Aussi surprenant qu’il n’y paraisse, il y a dans le monde plus d’adultes souffrant de surpoids que de la faim. Et si l’obésité n’a pas de frontières, les pays en développement sont aujourd’hui confrontés à un double fardeau : la sous-alimentation et l’obésité.
Le Mexique, pourtant secoué par les émeutes de la faim de 2008, se place aujourd’hui en deuxième position des pays les plus gros derrière les Etats Unis. Au Brésil, le surpoids concerne près de la moitié des habitants. En Chine, le nombre d’obèses a doublé en cinq ans et l’Afrique subsaharienne n’est pas épargnée non plus.
Ce renversement de situation s’expliquerait par ce qu’on appel la transition nutritionnelle que connaissent les pays en développement. La globalisation a entrainé dans son sillage une uniformisation culinaire et l’importation de mauvaises habitudes alimentaires. L’invasion des fast-food et des supermarchés occidentaux s’est effectuée à une allure incroyable et les régimes traditionnels parfois ancrés dans la culture depuis des siècles laissent place à des repas riches en graisse et en sucre.
Les migrations urbaines sans précédent ont totalement bouleversé les modes de vie et annoncé le déclin du travail de la terre au profit des activités sédentaires. Le rythme de la vie en ville favorise les repas comportant davantage d’aliments transformés qui se prennent plus souvent hors de la maison.
Si cette situation est le reflet d’une certaine élévation du niveau de vie dans les zones urbaines, les problèmes d’accès à la nourriture persistent : la faim en est une conséquence. L’obésité une autre. Car les personnes obèses souffrent souvent des mêmes carences en vitamines et minéraux que les personnes sous-alimentées. Et il n’est pas rare de voir cohabiter dans une même communauté, voir une même famille, des enfants souffrant de la faim au milieu d’adultes en surpoids.
Car l’obésité est d’autant plus paradoxale qu’elle touche des populations ayant auparavant souffert de la faim. Selon une étude médical, l’insuffisance de poids dans l’enfance prédisposerait en effet à l’obésité à l’âge adulte.
Les politiques mondiales d’accès à la nourriture seraient-elles à réviser totalement? Le FAO, dont l’objectif à sa création était “d’aider à la construction d’un monde libéré de la faim”, se voit d’orénavent dans l’obligation de considérer l’obésité comme un problème à affronter sur le même plan que celui de la sous-alimentation…