Iain Softley n'a jamais été un réalisateur génial : pour tout dire, ses meilleurs films valaient surtout pour la qualité de leur interprétation (Helena Bonham Carter dans Les ailes de la colombe, et surtout le duo Bridges - Spacey dans K-Pax). Le problème dans la carrière d'un yes man, c'est quand la qualité des scénarii proposés (pour ne pas dire imposés) se met à décliner irrémédiablement, façon pour les producteurs de vous montrer que vous êtes non seulement un tâcheron de première, mais en plus un gros mauvais même pas capable de pondre un truc efficace et un tant soit peu sexy. Après La porte des secrets, bidule fantastique aussi ordinaire que son titre tout banal, voici donc Coeur d'encre, dont on ne comprend pas vraiment s'il fait dans l'heroic-fantasy, le conte pour enfants ou que sais-je encore.
Porté par un Brendan Fraser toujours aussi mou dès qu'il s'agit de jouer des héros un rien sérieux, Coeur d'encre est juste nul et sans intérêt du début à la fin, ne parvenant à rendre ni ludique ni inquiétante cette histoire de personnages s'échappant de leurs bouquins. On ne compte plus le nombre de grosses foirades parmi les films sur ce thème pas si évident ; il faudrait peut-être arrêter de faire réaliser ça par des gros nuls. Car le film est une grosse ratatouille de clichés sur la famille, le pouvoir des livres, la puissance du patrimoine, avec des personnages plats comme des limandes. À tel point que le grand jeu à pratiquer pendant ce long calvaire est le fameux « mais qui est donc le plus mauvais là-dedans ? ». Pas facile. Allez, mouillons-nous : c'est sans doute Andy Serkis, qui devance de peu tous les autres (Paul Bettany, Fraser, et même une Helen Mirren bien en peine). Depuis que ce type a "joué" Gollum et King Kong, il semble se prendre pour le roi des dramaturges, alors qu'il n'a visiblement que son regard noir pour lui.
Nul besoin d'épiloguer pour faire comprendre l'insondable ennui qui caractérise ce Coeur d'encre qui devrait, par la grâce de son énorme plantade au box-office (moins de 8 millions pour son premier week-end américain, entre autres chiffres réjouissants), sceller le sort de ce qui aurait dû être une trilogie. Auraient pu suivre un Mort d'encre et un Sang d'encre également adaptés des romans d'une certaine Cornelia Funke. Tellement dommage que ce projet si passionnant s'arrête là...
1/10