Un britannique solitaire, passé de la musique électronique au folk... Tout cela ne vous rappelle pas un certain Matt Elliott ? On pourrait d’ailleurs accumuler les parallèles entre ces deux musiciens, puisque Lawry Joseph Tilbury alias Birdengine teinte lui aussi ses compositions de mélodies slaves (“I, Dancing Bear”) et d’accents flamenco (“Barnaby”), et ne compte pas parmi les artistes les plus joyeux de la planète. Mais là où la rage intérieure d’Elliott s’échappe par grandes envolées saturées, celle de son compatriote ne transparaît que par les inflexions complexes de sa superbe voix. Une voix pleine, au falsetto aérien, mais qui révèle par moments un agacement (un cynisme ?) et même une douleur qui se fondent bien dans l’image d’ermite misanthrope que l’on peut se faire du personnage.
Enregistré sur un 4 pistes avec l’appui d’un seul dictaphone, ce quatrième EP d’un dépouillement franciscain est la preuve incontestable que l’on peut parfaitement se passer de “production” si l’on a de bonnes idées et du talent. Usant par moments de sa guitare comme d’un sitar ou d’un luth, Birdengine y raconte, à la façon d’un ménestrel sorti des bois, de petites fables poétiques et énigmatiques, toujours sur le fil du rasoir. Et s’il s’avère difficile d’écouter The Black Dictaphone plusieurs fois de suite tant sa charge de désespoir est forte, peu de temps s’écoule avant qu’une pulsion semi-masochiste nous pousse à y revenir.
En bref : Sept chansons acoustiques d’une pureté presque mystique, aussi désespérantes qu’ensorceleuses, par un jeune Anglais qu’il faudra surveiller de près.
Birdengine - Monster In The Town.mp3
Son Myspace
Le site de son nouveau label, Woodland, avec des tas de “field recordings” en téléchargement libre