Second post de suite sur l’impôt puisque Malakine , en commentant le premier a shooté un peu à côté et que le basketteur que je suis en profite direct pour prendre le rebond.
Objection donc aux réflexions que j’avais pu avancer, le monde s’est mondialisé, la taxation devient parallèlement beaucoup plus compliquée.
Il s’agit tant des phénomènes de délocalisation fiscale des individus que de l’évitement des capitaux selon l’auteur d’Horizons.
Bien vu. Cependant la seule mention de ce fait n’épuise en rien le début de réflexion que n ous avions pu avoir, et se révèle bien trop parcimonieuse pour réellement apporter de l’eau au moulin. Voyons donc ce que nous pouvons bien répondre à cette accusation de passéisme intellectuel de mes sources.
Pour honteusement plagier Eolas, quelques prolégomènes tout d’abord: L’impôt sur le revenu rapporte chaque année environ 55 milliards €, la TVA 130 milliards, l’impôt sur les sociétés 44 milliards €. Mais qui paye quoi, voilà une autre question intéressante. Seuls 49% des français sont soumis à l’IR et celui-ci possède une structure qui fait assumer 65% du revenu total aux 10% les plus riches.
Ce qui éclaire le pourquoi de la chose de la baisse des impôts pour les plus favorisés (bouclier fiscal à 50% notamment), ou en tout état de cause donne une piste de réflexion.
Quels sont donc les risques de voir disparaître nos plus beaux fleurons? Il n’est pas mince mais cela doit néamoins être relativisé. Tout d’abord parceque les impositions proposées hors de nos frontières sont déjà bien inférieures aux notres, et que n’étant pas partis depuis des années, on se demande bien ce qui pourrait provoquer chez nos privilégiés des envies de départ vers des cieux fiscalement plus accueillants. A la rigueur, les températures estivales me paraissent plus à même de les pousser à la délocalisation.
Le discours des économistes, purement économique mais pourrait-on leur reprocher1 , est de dire, si on les taxent ils vont partir.
Soit.
Ce qui ne nous dit pas où ils vont partir, ni si ils vont embarquer avec eux tous leurs amis, leur famille, leurs relations, accepter de vendre des biens familliaux etc…
C’est ce qui est beau avec les économistes, ils sont des vrais bisounours. Un Homme n’est qu’un agent économique, il évolue sur un nuage où les sentiments, les amis, les attachent n’existent pas. Il peut donc faire claquer sa samsonite ultra-carbone 250, prendre sa femme et ses gosses, voir ses amis et sa boulangère sous le bras, se payer un billet d’avion2 et aller s’installer au Kazakstan. Génial de simplicité économique.
Alors les riches trop taxés? Le poids de l’ISF? On sait qu’il est très fortement lié à la détention d’un patrimoine immobilier et que le volume de celui-ci est intimement lié au marché de l’immobilier. Or rien ne dit aujourd’hui qu’il se maintiendra au niveau complètement surévalué qui est le sien aujourd’hui.
Est-ce à dire qu’il faut se refuser à bâtir une fiscalité qui ne serait pas plus propice au maintien des hauts revenus sur le territoire? Ce n’est pas ce que je veux dire. Mais si la structure de l’ISF doit probablement évoluer pour ne pas pénaliser les détenteurs de patrimoine sans revenus (la petite vieille de l’île de Ré, la voisine de Lionel J), je ne vois rien qui empêche le maintien du bouclier à 60% plutôt qu’à 50%. En faisant ce cadeau à quelques 90.000 ménages (la France en compte près de 24 millions), le gouvernement se prive de facto de sommes suffisantes pour ajouter 50% sur le budget de la justice ou pour financer un bon paquet de logements sociaux.
C’est donc le choix de société qui dicte le choix des impôts, de ses baisses, de ses exonérations, des leur répartition, des leurs structures propres.
Qui dit choix de société dit vision préalable, il faut donc avoir une réflexion sur le pourquoi et sur le comment.
Doit-on sortir par le haut ou par le bas? Le choix est délibérement fait de sortir vers le bas. L’impôt est une contrepartie, ce qui implique que chacun veut en avoir pour son argent. Au lieu d’améliorer le service rendu l’on ne cesse de diminuer le coût du service actuel, c’est un choix mais il faut l’assumer. On pourra toujours regretter que ce choix ne soit pas collectif mais le fait du prince.
En ce qui concerne les capitaux maintenant, l’argument est aussi efficace qu’un direct de Mike Tyson. Enfin presque, puisqu’il faudrait nous expliquer alors pourquoi la France est dans le top 4 mondial pour les IDE entrants, et pourquoi en Europe, seuls les britanniques attirent plus de monde.
Car voilà, en face d’un Etat se trouvent des gens rationnels. Le travail et les impôts sont peut être plus lourds en France mais la productivité y est meilleure que dans la quasi totalité des pays développés, ce qui n’est pas une mince performance. Le personnel de maison y est généralement en bonne santé grâce à cette antiquité appelée Sécurité sociale, relativement bien éduqué, les routes sont en bon état, les lignes de train performantes, les liaisons aériennes plutôt bien foutues, les sous-traitants bons et en nombre conséquent, le tissu productif pas si mal organisé que cela.
Bref la logique, que dis-je la vulgat économique que les grandes institutions mondiales ont réussi à faire rentrer dans la tête du commun des mortels EXIGE que les impôts soient faibles, l’Etat et les règles sociales les plus light possibles etc. Sinon les riches s’en vont et les capitaux ne viennent pas, libres et ultra-liquides qu’ils sont.
J’aurai attendu un peu plus d’esprit critique de la part de Malakine, probablement un petit refroidissement dû à la chute des temépratures.
Encore une fois, le monde n’est pas rose, et composer avec n’est pas simple. Mais la question qui me vient sans cesse à l’esprit est celle-ci:
Est-ce parceque c’est difficile que nous ne tentons pas ou bien est-ce parceque nous ne tentons pas que c’est difficile?
Encore une fois je vous encourage tous à reprendre l’histoire économique récente, voir combien les exemples américains des années 90 et 2000 ont mis à mal les préacquis économiques… Ensuite ont en reparle.
J’ai pas forcément raison, mais au moins je me pose encore des questions et je m’étonne toujours. Bref, je ne reste pas collé dans le fond des poils du lapin.3
- Si votre boulangère s’avise de vous conseiller des warrants ne l’écoutez pas!! [Retour]
- Les amis ne payent pas toujours les billets [Retour]
- référence encore, celui qui trouve gagne encore un teeshirt FrednetickWorld quand il sera fait [Retour]