Six semaines

Publié le 02 janvier 2009 par Tudry

 Au cours des six semaines de congé spirituel que notre journal a cru s'offrir, et malgré nos efforts, les dix mille bruits de ce monde sont parvenus à nos yeux et nos oreilles que, pourtant, nous avions voulu tourner vers l'intérieur. Mais, en voulant aussi être plus attentif aux autres voilà ce à quoi l'on s'expose. Et puis, dans les livres (dans les vrais, en tout cas) il y a toujours ces bombinettes théosophales qui veulent absolument vous exploser à la figure. Un exemple : alors que l'on nous rebattait les oreilles externes avec les « émeutes » en Grèce, je tombe sur « De l'inégalité » de Berdiaev, j'ouvre le livre et me retrouve en plein sur le chapitre consacré à l'anarchisme ... je ne résiste pas : « La liberté anarchique représente le dernier spasme du vieil Adam, de l'homme naturel de jadis. »

Or, dans le temps qui précède la Nativité nous devons nous préparer à un nouvel ordre, précisément un ordre tout à fait nouveau et qui, après un peu plus de 2000 ans est toujours, et à jamais, absolument nouveau et qui, absolument, fait toutes choses nouvelles en tout et en tous ! Il nous est demander de renverser la hiérarchie illusoire de ce vieux-vieux monde incapable d'aucune nouveauté. Il nous faut, par une force nouvelle, qui traverse ce monde mais ne lui est jamais incluse, retourner l'ensemble de nos croyances tant matérielles que spirituelles. Faussement matérielles, faussement spirituelles, car celles-ci sont « fait monde » !

Une absolue radicalité qui ne peut se satisfaire de quelques accointances avec la fausse hiérarchie anarchique du monde tel qu'il est !

Pour faire du neuf, du nouveau il ne faut pas faire « du passé table rase », il est, au contraire nécessaire d'inverser la tendance qui fait que chaque instant « dévore le précédent ». Pour faire du neuf il faut continuer, continuer ce qui fut fait et dit et pensé sur des bases saines, sur l'Absolu Nouveau, la Bonne Nouvelle incarnée et la Bonne Nouvelle qui irise le monde, le Christ et l'Esprit. Tout le reste, fusse l'avant-garde auto-proclamée la plus provocante, n'est que guirlande poussiéreuse de vieilleries, d'idées vieilles avant même que de naître.

Les « émeutes de Grèce » ? Rien de neuf, la même vieille idéologie gnostique qui se refait les dents ... amis anarchistes, voyons, que vous faut-il donc de plus ? « Tout » dit votre slogan, ne voyez-vous pas que vos slogans sont les mêmes que les publicitaires et autres communicants? Elle est pourtant là, au creux de nos sociétés, votre idéologie incarnée ! Certes, elle joue des coudes avec les autres variantes du nihilisme de l'unanimanité chantante mais elle est présente, et en bonne place. Mais, oui, voilà le souci il vous en faut toujours plus, du confort égalitaire, du bien-être humaniste, alors vous frappez à la porte, espérant que l'on vous ouvrira car, au fond, « on », ce « on » anonyme et vulgairement quelconque, est d'accord avec vous, avec vos buts.

Oui, l'anarchisme politique est lui aussi fondé sur le détournement et la nihilisation du verbe. Originellement, pour les Pères, anarchos signifie « sans commencement », c'est-à-dire « sans principe » dans le sens où le Père est Lui-même son propre principe et que Lui seul peut-être ainsi. Or, le Verbe est en arkhei, au commencement. Voici ce que, sans en avoir sans doute conscience, rejette l'anarchisme : le commencement plus que le principe (en tant que loi, règle, norme imposée de l'extérieur), le commencement par le Verbe dans l'Esprit. L'anarchisme c'est la lutte du temps allié à la mort contre l'Eternité qui fonde et guide le temps vers sa bénédiction et sa transfiguration. Le temps est ambivalent, il peut être le vecteur de la mort, le temps du néant qui veut venir à l'existence et semer sa semence de vide dans l'Eternité, c'est-à-dire, proprement l'annihiler. Le temps devient ce vecteur lorsque l'homme lui dénie d'être l'inscription de l'Esprit dans l'histoire, dans nos vies orientées vers le dépassement, en Christ de la mort.

Actuellement, c'est, trop évidemment, ce temps qui survole nos « sociétés » et les informe. Aussi, au jour de l'écriture retardée de cette note, n'est-il plus question de la « crise grecque ». Ce sur quoi elle aurait pu déboucher ou débouchera, cela n'intéresse plus guère nos experts de l'information et nos braves journalistes résistants ont déjà tourné leurs yeux globuleux vers d'autres terrains d'opérations. Que fallait-il donc attendre, de toute façon, de ces émeutiers dont on se délectait à rapporter le « petit nom » collectif : génération 700 euros ! En son temps le génial Barbey d'Aurevilly, commentant un texte de Bonald, s'horrifiait des désirs, toujours insatisfaits, de la démocratie et comparait son chaos à une famille dont la direction serait confiée aux caprices de ses jeunes enfants. La démocratie, en effet, ne peut satisfaire ses promesses insensées, la principale, sa promesse d'égalité arase toutes hiérarchies, elle les rend inacceptables et interdit, au final, à ses ouailles d'accepter toute notion d'autorité verticale. Elle a nié la nécessité; la réalité ontologique de l'autorité et en paie continuellement le prix. « Par elle-même, la démocratie n'a pas de contenu intérieur, ontologique, et c'est pourquoi elle peut se mettre au service des fins les plus contradictoires. » (N.A Berdiaev)

Il est facile de constater qu'aujourd'hui (cet aujourd'hui qui seul compte) c'est à l'économie que la démocratie s'est soumise. Toute la démocratie puisque, quand bien même, prétendent-ils le contraire anti-capitaliste, néo-communistes ou socialistes s'appuient uniquement sur des données économiques et font de la vie matérielle, et uniquement, la clef de tous les problèmes et leur fin ultime. La démocratie « prétend déterminer les fins de la vie, alors qu'elle n'a trait qu'aux moyens, qu'aux instruments matérielles de celle-ci. » (Berdiaev)

En hexagonie les « débats » de la fin de l'année en firent, une fois de plus, si nécessaire, la preuve.

Audiovisuel public, travail du dimanche : tenants et aboutissants : l'argent ! Le nerf de la guerre !

Aux premières lignes de la bataille contre l'idée du travail généralisé le dimanche, nos inévitables (et inénarrables) laïcistes de « combat ». Pourtant, nos « milaïciens » devraient, pour être conséquent avec eux-mêmes, le refuser ce jour de repos qui est loin d'être laïquement correct. Bien sûr on pourrait évoquer, non sans raison, le repos mérité de tout travailleur, mais, dans ce cas, pourquoi ne pas instituer le lundi ou le mercredi, enfin bref, puisque la question tourne, en définitive seulement autour de cela, un jour où boutiques et échoppes sont ouvertes ... ? Qu'a-t-il donc de sacré ce sacré dimanche ? Et qu'en est-il de nos élus de droite, que ceux d'en face voudraient nous présenter en larbins serviles de l'obscurantisme religieux et qui, eux, veulent, derrière leur président, mettre à bas cette institution ? Certes, à droite, certains font de l'acte religieux une cause vertueuse, morale et, pour cela défendent le repos dominical. Mais, tenus de représenter la masse républicaine de leur électorat ils plient dans le sens du vent et mettent alors sur le même plan, la foi active et des causes pseudos-culturelles, les loisirs, la détente, le repas de famille. Enfin bref, la liberté fondamentale de regarder la TV ou de jouer aux boules comme équivalent du sacrifice eucharistique ...Avec Tropinka nous ne visons personne, nous n'attaquons aucun homme ni aucune femme comme tel, uniquement les idées qui les possèdent. Clairement, nous sommes chrétiens, confessant la foi orthodoxe aussi savons-nous que pécher c'est « rater la cible », c'est pourquoi nous ne nous en trompons pas. Mais, dans ce cadre, ne voyons-nous pas des chrétiens, illusionnés par les idées qui les habitent, commettre le péché contre l'Esprit ? Nous posons la question rien de plus, il ne nous revient pas d'en juger !

Le 9 décembre 2008, Arte, diffusait un reportage sur la laïcité « bousculée, malmenée, maltraitée ».

Je passe, habituellement, peu de temps devant la télévision, c'est une évidente perte de temps et, en outre, je connais trop tout ce que derrière les caméras on peut vouloir mettre dans des images « objectives ». Aussi, n'ai je pas, encore moins en cette période, regardé ce programme. Je réagis, donc à la bande annonce qui lui était consacrée et qui fut martelée sur les ondes de la radio publique. A son écoute je me disais que, tiens, je pensais qu'en France c'était plutôt l'Etat et certaines franges de la société franchement laïque, voire clairement athéiste, qui, le plus souvent attaquait, ironisait, moquait sans respect la religion ? Mais non, m'assure la voix aguicheuse de la bande annonce : « Les Etats sont de plus en plus attaqués par les diverses religions et ne savent plus se défendre. » Ah tiens, me disais-je encore ? Les bourreaux des Orthodoxes serbes du Kosovo ne sont-ils pas à la tête d'un Etat aujourd'hui, l'Inde ne serait pas un Etat, où un parti de gouvernement instrumentalise l'hindouisme contre des chrétiens infiniment minoritaires, la Chine, République populaire, non plus, qui continue à persécuter les chrétiens ... ? Sincèrement je ne pensais pas que, ce qu'il faut bien appeler la minorité chrétienne en France était si virulente et dangereuse que l'Etat et la République fussent en grand danger. Je dois être sociologiquement naïf, certainement ! Car, évidemment, il doit être question de cela, non ? Non ! Ou alors, peut-être ne s'agit-il pas des chrétiens, au quel cas, on craint de le dire ? Ou encore vise-ton une fois de plus, à mots couverts, les pseudo-principes, si inquiétants, énoncés par notre Président ? Mais qui faut-il être, qui veut-on être, incarner, pour croire vraiment, réellement que le Président croit; véritablement, la parole qu'il prononce ? Ne faut-il pas être tout aussi logomaque que le sont nos politiques et philosophes actuels ? Deux journalistes de Marianne semblent avoir, au moins, saisi cela, pour le Président « si l'instituteur ne peut jamais remplacer le curé, celui-ci ne vaut plus rien en face du chef de rayon. » La faiblesse de la religion c'est qu'elle peut être instrumentalisée d'une manière ou d'une autre, d'un côté ou de l'autre et le souci vient sans doute de cela; vivre le christianisme comme une religion, et que certains, dans les deux camps continuent de le vendre ainsi. A moins, à moins, que les auteurs du documentaire n'aient eu en vue d'autres religions mais sans oser l'affirmer davantage ?

Neuf jours après j'ai aperçu une affiche : « Dieu n'existe pas. Dieu est aux adultes ce que le Père Noël est aux enfants. » Le tout siglé : rael.org !!!

Les ennemis de Dieu, ces « fils d'esclaves » (Pasynki Bojii) sont de plus en plus drôles sur le mode comique pathétique et dérisoire. Dieu n'existe pas mais les extra-terrestres, oui ! Et pourquoi, mais parce que « on » en a décidé ainsi ! Ce gros « on » plat, vulgaire, anonyme, anomiste, atomisé, sinistre, avec ses « regards abaissés vers la terre », enfermé « dans sa graisse », ce gros « on » vaniteux et fier de sa science toute-puissante et agnostique « parle d'arrogance », parce que ce « on » informe et tout horizontal est « abandonné au désir de son coeur ».

Fils d'esclaves si vous dites vrai, alors pourquoi le dire si fort ? Si vous dites vrai qu'avez-vous besoin de fonder sur cette négation toute votre doctrine, enfin ce fatras porno-psycho hygiéniste qui en fait office ? Dites plutôt, Dieu ne doit pas exister, il ne faut pas qu'Il existe ! Car ce que vous désirez c'est avoir la voie libre, pour viser sereinement, par l'homme et lui seul, l'immortalité de vos phantasmes. Vous voulez préparer, sans gêneurs, votre petite science de tripatouillages génétiques au clonage, vecteur, selon vous, d'une certaine éternité; en réalité version clownesque de la Résurrection. Avec la génétique vous avez en vue la nature de Dieu qui est agennetos, inengendrée;

le savez vous seulement ? Mais, vous confondez les plans, car pour l'homme, la fin (la déification) n'est pas l'immortalité mais l'a-mortalité (athanatos) c'est-à-dire n'être pas touché par la mort, c'est l'indestructibilité de la Personne humaine. Or, votre vie génétiquement modifiée-prolongée sera, plus encore que l'actuelle, soumise à la puissance de la mort.

« Si Dieu n'existe pas, il n'y a pas de personne humaine. » (Berdiaev)

Jamais on a tant vénéré le « sexe » qu'au moment où l'on souhaite dépasser sa fonction biologique, organique, la dépasser ontologiquement. Mais votre ontologie est de mort, la finalité hideuse qui se cache derrière vos rêves idylliques c'est la boue biologique indifférenciée prête à servir toute idée technicienne. Votre avantage : que la majorité de la société pense qu'elle est différente de vous, que vous ne représentez qu'une secte ultra-minoritaire, déjantée, sans lien avec la dure réalité, alors que vous êtes l'avant-garde de ce monde, la fine pointe de ce « on » flasque et repu qui suit toujours avec des années de retard les idées les plus funestes mais qui toujours les rattrape, car « on arrête pas le progrès ». Mais, là où le monde vous tient, comme les autres, les retardataires, c'est par l'économie. Nous y revoilà, vous, comme tous vous semblables, comme la scientologie, comme l'ensemble de nos contemporains vous êtes tenus par ces idées qui vous possèdent. Dieu n'existe pas, bien, vous êtes fort, vous êtes lucides mais celui que l'on nomme légion vous tient dans ces rais qu'il nomme monnaie, argent, or, transferts de fonds, liquidité, moyen de paiement, finances, financements, actions, dividendes, profits, gains, pertes, investissements ...

Allez, allez, mais oui, vous êtes libres (de le croire) !

Pendant ce temps, pendant ce temps, justement : nouvel acte de la crise financière ? Non, juste une grosse filouterie signée Bernard Madoff, un expert, un as, un scientifique du pognon quoi. Pendant ce temps, pendant ce temps, entendu à la radio : une dame âgée, à la retraite, quelque part en France, s'organise, toute seule pour apporter un peu de réconfort et de nourriture aux délaissés de son quartier ! Elle reçoit peu et donne beaucoup. Ici nul besoin de métaphysique !