La purée de topinambours au diamant noir de la mort

Par Estebe

Salut, les truffes

C’est une expression désobligeante et un peu désuète dans le français tel qu'on le cause aujourd’hui. Une expression datant sans doute d’une époque où la truffe ne valait pas grand-chose et grouillait aux pieds des chênes méridionaux comme les fientes de pigeons sur la Place St-Marc. Car aux cours contemporains dudit champignon, traiter quelqu’un de truffe, voire de grosse truffe, ou même de truffe géante, équivaut à le considérer comme un être cher. Comme une chose rare et exquise, méritant tous les égards.
Va donc, espèce de truffe ventripotente!
Vil flatteur. Vous êtes charmant aussi.
A l’heure où la récession gronde et que le 440 tousse, rares sont ceux (à part quelques banquiers aux canines acérées, à l'éthique naine et aux bonus pornos) qui peuvent aujourd’hui se payer une vraie tuber melanosporum périgourdine, toute noire et joufflue, bien ferme et odoriférante. Une tuber de chez melanos, en somme.
Du reste, notre petite purée apéritive de topinambours au diamant noir a été réalisée avec une truffe à l’huile de pedigree modeste. Parfum discret et chair relâchée. Pas chinoise pour autant, ni top moumoute non plus, mais gentiment sexy tout de même. A table, en tout cas, personne n’a moufté. Scountch scroutnch, qu’ils faisaient avec leurs bouches.


Prévoir deux topis par personne (pour une purée de taille raisonnable, car, en surdose, le topi noue la tripe et poinçonne la couche d’ozone).
Pelez, lavez, détailler en cubes et hop dans l’eau salée frémissante, jusqu’à abandon des chairs. Virez l’eau, en gardant un filet au fond de la casserole. Mixez et monter tranquilou à coup de noisettes de beurre et de lichette d’huile d’olive. Salez avec générosité. Poivrez aussi.
Chopez donc l’une des truffes noires offertes par vos actionnaires. Brossez-la, s'il le faut. Détaillez en copeaux la moitié. Et en dès lilliputiens le reste.
Touillez les dès avec la purée. Coiffez avec les copeaux. Parsemez de fleur de sel.

Débouchez un joli blanc languedocien, par exemple le gracieux et minéral 2006 du Domaine de Saumarez.
Puis servez, si possible en adoptant une démarche vraiment stupide.

Ce n'est qu'un au revoir, mes cop's