Je ne connaissais pas le manga « 20th century boys », mais l’ami PaKa a comblé mes lacunes en la matière en m’expliquant que cette BD-fleuve (24 volumes) est culte au Japon, qu’elle est signée par Naoki Urosawa, l’auteur de « Monster » (ça je connais !), que la série a gagné un grand prix à Angoulême en 2004 et que, pour résumer, « c’est une BD ki déchire grave, j’kiffe »… Bref, ça m’a donné envie de voir l’adaptation sur grand écran, signée Yukihiko Tsutsumi, qui est sortie cette semaine dans nos salles…
L’histoire semble assez fidèle au manga d’origine. La narration se déroule en 2015. Un prisonnier raconte à son voisin de cellule l’histoire d’un vrai héros, Kenji, et des événements qui ont permis à l’humanité de survivre au passage à l’an 2000.
Tout commence en fait en 1969, quand Kenji et sa petite bande se réunissent dans leur base secrète, une petite cachette faite de hautes herbes dans un terrain vague, et imaginent ce que sera le futur. De leurs esprits enfantins naissent des histoires apocalyptiques d’épidémies mortelles, d’attentats meurtriers, d’attaques de robots géants, et d’un groupe de héros sauvant l’humanité. Des histoires consignées dans un cahier d’écolier rebaptisé « livre des prédictions ». Puis les gamins enterrent leur œuvre, se séparent et oublient peu à peu cet épisode de leur enfance.
En 1997, le passé ressurgit dans la vie de Kenji. Celui-ci n’est pas devenu rock-star, comme il l’avait rêvé, mais a repris la boutique de son défunt père. Il élève seul sa nièce Kanna, encore bébé, que lui a confié sa sœur avant de disparaître brusquement. Un jour, des policiers viennent l’interroger sur la disparition d’un de ses clients, un professeur en robotique. En partant récupérer les bouteilles d’alcool qu’il a livré chez ce client, Kenji remarque un curieux symbole gravé à côté d’une porte, qui lui rappelle celui que sa bande et lui avaient dessiné comme emblème.
Ce symbole est aujourd’hui utilisé comme blason d’une étrange secte millénariste, dirigée par un homme mystérieux, Ami, qui semble hypnotiser les foules et rêve de conquérir le monde.
Des catastrophes commencent à secouer la planète, reproduisant à l’identique les scénarii écrits dans le cahier de prédictions…
L’intrigue, de prime abord assez confuse, devient vite très prenante, grâce à l’habile construction narrative en flashbacks, qui oscille entre les époques et recèle bon nombre de rebondissements. On sent que l’ensemble a été adapté avec soin et beaucoup de révérence à l’œuvre originale, dont l’auteur a d’ailleurs été invité à participer à l’écriture du script. Généralement un gage de fidélité au matériau de départ…
Niveau scénario, rien à redire, c’est très réussi et on finit par entrer complètement dans cette histoire invraisemblable, qui évoque un peu le « Ca » de Stephen King mixé avec le « 1984 » d’Orwell, et mâtiné d’un bon nombre de mangas faisant intervenir robots géants et justiciers costumés…
Niveau mise en scène, en revanche, c’est nettement moins probant. Le cinéaste, pourtant auteur du barré 2LDK, se contente d’une illustration appliquée et mollassonne (avec notamment quelques baisses de rythme malheureuses dans la première moitié du film), sans véritable fausse note, mais également sans génie. On imagine ce qu’aurait pu donner une telle entreprise entre les mains d’un Takashi Miike ou d’un Mamoru Oshii…
L’essentiel, toutefois, est assuré. On ne s’ennuie pas pendant les longues 2h20 que dure la projection de 20th century boys, et surtout, on attend la suite avec une certaine impatience, les auteurs ayant pris soin de clore ce qui constitue le premier volet d’une trilogie par de savants cliffhangers (1). Mieux, le film donne une furieuse envie de découvrir le manga original… Mais glups… 24 volumes quand même… (2)
Note :
(1) : « cliffhanger » : procédé narratif consistant à terminer une œuvre sur une fin abrupte, ouverte, destinée à créer un fort suspense en attendant la suite de l’œuvre. Le procédé est très employé dans les séries télévisées. A la fin d’une saison, l’emploi d’un cliffhanger permet de fidéliser le spectateur et de lui donner envie de voir la suite.
(2) : « 20th century boys » de Naoki Urosawa – 22 volumes – ed. Marvel/Panini France & « 21st century boys » – 2 volumes – meme auteur, meme éditeur