Depuis le 1 février la Carte Orange n’existe plus. Pour les habitants de l’Ile de France, le fameux sésame, la carte de VIP qui nous permettait de circuler dans tous les transports en commun, n’est plus. Devant le chauffeur du bus dont nous investissions le véhicule, nous brandissions notre carte plastifiée comme une armée de flics en civil déboulant dans un squat, sûrs de notre bon droit. Par contre dans le métro, nous étions moins héroïques car il fallait sortir la carte de notre poche ou notre sac, extirper d’un logement prévu pour, le coupon qu’on devait introduire dans la machine pour que le portique ouvre ses bras et nous accueille avec un enthousiasme mesuré au sein des souterrains où les travailleurs aiment à s’entasser matin et soir. Petit à petit la carte à disparu, remplacée par le Navigo, nouveau mot pour les mêmes maux des petits Némo des matins blêmes. Une carte plus discrète, format carte d’identité comme on les fait maintenant, couleur moins criarde, munie d’une carte à puce, qui permet de passer les portillons et contrôles sans avoir à la sortir de son sac ou son portefeuille. Il suffit de passer devant le lecteur optique qui vous reconnaît instantanément « Ca va ? » mais il ne vous répond pas, du moins vous n’avez pas le loisir d’entendre sa réponse puisque qu’un quidam vous pousse déjà au cul, lui-même talonné par une horde barbare se hâtant vers ses établis. Un jour la carte Navigo disparaîtra à son tour, la carte support de la puce ne sera plus nécessaire, la puce sera greffée directement sur le poignet.