Au procès des faux électeurs du Ve, Tiberi serre les dents

Publié le 03 février 2009 par Torapamavoa Torapamavoa Nicolas @torapamavoa


Le procès de Jean Tiberi et sa femme Xavière a commencé aujourd'hui. Ils sont soupçonnés, avec neuf autres prévenus, d’avoir inscrit de faux électeurs sur les listes électorales du Ve arrondissement de Paris, dont Jean Tiberi est le maire.
(Source : http://www.liberation.fr/societe/0101316361-au-proces-des-faux-electeurs-du-ve-tiberi-serre-les-dents)
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En arrivant devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, cet après-midi, pour l’ouverture du procès des faux électeurs du Ve arrondissement de Paris, Jean Tiberi et sa femme Xavière ne disent pas un mot. Un homme s’en charge pour eux. «Corrompu !» lance-t-il à l’adresse de l’ancien maire de la capitale et actuel du Ve.
Assis, seuls et l’un derrière l’autre, au milieu de la salle d’audience, le couple Tibéri attend le début du procès. Dans la salle, neuf autres prévenus, eux aussi soupçonnés d’avoir inscrit de faux électeurs sur les listes électorales du Ve. Plusieurs élus politiques, partie civile au procès, sont présents: le Vert Yves Contassot, ou la socialiste Lyne Cohen-Solal. Elle a perdu de 225 voix lors des municipales de mars dernier face à Jean Tiberi.

L’affaire avait éclaté le 23 avril 1997. Accusant le «clan Tiberi» d’avoir «dopé les listes électorales dans son fief parisien», le Canard enchaîné avait estimé «entre 3.000 et 4.000 le nombre d’électeurs inscrits illégalement par le RPR dans le Ve arrondissement». Après les plaintes de plusieurs candidats aux municipales de 1995 et aux législatives de 1997, l’enquête avait mis au jour un système organisé dans lequel des personnes ne résidant pas dans l’arrondissement étaient «incitées» à se faire inscrire sur les listes électorales. On leur promettait en contrepartie divers avantages, tels qu’une place en crèche, un logement ou encore un emploi à la mairie de Paris.

«Inscriptions frauduleuses», «avantage particulier»...

A l’appel de son nom par le président du tribunal, Jean Tiberi se lève. Le sourire de circonstance qu’il arborait jusqu’ici laisse la place un court instant à un autre rictus: il serre les dents, se pince les lèvres. Arrivé devant le président, il se fige, avant de s’asseoir à côté de sa femme, au milieu des dix autres prévenus.
Après l’appel des témoins, le Président explique à chaque prévenu les faits qui lui sont reprochés. Les mots laissent songeur: «manœuvres» et «inscriptions frauduleuses», «maintien d’électeurs n’ayant aucun lien avec le Ve arrondissement» et ayant des «liens affectifs, familiales ou politiques avec un ou plusieurs membres de la majorité électorale», «certificats d’hébergement de complaisance», «recherche d’octroi», «avantage particulier», ou encore le «contrôle du retour des cartes d’électeur portant la mention NPAI (n’habite pas l’adresse indiquée) (…) pour les remettre à la permanence de l’élu ou du RPR»…

Des dizaine de noms de faux électeurs

Le juge prend le temps, pour chaque prévenu, de faire la liste exhaustive des faux électeurs présumés. Et la liste est longue. Elle comporte des dizaines de noms. L’énumération «fastidieuse», reconnaît le président du tribunal, prend plus de cinq minutes à chaque fois, mais donne une idée de l’ampleur des fraudes présumées.
En fin de semaine dernière, la défense de Tiberi a nié les accusations. «La lourde ordonnance» de renvoi «ne met en lumière à aucun moment des faits matériels qui accuseraient mon client», a souligné l’un des avocats de Jean Tiberi. Me Pollet-Bailleux, l'avocate de Lyne Cohen-Solal, affirme elle que la fraude «n'aurait pu se faire sans l'aval de Jean Tiberi», qui était «forcément au courant», tout comme son épouse, omniprésente à la mairie du Ve. Plusieurs de ses parents («Casanova», son nom de jeune fille) figurent d’ailleurs sur la liste des électeurs irréguliers. Les prévenus ont jusqu’au 4 mars pour s’expliquer. Ils encourent jusqu’à un an de prison et 15.000 euros d’amende.