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Anthologie permanente : Guy Viarre

Par Florence Trocmé

Rappel : les éditions fissile poursuivent, livre après livre, la publication des œuvres de Guy Viarre. Viennent de paraître échéances du mort et restes noirs

Mais qui plonge sa main dans la convulsion
qui le tend le plat sauvage qui chargé
d’infranchissable désaltère

Comme le pain prend la farine
comme le fruit l’indifférence très importante
écoute comme la terre
endormie est derrière.

La hache interrompt le plaisir de l’arbre
pour l’empêcher de succéder au ciel
la hache invente la passion

Guy Viarre, échéances du mort, fissile, 2008, pp. 30, 31 et 35

*

Litière de l’infini

Comme laine sur les épaules légères du vide de la destruction

Lumière qui a bouilli

Guy Viarre, restes noirs, fissile, 2008, p. 15

Guy Viarre est né le 23 juin 1971 dans la Somme. Il se suicide à l’âge de trente ans, le 17 octobre 2001 à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées où il vivait depuis l’enfance.
Sa poésie, d’une rare tension, porte d’emblée la langue à son point de rupture – et d’exténuement. Elle s’appuie sur un fond sans fond, celui d’une réalité « très affectueuse petite / et couverte de sang », qu’elle braque d’un vers en canon-scié, qu’elle pilonne en kamikaze exténué, sans relâche, d’un ressassement perdu d’avance mais qui ne prend pas fin, que même la mort ne peut que retourner sur lui-même, en vieil Ourobouros raffamé.
Ce qui fait enfin la force improbable de la voix de Guy Viarre, ce sont certains gestes improbables et imparables dont, entre autres : la caresse étrangleuse, la frappe lapidaire, l’oblique sans appel, le nœud coulant lent, la vrille subite et l’éternel retour du point définitif. La poésie française passée à la question du vers de Guy Viarre se voit avouer son pire et ne le ravalera pas. Les mots de cela lui resteront longtemps en travers de la gorge – comme un méchant fragment d’os.
En août 2001, Guy Viarre avait accepté de participer à la revue Moriturus, qu’il devait diriger avec Cédric Demangeot, Brice Petit et Lambert Barthélémy. Mais il s’est retiré de ce monde avant la parution du n° 1, laissant en vrac à Tarbes quantité de manuscrits inédits, que les éditions Fissile et Grèges s’emploient depuis lors à publier.
©Cédric Demangeot

Guy Viarre dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1


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