Le polar et la manière, suite : les feux de l'amour et du hasard

Publié le 23 janvier 2009 par Boustoune


Comme les amateurs de polars, Ray aurait dû savoir que quand un homme entretient une relation adultère avec une femme mariée, et que cette dernière le pousse à commettre un acte crapuleux, ça ne laisse présager rien de bon… Pourtant, pour les beaux yeux de Carla (mais non, pas Carla Bruni…), il va se laisser embarquer dans une histoire dévastatrice. Tout bascule le jour où Carla découvre que son mari, une brute épaisse, archétype du parfait macho, chache une forte somme d’argent, illégalement acquise. Elle réussit à convaincre Ray de voler ce butin et de faire croire qu’il est littéralement parti en fumée, en brûlant sa maison. Pour effectuer la basse besogne, les deux amants engagent un petit malfrat local. Le plan semble parfait, mais plusieurs grains de sable vont venir gripper les rouages de leur machination. Ray va se retrouver entraîné dans une spirale de violence, de mensonges, de chantage et de mort, où chaque acte a des conséquences…
 
La grande force de The square, c’est sa brillante construction narrative, qui recycle tous les lieux communs du genre en réussissant malgré tout à surprendre le spectateur.L’intrigue progresse par à-coups, par l’intermédiaire de différents nœuds narratifs qui génèrent de nouveaux enjeux, de nouveaux points de tension et de suspense. Mieux vaut donc les garder sous silence pour préserver l’intérêt de cette mécanique parfaitement huilée, signée par Joel Edgerton et réalisée par son frère Nash, dont c’est le premier long-métrage.
 
Sa mise en scène, sobre et terriblement efficace, emprunte un peu à Hitchcock ou aux premiers films des frères Coen, et beaucoup à Sam Peckinpah, pour le côté sec et nerveux des cadrages et la dimension tragique de l’œuvre. Car autant prévenir mes lecteurs, il s’agit d’un film noir, très noir, où l’espoir n’a pas droit de cité. Avec ses personnages tourmentés, obligés de dépasser leurs limites personnelles, physiques et morales, The square touche à l’essence même du genre et va jusqu’au bout de sa démarche funèbre.

Ce petit film australien s’appuie également sur le jeu de ses acteurs, tous quasi-inconnus et tous remarquables. Avec ses faux airs de James Stewart, David Roberts est un vrai personnage de film noir, impeccable dans le rôle de ce type ordinaire, un peu lâche et magouilleur, qui accumule les mauvaises décisions et qui fonce irrémédiablement dans une voie sans issue. A ses côtés, Claire Van der Boom fait des débuts remarqués, en femme apeurée, mais bien décidée à saisir la chance d’une nouvelle vie…
Des trois polars de la semaine, The square était le moins attendu. Au final, c’est lui qui créé la surprise en s’élevant bien au-dessus du lot. A ne pas manquer pour les amateurs de vrais films noirs…

Note :

 

Tags : polar, The square, Nash Edgerton, adultère, amants, butin