Campagne du Chettinad, Tamil Nadu, juillet 2008
Le monde m’a chuchoté une chose : là où la pauvreté étrangle le quotidien, les couleurs s’efforcent souvent de prendre le dessus. Et ce qui se devine dans le regard et le sourire des humbles se voit aussi sur leurs étoffes. La joie n’attend pas la richesse matérielle pour éclater où bon lui semble. Toute la campagne indienne resplendit ainsi de gemmes soyeux, que l’écrin vert des rizières fait briller loin. D’ailleurs, non, il n’y a pas de pauvreté dans les champs : d’aussi loin que les sourires et les chants jaillissent, on voudrait croire à l’harmonie retrouvée entre les battements de la terre et les cœurs arables, si les métayers n’étaient pas aux ordres du grand capital.
Le dépit fut d’autant plus grand à Bangalore à la fin du voyage, lorsque je découvrais une jeunesse grise en uniforme occidental, baladant Levi’s et Converse sous les néons clignotants, le sourire planqué dans les sacs à main simili cuir.