Trouvé sur le site de l'association APC - Association pour le progrès des communications - Internet et TIC pour le développement durable et l'équité - le rapport 2008 du Global Information Society Watch (téléchargeable ici par chapitres).
Beaucoup d'articles intéressants dans cette publication qui analyse par thèmes toutes les problématiques d'accès au Web sur tous les continents et les pays en voie de développement.
Il y a par exemple ce chapitre signé Russell Southwood, de Balancing Act Africa, intitulé "La largeur de bande passante, le pétrole de la nouvelle économie globale" (extrait traduit):
"Le social et l'économique sont liés. Si il en coûte à votre pays 7.000 à 10.000 $US en megabit par seconde (Mbps) et par mois - l'une des unités de mesure utilisée pour chiffrer la bande passante - pour communiquer avec le reste du monde, vous aurez tendance à moins développer ce type de communication qu'un autre pays où la même bande passante coutera 1.000 $US par Mbps et par mois. Ces pays en voie de développement qui ont accès à une bande passante meilleur marché ont une chance de s'en sortir dans la course à "qui mange qui" de la nouvelle économie mondiale, et de ne pas en rester simplement aux aléatoires ressources de l'agriculture, du minerai et du tourisme."
Il analyse à l'aide d'exemples concrets les difficultés rencontrées, les solutions et initiatives proposées, essentiellement dans différents pays d'Afrique.
Ou cet autre article, signé GIPI Uzbekistan, par l'Imam Zaynuddin. Il communique le chiffre estimatif de 2.133 millions d'utilisateurs actifs d'internet dans son pays en 2008 (78.8 pour 1000 habitants), contre 1.7 millions en 2007, rappelant que tous les bureaux officiels sont connectés. Ce qui est aussi très intéressant, c'est qu'il pose la question du financement de l'accès internet: doit-il être le fait du gouvernement et/ou d'opérateurs privés. C'est visiblement une question posée, et centrale, pour tous les pays en voie de développement.
Autre exemple et article, issu du pays complètement enclavé, qu'est le Kirghizstan. Signé par le "Civil Initiative on Internet Policy",Tattu Mambetalieva and Zlata Shramko. Les auteurs rappellent effectivement que leur pays d'Asie Centrale (199.900 km2 et une population d'un peu plus de cinq millions d'habitants) est bordé par la Chine, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, et qu'il est à 93% montagneux (2750 mètres d'altitude moyenne au-dessus du niveau de la mer!). D'après eux, 30% de la population rurale n'a encore pas accès au téléphone. Il y a six opérateurs de téléphonie mobile qui sont implantés, et l'accès se développe rapidement. Coté internet, 150 centres - incluant des "internet cafés" et le système éducatif - permettent un accès libre à internet. Ils sont majoritairement financés par des donations. Les auteurs donnent également le détail des utilisateurs actifs du web, des accès ADSL, etc...
Je pourrais continuer longtemps à vous donner des exemples, touts aussi instructifs. Pour ceux qui lisent l'anglais, allez consulter ce rapport, on y apprend vraiment beaucoup de choses et cela donne un autre regard sur les usages du Web.
La conclusion du rapport - signée Mike Jensen and Amy Mahan - est aussi à découvrir, car elle s'interroge sur comment mieux mesurer à l'avenir les disparités d'accès aux technologies de l'information et de la communication dans le monde. De quels indicateurs faut-il se doter? Quels sont les outils pertinents? (largeur de bande, usages internationaux et/ou nationaux, centres d'accès publics et/ou accès privés...).
Là encore, les questions posées ne sont pas que des questions d'experts, mais des questions qui renvoient aussi aux usages pour tout un chacun: pourquoi et comment j'utilise le web; qui fournit les informations, comment et pourquoi; que vais-je en faire?...
Bonne lecture pour ceux que cela tente!
Crédit Illustration 1 et 2.