L’Inde va-t-elle tomber dans le piège voulu par les terroristes islamistes ? Depuis quatre ans, l’Inde et le Pakistan sont engagés dans un fragile processus de paix pour solder un demi-siècle d’affrontement ouvert ou larvé. Or les inspirateurs de l’assaut de Bombay, en réveillant l’animosité entre les deux pays, cherchaient à saboter ce nouveau cours. Nous évoquions hier nos doutes quant à une responsabilité de l’Etat pakistanais et de ses services secrets dans l’organisation des attentats. C’est en revanche la piste de mouvements islamistes non-étatiques, originaires du Pakistan qui se précise un peu plus chaque jour. Le président pakistanais Asif Ali Zardari a ainsi exhorté son voisin indien à agir avec retenue : « Quels que soient les responsables de cet acte primitif et brutal contre le peuple indien et l’Inde, ils cherchent à déclencher une réaction de vengeance. Nous devons nous placer au-dessus d’eux et faire en sorte, nous, vous et la communauté mondiale, qu’il n’y ait pas de réaction excessive », a-t-il estimé. Le Pakistan a également offert la pleine coopération de ses services à l’enquête en cours : « les autorités indiennes n’ont pas accusé le gouvernement du Pakistan ; elles soupçonnent, je dis bien soupçonnent, des groupes qui pourraient être présents au Pakistan, alors nous disons : si elles ont des informations, des preuves, de l’implication d’islamistes pakistanais dans ces événements tragiques, elles doivent nous en faire part », a déclaré le ministre pakistanais des affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.
Les recoupements opérés par les enquêteurs confirment justement la piste d’islamistes d’origine pakistanaise. Le seul membre du commando terroriste arrêté vivant par les forces spéciales indiennes, Azam Amir Kassab, est en effet pakistanais ; il aurait avoué aux enquêteurs que la plupart des membres du groupe étaient originaires de Karachi ; il aurait cité le nom du Pakistanais Daoud Ibrahim comme étant le cerveau de ces attaques, selon l’agence de presse israélienne Guysen International. Les terroristes se seraient entraînés au Cachemire, et auraient été drogués avant d’arriver à Bombay. Ils avaient reçu l’ordre de continuer à tuer tant qu’ils seraient encore en vie. Et de fait, c’est véritablement à un « nouveau 11 Septembre » que l’Inde a partiellement réchappé. L’attaque avait été minutieusement préparée pendant un an. Au cours de cette période, les terroristes auraient recueilli des données précises, et n’auraient rien laissé au hasard. Selon Azam Amir Kassab, l’opération se révélait relativement simple. Il s’agissait de lancer simultanément des attaques sur plusieurs cibles avec comme mission de faire le maximum de victimes. Par la suite seulement était prévue l’assaut en force sur trois centres de la ville : les hôtels Oberoi et Taj Mahal, la gare de Bombay, puis la Nariman House où siège le centre juif loubavitch du Beth Habad. L’adjoint du chef de la police indienne a affirmé ce matin que les terroristes souhaitaient tuer plus de 5000 personnes à Bombay. Les autorités indiennes craignent d’ailleurs un bilan beaucoup plus lourd que les 195 victimes annoncées. Il pourrait grimper à 350 morts, de nombreux corps ayant été découverts dans les chambres de l’hôtel Taj Mahal. Les services de renseignements ont appris, en interrogeant Azam Amir Kassab, que le commando avait l’intention de faire exploser l’hôtel de luxe. Ils avaient placé des bombes à l’intérieur du bâtiment bien avant mercredi dernier. Selon les médias indiens, les terroristes se sont entraînés durant 7 mois avant les attaques, et 2 d’entre eux travaillaient au Taj Mahal.
Les résultats encore provisoires de l’enquête n’en finissent plus de démontrer le degré extrême de préparation de ces attentats, dont l’objectif anti-israélien s’est révélé être central. Ainsi, le Times of India rapporte que des terroristes avaient délibérément loué des chambres au centre Loubavich Habad, sous couvert d’étudiants malaisiens. « Le principal objectif était de toucher des Israéliens pour venger les souffrances des Palestiniens », aux dires d’Azam Amir Kassab. Les images provenant du centre Habad attestent de l’ampleur du carnage. Le sol est jonché de rouleaux de la Torah et de livres de prières rouges de sang, des traces de balles couvrent les murs, les bancs et les tables sont renversés. Neuf Juifs et Israéliens, selon un nouveau bilan, y ont trouvé la mort.
Source : Guysen International | Times of India