Elles ramassaient après la récolte les quelques épis de blé, ayant échappé aux moissonneurs.
Les glaneurs et glaneuses d’aujourd’hui, eux sont blessés, ils ont honte, une honte indescriptible.
Ils souffrent, ils ont faim.
Elle passe et repasse devant les poubelles, les cartons. Elle jette un coup d’œil à droite, à gauche, surveillant ainsi que personne ne la voit.
La honte de devoir se baisser pour chercher à manger dans les poubelles, la retient. Alors, dès qu’elle n’aperçoit plus personne à l’horizon, elle se baisse et d’un seul coup se redresse, à la vue d’un homme qui arrive.
Celui-ci s’approche !!
- C’est la première fois, que tu fais ça.
- Oui, mais j’ai tellement honte.
Il se baisse, prend une pomme restée dans un carton et la lui tend. Oh ! Bien sûr, elle n’est pas très belle, mais le geste est si gentil.
- Tiens !! Dit-il, tu auras toujours ça, si tu n’y arrives pas. Mais il va falloir que tu te décides, sinon tu n’auras jamais rien à manger. Puis il s’en va.
La faim est toujours là, qui la tenaille, qui lui tord l’estomac de douleur.
Et c’est ainsi, que malgré tout, malgré toute la honte qui l’envahit. Honte, d’en être arrivée à ce point ! Honte, d’être descendue si bas dans son estime et dans la société !
Elle se prend de courage et tant pis pour ce qu’en pensera l’autre, elle se baisse et pour de bon, fait les poubelles.
- Enfin ! J’ai à manger pour ce soir. J’ai la pomme donnée par cet homme et une salade, certes pas de première fraîcheur, mais bon.....
- Oh !!! Une banane, elle n’est pas vraiment belle, mais ça ira bien. Ce soir je vais pouvoir dormir, la faim, ne m’en empêchera pas.
C’est tout contente, les bras chargés de son petit trésor, qu’elle rentre chez elle. Réconfortée, de pouvoir manger. Heureusement, aujourd’hui il n’y a pas eu de bagarre et cet homme était si généreux, mais ce n’est pas toujours le cas.
Et Demain ?
Demain est un autre jour, on verra bien.
Quelle décadence, quelle misère.
Monsieur Martin Hirsch, Haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté. A demandé, à ce que soit réalisée une étude pour connaître le profil de ces nouveaux glaneurs de poubelle. Il avoue être choqué d’apprendre que ce sont des retraités, des jeunes, des étudiants, des SDF.
C’est bien joli de faire une étude pour savoir quelles sont les personnes qui font les poubelles aujourd’hui.
D’apprendre que ce sont des retraités, de petites gens honorables qui ont cotisés 40 ans de leur vie, pour en arriver là. Que se sont des jeunes, des étudiants, des SDF non volontaires.
Mais si on ne fait rien, si on n’aide pas ces nouveaux pauvres.
Pouvez-vous me dire, à quoi cela sert ??
Tous racontent, la honte éprouvée, qu’ils soient de Dijon, Amiens ou de Paris.
Certains, n’ont que le minimum vieillesse, c’est-à-dire 633 euros par mois pour vivre.
Comment cela pourrait-il suffire ? Enlevez le loyer et faites le calcul.
La misère est en très forte augmentation
et pourtant l’Etat ne bouge pas ...Philippe MARX - Agir ! Réagir !