Notre ministre du Budget, M. Eric Woerth, a estimé l’autre jour qu’en temps de crise, le plus urgent était de se retrousser les manches. Puis-je rappeler à ce distingué ministre que, depuis plusieurs années, des millions de Français ne désirent qu’une seule chose, que la société française leur propose de quoi se retrousser les manches. Sa déclaration semble émaner de quelque personnage de la stratosphère, totalement déconnecté de la réalité de notre pays.
Ses paroles sont insultantes pour :
- Tous les intérimaires qui se retrouvent brutalement privés de mission
- Tous les titulaires de contrats à durée déterminée dont le contrat n’est pas renouvelé
- Tous ces jeunes diplômés que des entreprises avares de formation embaucheraient bien, si seulement ils pouvaient faire état de trois ans d’expérience
- Tous les quinquagénaires et autres que l’on invite à quitter l’entreprise, qui eux pourtant ne manquent pas d’expérience mais dont le départ a un coût social réputé moindre
- Toutes celles et ceux qui ont été licenciés parce que, face à la fameuse alternative enseignée en gestion d’entreprise, « make or buy » (produire ou acheter), leurs patrons ont choisi la voie de l’achat, de la délocalisation, fichus gestionnaires qui oublient qu’entreprendre, c’est créer et non pas vendre avec la marge maximum
En un mot, les millions de chômeurs et de précaires qui ne souhaitent qu’une chose, travailler.
Alors, Eric, retrousse-toi les manches et trouve des ressources fiscales fondées sur la marge ou peut-être sur la valeur importée plutôt que la valeur ajoutée, enfin sur ce qu’il te plaira, mais pas sur les salaires !