Je viens de terminer la lecture des huit cent pages passionnantes du livre de Dominique Fernandez consacré à son père Ramon et le mystère de cet intellectuel fourvoyé demeure entier. Il reste que si Ramon Fernandez s'est trompé il n'a pas commis d'actes graves et, même dans son erreur il a eu des moments et des actes que l'on peut porter à son actif.
Dominique Fernandez est contraint de reconnaître les limites de sa recherche:
"Me voilà donc, comme tous les biographes, réduit à ne saisir que l'extérieur d'un être. Ce qu'il a fait, écrit, je le vois. Mais ce qu'il était au dedans de lui-même? De l'autre côté de ses actes, son être profond? Lui-même le connaissait-il? Dire comme Sartre, d'un homme qu'il n'est que ce qu'il fait est d'un juge. Le juge n'a pas à se préoccuper si le dehors correspond au dedans. Il voit ce qu'il voit, il tranche d'après ce qu'il a vu, il condamne d'après la gravité du crime. Si l'on veut avoir une intelligence moins grossière d'un homme, il faut admettre la part de l'invisible dans sa vie. Ce qui n'apparaît pas au regard, ce qui n'émergera d'aucun document d'archive, ce qui le gouverne à son insu, ce qu'il se cache à soi-même."
Ce texte montre bien que Ramon Fernandez a été victime d'une certaine façon d'un proçés et que, comme souvent en matière judiciaire, le fond profond de l'histoire n'a pas été atteint et ne le sera sans doute jamais.