Le roi est nu par François Hollande

Publié le 03 février 2009 par Letombe
Le gouvernement, à l’image des dirigeants chinois d’une autre époque, annonce 1000 projets de relance.

Je ne sous-estime pas l’intérêt de chacune de ces opérations. Mais pour en connaître au moins une dans mon propre département, la Corrèze, je sais qu’il faudra des mois, voire des années, pour arriver à consommer les quelques crédits supplémentaires qui viennent d’être inscrits.

Tout ça ressemble davantage à de la poudre aux yeux qu’à un plan structuré, hiérarchisé, réorganisé. On anticipe davantage la consommation de dépenses publiques initialement prévue, que l’on ne met en place des investissements traduisibles en emplois et en activité.

Ce serait une faute que d’imaginer que ces grands chantiers, qui ne sont parfois que des petits travaux, pourront répondre à l’ampleur de la crise. Et ce serait une erreur encore plus terrible que d’escompter apaiser la colère exprimée lors de la journée du 29 janvier avec ce type de mesurettes.

À lire l’interview de François Fillon dans Le Monde, on se prend même à se demander si le Premier ministre n’est pas devenu un « jovial qui se moque » dans cette période de tourmente.

Le voilà qui se félicite que le service minimum ait été appliqué lors de cette journée d’action, qui ajoute y avoir vu «une forme de soutien exigeant aux initiatives que la France a prises pour engager la refonte des institutions financières internationales ». Il analyse enfin que cette contestation est celle qui touche à la mondialisation et non à la politique de Nicolas Sarkozy.

Et pour finir, François Fillon annonce que rien ne serait pire qu’un changement de cap. Bref, il ouvre un dialogue dont il connaît d’ores et déjà l’épilogue. Il pousse même la plaisanterie jusqu’à appeler à un « Grenelle du PS » plutôt qu’à un Grenelle de la relance. Il ferait mieux de s’occuper des affaires qui le concernent : elle sont suffisamment graves pour qu’il évite d’user d’un sens de l’humour qui n’est décidément pas son fort.

Ce qui est inquiétant dans la fin de non-recevoir exprimée par le Premier ministre, comme dans l’annonce de l’émission spéciale du Président qui, nous dit-on, tournera à l’exercice de pédagogie, c’est que les deux chefs de l’exécutif paraissent désarmés dans cette période, comme privés de ressorts, comme incapables de changer non seulement de cap, mais de rythme et de méthode.

La crise est celle, sans doute, d’un système de pensée, mais elle est aussi le révélateur des limites de l’exercice du pouvoir de Nicolas Sarkozy. L’incantation, l’excitation, l’énervement, l’autojustification ne peuvent se substituer à la politique. Quand celle-ci échoue, finalement le roi est nu, même s’il ne se veut pas fainéant.

François Hollande