Redoutés de tous, bêtes noires des écoles, les poux sont au centre des attentions d'une scientifique française qui cherche les meilleurs moyens de s'en débarrasser dans son laboratoire de Tours, l'un des quatre au monde à posséder un élevage de poux.
Dans une pièce de quinze mètres carrés, située dans un bâtiment de la faculté des sciences, plus de 10.000 poux vivent dans des petits pots de yaourt en verre, conservés dans des étuves de différentes chaleurs.
La première étuve est chauffée à 28 degrés: "température où les poux vivent normalement", la seconde, à 34 degrés, sert "aux éclosions". Enfin, avant le week-end, ils sont placés dans la troisième étuve à 24°C, température qui ralentit leur métabolisme et "leur permet de ne pas manger pendant deux jours". Ils sont nourris avec du sang de lapin.
"Tout le monde peut avoir des poux. Toutes les catégories sociales. La saleté, l'hygiène n'a rien à voir. Il faut le savoir", assène la chercheuse qui a commencé comme assistante de son mari Charles Combescot, ancien professeur en parasitologie et spécialiste du pou.
Avec son assistante Berthine Toubadé, ingénieure de recherches, Catherine Combescot-Lang, travaille avec des poux de corps, élevés sur du tissu, et des poux de tête, accrochés à trois ou quatre cheveux.
"Les deux présentent les mêmes caractéristiques et nous pouvons donc étudier leur vie, leur cycle de reproduction et leur degré de résistance", souligne la chercheuse, sollicitée par les particuliers -les mamans lui amènent leurs enfants- et par les industriels qui lui demandent de tester, comparer et de rendre le plus efficace possible les produits anti-poux.
"Les tout nouveaux produits engluent le poux, ce dernier ne peut plus respirer et meurt. Ces produits tuent également les lentes. C'est important. Après, il faut bien faire le traitement pour se débarrasser de ces petites bêtes", explique la scientifique. Le pou muni d'une pince puissante à chacune de ses six pattes, s'accroche solidement aux tissus ou aux cheveux.
"Ils ne sont pas totalement éradiqués. C'est d'ailleurs étonnant de faire ce constat au XXIe siècle même si la pédiculose a régressé grâce à une plus grande vigilance et à l'efficacité des produits", souligne la chercheuse avant de se rendre dans une école, comme elle le fait régulièrement, pour rassurer les enfants.
"Avoir des poux cela arrive, ce n'est pas grave", leur dit-elle, avant de leur expliquer "comment bien s'en débarrasser".
Didier BEYNAC
AFP