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Andropause

Publié le 03 février 2009 par Marieclaude

On définit l'andropause comme l'ensemble des symptômes physiologiques et psychologiques qui accompagnent la baisse de testostérone chez l'homme vieillissant. Elle surviendrait habituellement entre 45 ans et 65 ans.

L'andropause, du grec andros, qui signifie « homme », et pausis, « cessation », est souvent présentée comme le pendant masculin de la ménopause.

Ces symptômes vont de la baisse de l'appétit sexuel à l'arrivée de problèmes érectiles en passant par une sensation d'être à court d'énergie. Des épisodes de transpiration excessive, des problèmes d'insomnie et une prise de poids pourraient aussi s'ajouter aux répercussions d'un déclin de production d'hormones sexuelles.

Considérée comme un dysfonctionnement par certains, comme une phase normale de la vie par d'autres, l'andropause demeure un sujet controversé. Qui plus est, le seul médicament offert, la testostérone, n'a pas fait ses preuves, que ce soit en matière d'efficacité ou d'innocuité.

Ménopause pour les unes, andropause pour les autres?

La comparaison entre l'andropause et la ménopause est plutôt boiteuse. L'andropause touche seulement une minorité d'hommes. Aussi, elle ne marque pas l'arrêt de la fertilité. Par ailleurs, le déclin hormonal chez l'homme est partiel, progressif et inconstant, contrairement à la femme, chez qui les hormones chutent de façon marquée sur une courte période de temps. Chez les hommes, une légère baisse de production de testostérone s'amorcerait dès la trentaine ou la quarantaine. D'après ce que les experts ont observé, la concentration en testostérone dans le sang diminuerait d'environ 1 % par année.

Prévalence

On ne possède pas de statistiques précises sur la prévalence de l'andropause. Tous les hommes connaissent une certaine baisse de testostérone avec l'âge. Cependant, certains seulement auront des symptômes d'andropause, pour des raisons qu'on ignore. Il se pourrait que ces hommes soient physiologiquement plus sensibles à la baisse d'hormones. Les habitudes de vie auraient aussi, semble-t-il, une grande influence sur les symptômes.

Selon une étude, environ un homme sur cinq âgé de 60 ans ou plus aurait un taux de testostérone plus bas que celui mesuré chez de jeunes hommes1.

Vraiment une question de testostérone?

La testostérone est offerte en guise de traitement à l'andropause depuis une dizaine d'années. L'objectif du traitement est avant tout de réduire les symptômes. Les firmes pharmaceutiques soutiennent, quant à elles, que la testostérone pourrait aussi retarder le processus de vieillissement : moins de perte de masse musculaire et de risque de fractures, plus de vigueur sexuelle, dont de meilleures érections, etc. Ces effets n'ont toutefois pas encore été démontrés scientifiquement.

Voici les principaux facteurs qui font du traitement de l'andropause un sujet délicat et complexe.

  • Il n'y a pas de symptômes spécifiques à l'andropause. Tous les symptômes ressentis peuvent être la conséquence d'autres problèmes de santé, comme une dépression ou des problèmes vasculaires.
  • L'association entre un taux de testostérone peu élevé et les symptômes d'andropause serait faible, selon diverses études. Certains experts estiment que les symptômes de l'andropause seraient davantage le résultat de mauvaises habitudes de vie2.
  • Le taux de testostérone qui reflète une « insuffisance » chez les hommes d'âge mûr est inconnu. De plus, ce taux varie d'un homme à l'autre. Les échelles utilisées actuellement comportent un important degré d'imprécision et reposent sur des moyennes établies chez de jeunes hommes.
  • Les bénéfices et les risques du traitement à la testostérone, à court comme à long terme, ne sont pas clairement établis par des essais cliniques. La principale crainte liée à ce traitement chez des hommes plus âgés est d'entraîner l'apparition d'une hypertrophie bénigne de la prostate, d'un cancer de la prostate ou d'un cancer du sein. À l'instar des hormones prescrites aux femmes ménopausées, il se peut que l'on découvre a posteriori que ce traitement à la testostérone présente certains risques pour la santé.
  • D'autres changements hormonaux pourraient expliquer les effets de l'andropause. La DHEA (déhydroépiandrostérone), l'hormone de croissance, la mélatonine et, dans une moindre mesure, les hormones thyroïdiennes, exercent aussi leur influence.

La testostérone

La testostérone est l'hormone sexuelle prépondérante chez l'homme. On l'associe à la vitalité et la virilité. Elle est responsable de l'apparition des caractères sexuels masculins à la puberté. Elle contribue également à maintenir la santé des os et la fermeté des muscles, et stimule la production du sperme et des globules rouges. La manière dont le gras s'accumule sur le corps est aussi influencée par cette hormone. Les femmes en produisent aussi, mais en très faible quantité.

Les testicules fabriquent la testostérone. La quantité de testostérone produite dépend des signaux envoyés par des glandes situées dans le cerveau : l'hypothalamus et l'hypophyse. Divers facteurs vont favoriser ou inhiber la production de testostérone. Les rapports sexuels, par exemple, la stimulent. Une fois produite, la testostérone circule dans le système sanguin et se lie à des récepteurs de divers tissus, où elle exerce ses effets.

Diagnostic

Le traitement de l'andropause étant récent, les critères menant au diagnostic ne s'appuient pas sur une base scientifique solide.

Le médecin s'informe d'abord des symptômes ressentis par son patient. Il peut utiliser certains formulaires d'évaluation pour mieux dépeindre l'intensité des symptômes, comme le test AMS (pour Aging Male Score) ou le test ADAM (pour Androgen Deficiency of the Aging Male).

Il s'agit d'une bonne occasion pour établir un bilan de santé complet : analyses sanguines (profil lipidique, hormones thyroïdiennes, antigène prostatique spécifique, etc.), portrait de la santé cardiovasculaire, survol des habitudes de vie. Une liste des médicaments et des produits de santé naturels consommés complètera le tout. Ce bilan aidera à exclure les autres causes possibles des symptômes ressentis (anémie, dépression, hypothyroïdie, fatigue chronique, problèmes de circulation sanguine, effets indésirables de médicaments, etc.).

Les tests sanguins

Voici quelques explications au sujet des tests qui servent à évaluer s'il y a une déficience en testostérone. Elles peuvent sembler un peu complexes de prime abord.

Selon l'International Society for the Study of Aging Male (ISSAM), les tests visant à mesurer les taux sanguins de testostérone devraient faire partie du diagnostic puisque les symptômes pourraient ne pas être reliés à l'andropause3. Mais ces tests sont pratiqués seulement si plus d'un symptôme se manifeste.

  • Le taux de testostérone totale. Le résultat à ce test inclut à la fois la testostérone liée à un transporteur (la sex hormone binding globuline ou SHBG et, dans une moindre mesure, l'albumine) et la testostérone qui circule librement dans le sang.
  • Le taux de testostérone libre. Cette mesure est importante puisque c'est la testostérone libre qui est active dans le corps. En moyenne, environ 2 % de la testostérone circule librement dans le sang. Il n'existe pas de test qui mesure directement le taux de testostérone libre. Les médecins procèdent donc à une estimation par calcul : ils mesurent le taux de sex hormone binding globuline (SHBG) dans le sang puis le soustraient du taux de testostérone totale.

Note. Il est aussi possible de calculer le taux de testostérone biodisponible, c'est-à-dire liée à l'albumine, mais non à la SHGB. Certains experts estiment qu'il s'agit de la « vraie » testostérone, puisque celle liée à l'albumine peut être libérée rapidement dans les tissus. Cependant, cette hypothèse reste à être prouvée. Pour l'instant, cette mesure n'offre donc aucune information supplémentaire aux tests précédents, selon le Dr Jean-Patrice Baillargeon.

Symptômes

Chez certains hommes, ces symptômes peuvent s'expliquer par une baisse de la production de testostérone3.
  • Une baisse de l'appétit sexuel.
  • Des érections moins vigoureuses et moins fréquentes.
  • Des épisodes de transpiration excessive non liés à un effort physique.
  • Une diminution d'énergie, une fatigue persistante et une perte du sentiment de bien-être.
  • De l'insomnie.
  • De l'irritabilité ou une humeur changeante.
  • Un état dépressif.
  • Une réduction de la masse musculaire, donc de la force physique.
  • Une augmentation de la graisse abdominale.
  • Une fragilité osseuse.
  • Une prise de poids.
  • Des douleurs musculaires et articulaires.
  • Une diminution de la pilosité.

Personnes à risque

On en sait encore trop peu sur l'andropause pour déterminer si certains hommes sont plus à risque.

Facteurs de risque

Ces facteurs ont été associés à un plus faible taux de testostérone9.

  • La consommation excessive d'alcool et de marijuana.
  • Un surplus de poids. Une augmentation de quatre ou cinq points d'indice de masse corporelle équivaudrait à un vieillissement de dix ans relativement à la baisse de testostérone10.
  • L'obésité abdominale.
  • Le diabète et le syndrome métabolique.
  • Des taux de lipides sanguins, notamment le cholestérol, en dehors des valeurs normales.
  • Une maladie chronique.
  • Des problèmes au foie.
  • Le stress chronique.
  • La prise de certains médicaments, comme les antipsychotiques, certains anti-épileptiques et les narcotiques.

Peut-on prévenir?

Dans une certaine mesure, on pourrait atténuer l'impact des symptômes en adoptant un mode de vie sain, puisque celui-ci influence le taux de testostérone. Voir les conseils de notre diététiste dans Diète spéciale Andropause, ainsi que la section Facteurs de risque.

Traitements médicaux

Des cliniques spécialisées en andropause ont vu le jour ces dernières années. Si une déficience en testostérone est diagnostiquée, un traitement hormonal à la testostérone peut être entrepris. Il s’agit du seul traitement médicamenteux offert actuellement.

Aux États-Unis, la prescription de testostérone a augmenté de 400 % entre 1999 et 20041. Cette tendance ne se remarque pas en Europe et en Australie.

Cependant, si la dysfonction érectile est le principal symptôme, la prise d'un inhibiteur de la phosphodiestérase de type 5 (Viagra®, Levitra®, Cialis®) est souvent envisagée en premier lieu. Selon le cas, une consultation avec un psychologue ou un sexologue peut être profitable. Consulter aussi notre fiche Dysfonction sexuelle masculine.

Hormonothérapie à la testostérone

D’après ce que les médecins observent en clinique, certains hommes bénéficieraient de ce traitement. En effet, l’hormonothérapie à la testostérone pourrait accroître la libido, améliorer la qualité des érections, augmenter le niveau d’énergie et affermir les muscles. Elle pourrait aussi contribuer à une meilleure densité minérale osseuse.

On ne sait toutefois pas si l’hormonothérapie à la testostérone pose des risques pour la santé à long terme. Des études sont en cours. On évoque un risque potentiellement accru :
- d’hypertrophie bénigne de la prostate;
- de cancer de la prostate;
- de cancer du sein;
- de problèmes au foie;
- d’apnée du sommeil;
- de caillots sanguins (la testostérone stimule la production de globules rouges).

Par précaution, des tests de dépistage du cancer de la prostate sont pratiqués avant de commencer l’hormonothérapie, puis sur une base régulière par la suite.

Cela peut prendre environ trois mois avant que les effets thérapeutiques de la testostérone ne se manifestent pleinement.

Modes d’administration de la testostérone

  • Les injections intramusculaires. Il s’agit du premier mode d’administration à être entré sur le marché, mais on l’emploie de moins en moins étant donné l’inconfort de l’injection. Il y a d’abord eu le propionate de testostérone, qui devait être injecté tous les deux ou trois jours. Puis, le cypionate (Depo-Testostérone®) et l’enanthate de testostérone (Delatestryl®), injectables chaque semaine ou aux deux semaines.
  • Les comprimés. Ils sont plus rarement employés. L’undécanoate de testostérone (Andriol®) a le défaut de procurer un taux variable de testostérone et certains hommes doivent prendre plusieurs comprimés par jour. Les autres formes de testostérone en comprimés peuvent causer une toxicité au foie.

Les deux modes d’administration suivants sont apparus plus récemment sur le marché. Ils procurent un taux de testostérone plus stable. Ils peuvent cependant causer une irritation cutanée.

  • Les timbres transdermiques. Ils sont appliqués sur le tronc, le ventre ou les cuisses, chaque soir, en variant les sites d’une fois à l’autre (Androderm®). Deux doses sont offertes. Les premiers timbres mis sur le marché s’appliquaient sur le ***, ce qui posait des problèmes d’adhérence.
  • Le gel transdermique. Le gel (Androgel® et Testim®) tend peu à peu à remplacer les timbres. Il est appliqué quotidiennement sur le bas-ventre, le haut des bras ou les épaules, sur une peau propre et sèche pour une absorption maximale (après la douche du matin, par exemple). On doit ensuite attendre de cinq à six heures avant de mouiller la peau, le temps que le médicament soit absorbé. Attention, la médication peut cependant être transmise au partenaire par contact de la peau.

Un traitement approuvé, mais controversé

Santé Canada et la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis approuvent plusieurs produits à la testostérone pour soulager les symptômes causés par une insuffisance en testostérone chez des hommes d’âge mûr. Mentionnons que la testostérone est efficace et sécuritaire pour traiter l’hypogonadisme, un traitement employé depuis des dizaines d’années.

Cependant, des autorités en santé publique ainsi que des regroupements de médecins font remarquer que l’on détient peu de preuves quant à l’efficacité et à la sécurité du traitement à la testostérone pour soulager les symptômes d’hypogonadisme chez les hommes d’âge mûr, lorsque les taux de testostérone ne sont pas franchement abaissés3-7. Ainsi, le National Institute of Aging4 des États-Unis, une division des National Institutes of Health (NIH), et l’International Society for the Study of the Aging Male3, ont émis des rapports indiquant que les quelques essais cliniques réalisés jusqu’à présent ont obtenu des résultats contradictoires en matière d’efficacité13.

Par ailleurs, l’Endocrine Society des États-Unis, dont l’un des rôles consiste à émettre des recommandations aux médecins basées sur l’état des recherches, estime que les preuves sont insuffisantes pour établir un protocole officiel de traitement de l’andropause5.

Cela dit, puisqu’en pratique la testostérone est employée pour soulager les symptômes de l’andropause, ces mêmes organismes se sont entendus sur des lignes directives préliminaires auxquelles les médecins se réfèrent.

L’opinion de notre médecin

Si vous avez plus d’un des symptômes énumérés dans cette fiche, et surtout s’ils affectent votre qualité de vie, il est important d’en parler à votre médecin. Celui-ci vérifiera si vos taux de testostérone connaissent une baisse importante. Des taux de testostérone franchement abaissés requièrent un traitement de remplacement hormonal, sauf s’il y a une contre-indication, afin d’éviter la fragilisation des os ainsi que les fractures.

Ce qu’on appelle habituellement l’andropause fait référence à des malaises qui sont associés à une légère baisse de la testostérone avec l’âge. Si vous êtes dans cette situation, il n’est pas certain que vos malaises soient reliés à cette baisse de testostérone; ils pourraient être simplement une conséquence du vieillissement.

Il est normal de se sentir inquiet lorsque certains maux traditionnellement associés à l’âge nous affectent, et de chercher des réponses à ses questions. Cela dit, un traitement à la testostérone comporte des risques, surtout chez les personnes âgées. Prendre de la testostérone tandis que cela n’est pas indiqué ne vous aidera pas et ne vous rendra pas votre jeunesse. Cela pourrait même vous rendre plus malade. Dans le doute, votre médecin pourrait vous suggérer un traitement d’essai de six mois : si vos symptômes ne sont pas vraiment soulagés, il faudrait l’interrompre en raison des risques potentiels à long terme.

En évitant l’obésité et en restant actif, vous pouvez ralentir le déclin de la testostérone avec l’âge, et donc des symptômes d’andropause qui peuvent l’accompagner.

Dr Jean-Patrice Baillargeon, endocrinologue

Bonne journée,

Marie claude

ref: Passeport.sante


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