Bonjour,
Tout d'abord, je me présente : Catherine, 42 ans, d'Ecouflant (49)
Cela fait longtemps que je lis vos articles. Je ne me suis jamais inscrite parce que ... ben ... intéressée mais sans compétences particulières pour prétendre apporter une quelconque contribution !
Aujourd'hui, je voudrais juste témoigner... pas un avis, pas une contribution "d'experte", juste un vécu, une réalité !
En 1989, jeunes mariés, mon mari et moi décidons de "tenter notre chance" aux USA.
D'abord comme beaucoup, nous faisons des petits boulots (Restaurants, commerces, enseignement...), installés dans le middle west, d'abord dans l'Iowa puis l'Indiana pour petit à petit "construire notre rève américain" et nous intaller dans l'Ohio. Nous trouvons alors un boulot "sérieux" en 1994 dans une des "real-estate" les plus importants du coin (Sibcy-Cline pour ne pas la citer), lui à terme, en tant que "Account Executive" - Insurance Services - (comprenez en gros "agent d'assurance" sur les maisons vendues :) et moi en tant que "Realtor" (comprenez en gros "agent immobilier").
TRES bien installés, "rève américain" "acquis", argent facile et sans compter ... nous obtenons la nationalité américaine en 1998.
2 enfants naissent alors (aujourd'hui âgés de 9 et 6 ans), de nationalité américaine et HEUREUSEMENT aussi française (mais uniquement parce que mon mari a insisté, à l'époque, pour que nous fassions le nécessaire pour cela .Trés honnétement, si cela n'avait tenu qu'à moi, ils n'auraient été "que" Américains parce que je ne pensais VRAIMENT pas rentrer en France, un jour). Mes enfants ne parlent d'ailleurs pas le français et ne connaissent pas la culture française .... uniquement limités au virtuel et superficiel US.
Tout ça pour dire que contraints et forcés par la crise (et là bas le mot "crise" paraît faible), nous sommes rentrés en France il y a 2 mois ... et Y RESTERONS !
Pourquoi ?
Je suis sidérée de voir comment en Europe l'information, bien que plus exacte et plus complète qu'aux USA (qui cherche désespérément à cacher la vérité à la population) reste néanmoins trés en dessous de la vérité.
Actuellement, la vérité, est que les USA sont dans un état de délabrement le plus total. A l'exception de la classe la plus aisée (et de plus en plus aisée), soit peut être 10 ou 15 % de la population, le reste est en débâcle sociale et économique.
Des millions de personnes sont ou vont être sans ressources ni abri.
Certaines villes sont désertées à 75 % et pas des moindres. A Cleveland, par exemple, il doit rester 1/3 de la population, la ville paraît être une ville fantôme sans plus aucune activité "officielle". Phoenix en Arizona est pratiquement à vendre en quasi "totalité" comme bon nombre d'autres localités en Californie, au Nevada.... Chaque jour des "convois" de voitures particulière rejoignent les campagnes sur des routes et des autoroutes qui ne sont plus entretenues depuis plusieurs années.
Les aéroports sont à peu prés dans le même état: manque d'entretien... certains vols sont annulés "par sécurité", les commandant de bord refusant de se poser sur tel ou tel aéroport... les services de la circulation aériennne "secondaire" sont de plus en plus réduits : plus d'informations météo "exactes", plus de défense des aéroports contre les oiseaux, trous dans les pistes, végétation non coupée etc... dans ce pays où prendre l'avion est une nécessité et est devenu une "banalité" depuis longtemps.
Les salaires et le chômage : Les salaires effectifs (donnés par les entreprises aux banques) ont été baissés de 20 à 45 % !!!!! en l'espace de 3 ans ... et cela sans que personne ne s'en rende vraiment compte car les cartes de crédit, toujours de plus en plus nombreuses, facilement distribuées et approvisionnées et ré-approvisionnées, compensaient allégrement cette "formalité" que représente le chiffre du salaire effectif sur une feuille de paye : moins de salaire mais plus de sous ... que demande le peuple !
Le chômage : En hausse constante depuis au moins 5 ans ! Là encore les chiffres n'ont pas d'importance aux USA: Les enfants de 14 ans qui remplacent des adultes dans les "fast-food", les garages, les commerces ....aprés leur école; "gonflent" les chiffres de l'économie.
Les adultes, eux, qui vivent de "petits boulots" (services aux particuliers sans être déclarés) et sans être inscrits au chômage (et pour cause, ils n'ont jamais travaillé officiellement) , ne rentrent pas en compte dans les statistiques. Les "demi-adultes" (16/18 ans) qui travaillent officiellement dans divers services (surtout le commerce, la prestation de service...) 20 heures par semaine ou moins pour gagner 3 dollars de l'heure, ne rentrent pas en compte dans les statistiques non plus... pas plus que ne "comptent" les intérimaires "particuliers", les retraités qui (re)travaillent, les clandestins etc... qui font tourner l'économie, qui sont "virés" du jour au lendemain mais qui ne sont jamais chômeurs officiels. Aux USA, les seuls chômeurs existants officiellement sont ceux que l'on ne peut pas cacher et qui viennent des "majors" (Ford, Microsoft...et alias)
Calculs faits, aujourd'hui le taux de chômage aux USA, rapporté au chômage effectif est comparable au chiffre de 1930 ! : pas 7.2 % comme annoncé mais AU MOINS 20 % ... sans compter les enfants et les personnes de plus de 75 ans qui sont obligés de travailler !
Mais là encore... Quelle importance ! Chômeur ou pas, petit salaire ou pas... les cartes de crédit fonctionnent (FONCTIONNAIENT plutôt) à fond. Le petit salaire est utile et intéressant que pour l'argent de poche de l'adolescent ou pour les "menus frais" que l'on ne peut payer avec la C.C ou pour les "faux-frais inavouables" ou chez certains "commerçants" de rue qui n'acceptent pas les C.C !
Moins de travail, plus de sous...que demande le peuple !
Et de toute façon, l'Amérique est grande et puissante, elle s'en remettra et se plaindre là bas, "ça ne se fait pas". Alors on "suit la manoeuvre" et on la ferme !
L'immobilier : 80 millions ( QUATRE VINGT MILLIONS) de maisons bâties en moins de 15 ans ! La moyenne au dessus de $200.000 ré-évaluées à leur "apogée" à $450.000 ou plus (d'où des crédits hypothécaires faciles de plus du double de celui de la maison EN PLUS de celui de la maison) et cela à des foyers gagnant moins de $2000 par mois.
Au début des remboursement "aisés" puis, aidés en cela par les taux variables et la décroissance des prix de leur maison, des primes réclamées dépassant les salaires !
La "reprise" : Je ris quand je lis hier qu'une reprise des ventes de l'immobilier ancien est effective aux USA !!! +6.5 % en décembre !!! J'ai l'impresssion que la nouvelle administration excelle plus que tout autre dans la manipulation des statistiques (et je n'aimais pas Bush !)
En fait, effectivement les maisons "anciennes" (bâties entre 1985 et 2000... voire en construction) se vendent mieux depuis quelques mois ... mais à qui ?
Pas à la population américaine qui continue à être saisie ou à "laisser tomber" son bien avant l'arrivée de la police ... mais à des investisseurs étrangers Russes, Chinois, Français (et oui)....Soit à des particuliers pour les vacances, résidences secondaires... mais surtout à des sociétés (banques....) qui attendent des jours meilleurs en achetant aujourd'hui des biens 50 ou 70% en dessous de leur "valeur" ! Depuis l'automne 2008, les voyages organisés par des agences autrefois spécialisées dans le tourisme d'affaire, les visites d'entreprises etc... se sont reconverties dans les visites de maisons, de condo...
Des ventes accrues aussi ...mais aux banques et au gouvernement US !!!! Et oui, elles sont en faillite les banques US mais savent reconvertir leurs saisies en location pour les personnes qui ne les payent plus ...idem pour le gouvernement qui "prétexte" qu'il faut bien loger les gens ... d'où autant de maisons en moins sur le marché de la "vente officielle" qui fait tomber les chiffres des statistiques !
Au contraire, si on excepte ces tours de passe-passe, le nombre de "foreclosures", de "pre-forclosures", de "owners sales", les "bank owned", les "auction".... est en constante et rapide progression, touchant même maintenant la classe moyenne supérieure (un peu l'équivalent des cadres supérieurs en France).
A cela, il faut ajouter les milliers de maisons DEJA PAYEES ou faisant partie de biens de famille, d'héritages... qui ont servi d'hypothèque à un ou plusieurs crédits à la consommation (voitures, meubles, travaux etc...) qui sont saisies pour honorer cette hypothèque. Certaines de ces maisons sont saisies pour le prix de la voiture, de la télé, des études des enfants, des soins médicaux... qu'elles garantissent mais SANS ENTRER dans les statistiques des agents immobiliers et du gouvernement (qui ne prennent en compte que les crédits immobiliers).
Les USA sont les rois du trafic de chiffres !
Les retraites et le "social": Je n'ose même pas en parler tant les perspectives d'avenir sont anéanties pour la plupart des "vieux" (en retraite ou qui le seront dans les 10 ans). Les entreprises, gestionnaires des fonds de pension sont en faillite aprés avoir "investi" les fonds de pension ou les avoir utilisé pour essayer de limiter les dégâts dans l'entreprise elle même en faillite !
La plupart des gens ont une retraite par capitalisation sur la base de rente viagère (biens dont il estime la valeur aux yeux des futurs actifs). Avec la chute de l'immobilier et/ou la saisie de leur bien, ils perdent 80% de leur retraite , ne leur restant plus que la part de "Social Security" soit... presque rien (10...20%) !
Je n'ose pas non plus penser à la génération actuellement scolarisée (disons entre 15 et 25 ans). C'est une génération virtuellement sacrifiée par le système. Elle n'aura pas le temps de se faire une retraite (en supposant qu'elle ait la possibilité de se trouver un emploi) ni de capitaliser quoi que ce soit.
Les étudiants laissent tomber leurs études (contraints ou forcés) après 1, 2 ou 3 ans ou avant la fin de leurs études, faute de pouvoir payer les premières primes de leur prêt étudiant pourtant "garanti" pour une scolarité longue de 7...10 ans ... mais qu'ils devront quand même rembourser "à fond" sur 15 ou 20 ans dès qu'ils auront trouvé un (petit) job !
Les universités (d'abord privées puis d'Etat...car celles- ci sont en faillite .. AUSSI !), ferment les unes aprés les autres ou limitent leurs inscriptions aux plus favorisés après avoir limité les embauches de profs, les investissements ....
Maintenant les "schools", les "academies", les "colleges" ... sont touchés. Des ados ne sont plus scolarisés ou le sont partiellement.
Dans 10 ans, les USA seront en pénurie d'ingénieurs, de médecins...si ce n'est déjà le cas !
Je n'ose pas non plus parler du "Medic" !
Les soins sont hors de portée de la classe "basse" (bien sûr) mais moyenne et aussi maintenant "moyenne supérieure" ! Les enfants scolarisés au dessus de la "high", ne sont plus pour la plupart, pris en charge sur l'assurance de leurs parents et doivent faire l'objet d'une assurance particulière, plus chère encore que celle de leurs parents parce qu'ils ne travaillent pas et n'ont pas de biens propres!
Des personnes PAR CENTAINES meurent tous les jours faute de soins aux USA ... et on ne le sait ou on ne le dit pas !
Des personnes, des enfants ... qui pourraient être soignés ou guéris ne le sont pas faute de $ ... ou parce que les hôpitaux, les soignants refusent maintenant les C.C, n'ayant plus confiance dans les banques et le système financier. Là aussi, la plupart du temps, les assurances sont indexées sur la valeur des biens : plus de biens ou des biens dont la valeur décroît = plus d'assurance ou assurance plus chère !
La liste est longue et ma description bien que paraîssant "catastrophique" n'en reflète pas pour autant la limite. La REALITE est bien pire encore aux USA , le "premier" pays de la planète. J'y ai vécu, j'ai été une "green-card" et une américaine convaincue de vivre dans le plus beau pays du monde !
J'en suis revenue, non pas "déçue" (enfin quand même un peu) mais surtout EN COLERE aprés moi même d'être rentrée ainsi dans un système trop beau pour être vrai et surtout d'y avoir placé mes enfants.
Les USA sont un "eden virtuel" où les habitants sont manipulés par le système qui les "empêche" par la facilité qu'il procure (procurait plutôt car tout est bel et bien fini) de se rendre compte des réalités. C'est comme une grande secte où le gourou-crédit décide de tout mais en vous donnant l'impression de décider vous même en vous ôtant tout "soucis", toute difficulté financière pour peu que vous ayez accès à la carte à puce miraculeuse (et 85% de la population y a accès... suffit d'ouvrir sa boîte aux lettres le matin pour en avoir une nouvelle, une de plus !)
Ils sont un "eden virtuel" placé sous le signe de la religion, du "tout beau, tout gentil"...mais où les sheriffs tirent dans le dos des délinquants (surtout si ils ne sont pas blancs ou propres sur eux) et où les gosses se promènent dans les écoles avec des couteaux ou des armes !
Une religion omni-présente qui décide en couvert, même de la politique, du social, des "communities"...mais qui, lorsque les gens sont en difficultés, qu'ils ne peuvent plus sortir leur C.C...ne se montre pas ou les rejette du système.
Je vais arrêter là en ajoutant simplement qu'à la différence de (peut-être) 200 millions de personnes aux USA, j'ai la chance d'avoir une autre nationalité ! Aujourd'hui je suis fière et CONTENTE d'être française et je peux affirmer qu'il faut vivre hors de France pour comprendre la beauté de ce pays et les avantages de son système social et aussi des "avantages" de la mentalité du français moyen... Râleur, bougon, pas forcément "propre sur lui", poli et tout beau tout gentil...mais ô combien solidaire et franc quand "ça va mal" ! UN système certes certainement "imparfait" ou perfectible mais ô combien "rassurant" quand on a connu celui du "premier pays" !
Aux USA, la Louisiane n'a reçu AUCUNE aide du gouvernement ou des autres états. La Californie en feu, brûle sous l'indifférence de tous ... En France, une tempête à Maubeuge ou à Bordeaux et c'est le pays entier qui se mobilise... y compris les DOM-TOM !
Merci de m'avoir lu !