Dimanche 9 novembre 2008 :
Tout comme la veille, nous fainéantons, et quittons notre chambre d’autant plus tard qu’il n’y a plus d’eau chaude, et qu’il nous faut attendre le passage du plombier pour pouvoir prendre une douche. Le plus fort, c’est que celui-ci est passé pour donner un coup de clé de douze, et qu’il nous a jeté « je n’ai pas fini, je reviens tout de suite ». Une demie heure plus tard, lassé d’attendre son retour, nous appelons la réception, qui nous confirme qu’il ne viendra plus, que le problème a été résolu, et qu’il n’y a plus qu’à attendre que l’eau chauffe. Rebelote, à la réception, nous informons l’employée somnolente que malgré notre information d’hier matin à ce sujet, nous avons à nouveau retrouvé la porte de notre chambre entrebâillée. Elle froncera les sourcils, non pas désolée de la répétitivité du problème, mais agacée par ce couple franco-chinois qui vient se plaindre derechef. Remédier à notre énervement et s’excuser, comprenez-vous, elle n’avait pas que ça à faire.
Nous traînons sans nous presser dans les ruelles environnant l’hôtel pour sélectionner un endroit pour petit-déjeuner. Nombreux sont les établissements où l’on peut se restaurer, mais la teneur des plats stimule peu la faim. Nous nous abandonnerons au hasard d’une enseigne. Cai Li y commande une sorte de hamburger au cholestérol indubitable, et qui emprisonnait une tranche de porc grasse entre deux tranches de pain. Je me limite à un café, et nous reprenons la route, hélant un taxi sur le talus.
Une fois de plus, le chauffeur comprend très bien le mandarin. Nous lui indiquons de nous déposer à la plage de Cheoc Van, à la pointe la plus australe de Coloane, elle-même île la plus au sud du
territoire de Macao. Il nous précise que l’endroit est très éloigné, car il faut vingt minutes pour s’y rendre. J’accompagne Cai Li quand elle pouffe : en vingt minutes de taxi, nous ne
traversons pas la moitié de Suzhou.
La voiture longe les berges qui donnent sur Zhuhai, dépasse la Sky Tower en bout de baie, et emprunte l’un des ponts qui rejoint Taipa, la première île. Ce pont est véritablement une frontière
entre deux mondes : Taipa est bien moins densément urbanisé que Macao, et l’environnement l’affilie plus à une île méridionale vierge qu’à une ville. A l’image de la Chine que j’ai connue il
y a une quinzaine d’années, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’une campagne du tiers-monde en cours de modernisation.
Nous traversons Taipa, et passons devant un lot d’immeubles massifs, au bord duquel, à taille réelle semble-t-il, trône des reproductions du palais des doges, de la place St Marc, et du pont de
Rialto. Cet endroit aux aspirations tant vénitiennes que titanesques, c’est le Venetian, un hôtel et un casino au sud de l’île de Taipa, dont les proportions rappellent Las Vegas. Et autour,
l’urbanisme reste naissant, pour ne pas dire presque inexistant.
Nous descendons le long de Coloane, la deuxième île, et après avoir parcouru quelques kilomètres à travers des routes vallonnées, notre chauffeur nous dépose sur le parking de Cheoc Van, petite
crique au sable blanc qui se jette dans le sud de la mer de Chine. La plage est agréable, et, étonnement pour un dimanche matin, alors qu’il fait presque une trentaine de degrés, vide de
baigneurs. Seul un couple occidental fait trempette à l’ombre des palmiers. Le sable y est grossier, un hôtel balnéaire pourlèche les berges, et une monumentale piscine surplombe les vagues. Nous
y rôtirons une petite heure avant de repartir, pour tenter, si la distance le permet à pied, de rejoindre Hac Sa, la deuxième plage de Coloane.
Au début, nous avons un peu pris peur. Dans ce paradis luxuriant et oublié, la densité de taxis est peu importante. Et si Hac Sa s’avérait inaccessible pour des marcheurs, nous devrions nous
accommoder du bus, en espérant que, dans cet endroit reculé, il y en ait plusieurs par jour. En fait, la balade a été plus que plaisante : nous avancions sur ces routes montantes,
descendantes, zigzagantes, non sans rappeler celles qui escargotent autour des villages provençaux de l’arrière pays cannois.
La similitude avec les villages de Provence m’a choqué. Même l’architecture des maisons à flanc de collines, parmi les
forêts de palmiers ou de conifères se jetant dans la mer, recensait beaucoup de caractéristiques que l’on retrouve dans les habitations du sud de la France : murs de crépis roses ou beige,
toits de tuiles orangées, arcades en terrasse des habitations, le tout blotti dans la verdoyante humidité des cocotiers et des pins. Je ferais la réflexion à Cai Li, qui rêve de découvrir la
Provence. Malgré la chaleur et les côtes à grimper, un sentiment de quiétude et de bien-être m’envahira. Nous sommes à un peu plus d’un quart d’heure de route de l’ébullition exigüe du
centre-ville de Macao, et nous retrouvons pourtant en pleine campagne méridionale, en bordure d’une mer azur à l’horizon. Le paradoxe de la promiscuité des deux univers est
incompréhensible.
Je dois bien l’avouer : Macao et son centre nous ont modérément séduits. C’est la version naine d’un Hong Kong dont on aurait omis tous les attraits. Par contre, pour ce qui est de Taipa et
Coloane… Ca a été le coup de foudre immédiat. C’est le genre d’endroit, avec sa quiétude, sa luxuriance et sa vue sur la mer, qui donne envie d’y emménager sur l’instant.
Les guides touristiques font la part belle à Macao, à ses ruines, et à ses jeux d’argent. Et si nous nous en étions tenus à leurs recommandations, nous serions repartis déçus. Dieu merci, nous
avons opté, à l’occasion de cette seconde journée sur le territoire, pour une visite des îles mitoyennes… Et nous ne l’avons pas regretté. Si vous partez à Macao, allez jeter un œil au centre et
à ses monuments. Mais plus que tout, allez vous perdre sur les sentiers qui, à flancs verdoyants de collines, longent le sud de la mer de Chine. C’est surtout cela qui vaut le déplacement
!
Après dix minutes de balade montante, à croiser des villas aux quelles il ne manquait plus qu’un apéritif anisé en terrasse pour avérer l’appartenance méridionale, nous arrivons face à une résidence balnéaire gardée âprement par des officiers en uniforme de maréchaux, elle-même face au large. Même si les appartements, dans leur configuration parallélépipédique, renvoyait aux pires des clapiers, leurs verrières frontales avec vue sur la mer en faisaient les parfaits logements balnéaires. Et le luxe apparent, même si sans l’emphase kitsch à laquelle la richesse chinoise est habituée, révélait que leurs propriétaires ne devaient pas être des va-nu-pieds. Nous nous arrêterons là quelques minutes, tant pour reprendre notre souffle dans les embruns, que pour prendre quelques photos. Accoudé à une balustrade plongeant dans les flots, je sens alors une forte odeur de poisson. En cherchant d’où le parfum pouvait émaner, je tombe alors, aligné sur la rambarde, sur un chapelet de sardines ficelées, qu’un pêcheur quidam, ou peut-être un des gardes à l’entrée, avait abandonné à sécher au soleil.
Nous reprenons notre marche, avec d’un côté une colline, et des villas de l’autre. Après quelques minutes, nous tombons sur un sentier sablonneux qui traverse la forêt de pins et de palmiers, au bord de l’eau. A deviser la carte, Coloane regorge de chemins similaires, aménagés spécifiquement pour les promenades en pleine luxuriance insulaire. Nous ne sommes pas pressés, et empruntons celui-ci pour deux kilomètres, jouissant de l’atmosphère, proche de celle que l’on ressentirait lors d’une balade dans les pinèdes de l’Esterel.
De retour sur la route, nous arrivons rapidement à la plage de Hac Sa. Là aussi, nous sommes stupéfaits des distances insignifiantes : depuis Cheoc Vac, il nous aura fallu moins de quarante minutes pour atteindre notre objectif, malgré les routes tortueuses, et le temps passé à flâner généreusement sur le trajet. A ce rythme-là, en trois heures de marche, on doit pouvoir remonter de la pointe sud de Coloane jusqu’à la pointe nord de Taipa, l’île adjacente à Macao : c’est un mouchoir de poche.
Hac Sa est très différent de Cheoc Vac. La plage est bordée de villas et d’appartements, et nombreux sont les occidentaux que nous avons croisé qui vivent dans ce cadre balnéaire, et confortable. Le sable anthracite s’étend très largement au bord de la côte, alors que Cheoc Vac se limite à une toute petite crique. Des restaurants, depuis des baraques en bois jusqu’à de véritables bars, s’alignent, offrant un choix important de havre de relaxation et de restauration.
Nous nous posons dans un restaurant faisant penser à un pub, où quelques couples de seniors anglo-saxons vident des verres de vin en partageant leur expérience de l’expatriation. Le patron doit être philippin. Nous prenons le temps de manger tranquillement, et l’appétit de Cai Li me surprendra : un plat de poulet ne suffira pas, et elle devra y ajouter un autre, de poissons. Le prix est raisonnable, et les mets délicieux. Il nous reste toute l’après-midi, et Cai Li, entre deux bouchées, propose que nous allions ensuite visiter le village de Taipa, sur l’île du même nom, plus au nord, et qui se trouve sur le chemin du retour à Macao. Les yeux rivés sur le Lonely Planet, deux courtes phrases en font mention. Toutefois, nous avons une demi-journée devant nous, et si je m’étais fié au seul guide, je ne me serais pas aventuré sur les îles qui, pourtant, valent bien plus le déplacement que Macao.
Va donc pour le village de Taipa. Nous prenons un taxi à la sortie du restaurant. Sur le trajet, nous passons à nouveau devant le gigantesque casino Venetian. J’y remarque que le réalisme des décors a été poussé jusqu’à construire des canaux, et que des gondoles y circulent ! Notre chauffeur freine un peu, je prends quelques rapides photos, et nous repartons.
Nous descendons de la Toyota à l’entrée du village de Taipa. La foule parait inhabituelle dans les rues, et des baraques temporaires ont été construites. Il y a là un festival international où
sont représentés tous les pays où le portugais est la langue officielle. Et il était assez amusant de croiser des chinois habillés en costume traditionnel portugais, brésilien ou de contrées
africaines. Des jeux étaient organisés, suscitant l’hilarité des passants, et le plaisir des enfants. Le plus étonnant reste le melting-pot important : des gens de tous les continents,
fédérés par la langue, se retrouvaient et faisaient connaissance. Nous ferons un tour rapide, visiterons des galeries hébergées dans des maisons traditionnelles, puis rentrerons au cœur du
village de Taipa, avec un certain sentiment de bien-être.
Peu de voitures circulent, nombreuses sont les artères piétonnes et pavées, et à chaque nouveau regard, une bâtisse d’inspiration portugaise, ou la décoration méridionale d’une petite place,
s’offre à nous. Le tourisme parait important, car dans la principale rue du centre-bourg, des magasins à l’enfilade proposent des pâtisseries ou des bibelots locaux. Le village étant assez petit,
nous aurons le temps d’y flâner tranquillement, profitant de la quiétude de l’endroit, de son manque de trafic, et de la beauté de l’agglomération de maisons basses.
Je ne suis allé qu’une seule fois au Portugal, pour quelques jours seulement, et cela doit remonter à huit ou neuf ans. Je me souviens de l’accueil chaleureux des locaux, et de la vie qui
irriguait les rues. C’était à Porto, et l’architecture ne m’a pas laissé un souvenir mémorable. Ou bien, c’est tout simplement que j’ai oublié, pour ne me rappeler que de la gentillesse
désarmante des portugais. En conséquence, le village de Taipa, malgré son aspect qui renvoie au sud de l’Europe, ne m’a pas rappelé le Portugal. Idoine à la luxuriance de Coloane, j’y ai retrouvé
quelque chose de la Provence, ou bien des éléments que j’ai pu voir dans des villages italiens encastrés dans la montagne. Des bâtiments sur deux à trois étages maximum, des fenêtres au
chambranle arrondi, des façades décrépites où subsistent des couleurs pastel et énergiques, et des ruelles pavées parsemées de lampadaires dont la forme n’a pas variée depuis que ceux-ci étaient
encore alimentés au gaz. Chaque pas propose, pour le photographe amateur que je suis, un nouveau cliché potentiellement intéressant, fleuri, fait de décoration du sud, ou d’architecture
traditionnelle.
Le village de Taipa est resté préservé, loin de l’urbanisme tractopellien pourtant systématiquement de mise en Chine Populaire. Et grand bien lui fait ! Qu’il reste ainsi, à l’abri des tours
de verre et loin du brouhaha citadin, en havre de paix éternel et incompréhensible quand on vient du continent, où le béton surgit, démesuré et épidémique, en symbole de confort et de
civilisation.
Au risque de me répéter, si vous souhaitez passer un peu de temps à Macao, ne vous limitez pas aux clichés touristiques de la péninsule, et prenez le temps d’aller vous égarer sur les îles
concomitantes de Taipa et Coloane : là est l’authentique dépaysement, et le sentiment réel d’être en vacances.
La fin d’après-midi s’annonce : le soleil est à la baisse, et nos pas sont plus difficiles. Nous avons beaucoup marché, sans nous poser d’autres questions que d’aller à la découverte du
prochain coin de ruelle ou de sentier, enthousiasmés à chaque nouveau mètre. Après une courte pause sur un banc, alors que des enfants jouent au ballon autour de nous, nous reprenons un taxi pour
rentrer à Macao.
La journée est bien entamée, mais n’est pas pour autant terminée. Cai Li est peintre amateur, avec talent, et ses toiles
comme ses aquarelles ne cessent de m’émerveiller. Et je caresse le projet, dès lors que sa production sera suffisante, d’organiser une exposition dans une galerie en France. L’art et la Chine y
ayant le vent en poupe, je me plais à croire que la qualité de ses œuvres ainsi que sa ténacité justifieront un jour un tel accomplissement.
Et elle avait lu que Macao recelait un musée d’art qui pouvait s’avérer intéressant. Il s’agit donc de notre prochaine
destination. Dans le taxi, après avoir indiqué l’arrêt au musée, nous sentirons d’autant plus le gouffre qui sépare Macao de Taipa et Coloane : de la quiétude méridionale, nous passons à
l’entassement urbain. Dommage : nous y étions si bien.
Le musée d’art de Macao est un blockhaus gigantesque, dont l’intérêt m’a paru obscur. Il fait la part belle à l’art contemporain qui, n’en déplaise aux amateurs, reste à mon humble avis
foncièrement masturbatoire. Car sa démarche, qui se veut avant tout spéculative, n’en reste pas moins destinée à une élite snobinarde qui trouve que socialement, ça fait bien. Le questionnement
qui en découle reste du niveau de la pire des BD, et à mourir de rire, si il n’était pas ennuyeux au possible. Je comprends la démarche, l’apprécie en théorie, mais ses applications confèrent au
numéro de cirque.
Et le grand hall spartiate du musée aligne sur ses murs des postes de télévision, avec quelques clichés et de
brèves explications, présentant en vidéo des performances d’artistes. Je suis passé de l’un à l’autre, m’en suis infusé ainsi une demie douzaine, avant de déclarer forfait, fort de l’ennui dans
lequel ces spectacles abrutissants et sans queue ni tête m’enlisaient le cortex : aucun n’a généré en moi la moindre interrogation, sinon sur le QI de l’artiste présenté, et aucun n’a
déclenché une crise de rire, ce qui aurait pourtant été un prétexte suffisant à poursuivre la visite. J’en ai conservé un en mémoire, tellement sa stupidité inégalable m’a dégoûté : un
artiste japonais nu, sur la scène d’un bar de nuit quelconque, pratiquait des gestes anatomiques standards d’un quotidien humain. Il respirait, s’asseyait, s’allongeait, et finissait par pisser
debout, entouré d’un public qui observait le spectacle, ouaté à des tables tamisées. Sa petite commission terminée, il s’est incliné sous un tonnerre d’applaudissement. Je ne sais pas quel
concept novateur il souhaitait communiquer, et quelles spéculations sur la réalité cette performance pouvait susciter, mais s’il avait vraiment un besoin urgent, il aurait pu interrompre son
spectacle pour aller assouvir sa vessie dans les toilettes du troquet de luxe. A moins que la thématique profonde de sa performance artistique soit l’incontinence. Car dans tous les cas, sa place
est au fond d’une cuvette en émail, dont on n’oubliera pas de tirer la chasse. Tout simplement à vomir.
Cai Li, même si elle ne l’avouera pas, ne s’attendait pas à cela. Son intérêt pour l’art s’arrête juste avant Picasso, et elle trouve déjà les impressionnistes un chouia too much. Les performances en vidéo de ces artistes contemporains l’ont désarçonnée, mais force est de reconnaître qu’à l’inverse de mon attitude, elle est allé jusqu’au bout, histoire d’être bien certaine qu’à mon instar, elle trouvait cela d’une connerie admirable.
Au première étage, quelques oeuvres de George Chinnery, l’artiste anglais très reconnu à Macao, et dont la sépulture se trouve au cimetière protestant visité la veille, attirent un peu plus son attention. Moi, j’ai mal aux pieds, et la beauté de certaines toiles ne me fait pas oublier l’irrésistible envie que j’ai de quitter mes chaussures. J’attends patiemment sur un sofa molletonné que Cai Li ait fini sa visite, heureux à l’idée de reprendre un taxi pour faire une longue pause à l’hôtel. Sachant que nous avons déjeuné copieusement sur l’île de Coloane, nous abandonnons l’idée d’un dîner, ayant encore à la nuit tombée l’impression de sortir de table. Par contre, nous prenons un taxi pour les berges, et nous asseyons à la terrasse d’un des bars de l’artère. Macao est conséquemment pourvu en casinos, mais les bistrots ne sont pas légions ! Il est presque vingt et une heures, et pourtant, il n’y a pas foule. Après un verre, nous marchons de nuit au bord de l’eau, à proximité d’une statue dorée gigantesque de la déesse Ah Ma.
Avant de rentrer finalement à l’hôtel, nous prenons un nouveau taxi pour nous rendre au phare du mont Guia, autre symbole de la péninsule. Ce phare, construit au milieu du XIXème siècle, est le plus ancien d’Asie du Sud Est, et fonctionne encore. Il est posé sur une colline, et domine toute la ville, offrant de nuit une vue panoramique assez étonnante : en devisant toutes les maisons et les bâtiments peu élevés en contrebas, avec leur éclairage tamisé, on a le sentiment de surplomber une gigantesque maquette ! Nous en faisons le tour, prenons quelques clichés, et hélons un taxi qui nous ramènera à l’hôtel.
Alors que nous redescendons la colline, je demande à Cai Li de prendre une photo de moi au pied des remparts, face à un des spots ultra puissants qui éclaire le site. Sachant que notre appareil,
pour peu qu’on s’en serve un peu correctement, a une capacité extraordinaire à contraster les lumières et les couleurs de nuit, je voulais faire un petit test, et voir quel pourrait être le rendu
avec un éclairage massif sur ma personne. Je vous glisse le cliché ci-dessous :
Le rendu, particulièrement spectral, terrifie Cai Li ! Et c’est en la serrant contre moi que nous courrons à la sortie de l’édifice, dévalons la colline, pour retrouver la rassurante atmosphère urbaine, et trouver un taxi ! Je suis amateur de surnaturel pour le frisson dans l’échine, et Cai Li, comme la plupart de ses compatriotes, vit dans une superstition terrifiante.
Dernière surprise ce soir-là : notre chauffeur passe dans les rues qui servent de circuit pour le grand prix de formule un de Macao. En plein centre-ville, entouré de l’urbanisme un tantinet anarchique de la péninsule, il était assez surprenant de traverser ces routes au trafic constant, et de largeur somme toute assez peu importante, le tout cuirassé de glissières de sécurité plus haute que l’habitacle de notre taxi, et dont l’épaisseur renvoie au blindage.
Lundi 10 novembre 2008 :
Nous quittons l’hôtel à huit heures du matin, ayant rendez-vous à Hong Kong avec un client de Onesource pour le déjeuner. A la réception, quand nous rendons la clé, l’employée nous remercie, et nous indique que nous pouvons partir. C’est bien la première fois que je quitte un hôtel sans que le contenu de la chambre ne soit vérifié ! Il faut dire que l’état de salubrité interdit toute velléité kleptomane. Les deux seules choses qu’on aurait pu piquer sont des bactéries et des squelettes de cancrelats.
La dernière vue que nous offre Macao, depuis les larges hublots rectangulaires du jetfoil, est celle de la baie séparant la péninsule de Taipa, avec ses ponts en vagues blanches s’étirant jusqu’à l’horizon insulaire. Et c’est gorgé d’énergie que nous nous adossons à nos sièges, prêts à affronter une semaine de travail, au sein d’un autre archipel, celui de Hong Kong : le week-end de découverte de Macao nous a ressourcés.