D’un goût exquis, cette histoire de jambe, celle de Sarah Bernhardt gisant dans les locaux historiques de la faculté de médecine de Bordeaux.
Sarah par Nadar… Jeune et jolie!
En février 1915, l'actrice se fit opérer dans une clinique bordelaise d'une tuberculose osseuse du genou, probablement gangrené. Sa jambe droite fut alors coupée au-dessus du genou.
Allez donc savoir pourquoi, le membre de l’illustre tragédienne fut alors conservé au laboratoire d'anatomie dans un “musée des curiosités” de l'Institut médico-légal à côté d’un coeur poignardé, un foetus de siamois, une corde de pendu et autres joyeusetés…
En 2000, le laboratoire de médecine légale déménagea, abandonnant derrière lui de nombreuses pièces. Des travaux engagés en 2008 dans les anciens locaux firent réapparaître la guibolle de Sarah ou plutôt une jambe « anonyme » dans le formol et dans un bocal en verre. Subsiste un bout d'étiquette portant l’ inscription “S”. Mais c’est une jambe « assez grossière et courte qui se termine par une sorte de masse de chair en forme de botte orthopédique, sans orteil ». “On me l'a présenté comme étant la jambe de Sarah Bernhardt”, assure l'auteur de Bordeaux secret et insolite. Michel Bénézech, l'ancien professeur associé des universités en médecine légale, indique : “Sur la photo et dans la réalité, c'est une jambe gauche coupée au-dessous du genou. Ça ne peut pas être celle de Sarah Bernhardt, qui était droite, longue et maigre”.
Derrière cette histoire se cache un certain Emile, “un coquin, catcheur, qui ne voyait pas toujours très clair”, mort depuis, et qui aurait « incinéré la jambe de l'actrice”, par erreur. Et le professeur Bénézech de continuer : après s'être rendu compte de sa bêtise, il a certainement collé la bonne étiquette sur l'autre jambe, la mauvaise !”
Ah ! Sacré Emile tout de même…
Des expertises ADN, trop coûteuses, ne seront pas engagées.
Pauvre Sarah, repose en paix !
Une amusante image publicitaire. De gauche à droite : Sarah Bernhardt, Cléo de Mérode, la belle Otéro et Yvette Guilbert