avant même d’être rendue officielle. Tacheles devient un centre culturel d’avant-garde, et touche même des subventions. Cette officialisation de l’existence de ce temple de la contre-culture le mène à sa perte : la reconnaissance officielle, au début des années 1990, le met à l’abri de la destruction et des interventions de la maréchaussée (d’où peut-être une certaine tolérance envers les fumeurs d’herbes aromatiques auxquels je faisais allusion dans la note précédente), mais fait de cet endroit un lieu à la mode où tout un chacun peut jeter un œil, sans forcément partager les engagements des artistes en matière politique ou culturelle.
Le groupe de départ éclate alors : ceux de l’Est, opposés à la marchandisation de l’art, restent, tandis que ceux de l’Ouest, qui commencent à parler pognon, partent. La réunification, bien qu’officielle, a du chemin mental à parcourir. Malgré celà, ce lieu acquiert une renommée mondiale sur le plan artistique, notamment dans les domaines de la musique et de la danse.
A la fin des années 1990, tandis que le quartier de Mitte devient de plus en plus recherché (boboïsation des centres villes ?), le terrain du Tacheles tente sérieusement les promoteurs immobiliers, qui voient là une aubaine extraordinaire pour un programme de prestige. Les artistes résistent et obtiennent, de la société immobilière qui a acheté le terrain, le droit de rester dans le bâtiment et le terrain vague attenant (expo de sculptures et objets en tous genres) moyennant un loyer symbolique. Un projet immobilier, surfant sur la popularité du lieu, voit le jour en 2003, mais il reste en plan (dans tous les sens du terme) car Berlin est alors en pleine crise et les lots prévus ne se vendent pas. C’est notamment ce qui fait que ce lieu existe encore aujourd’hui, même s’il a perdu son âme.
Source : Boris GRESILLON, Le Tacheles, histoire d’un “squart” berlinois, 2004 (article complet)
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