Juillet 2006. L’heure du bilan pour ce cinquième Scopitone. Le staff de l’Olympic (organisateur du festival) ne fait pas le malin. Foutue édition. Les vents ont été contraires : un public tiraillé entre canicule, les exploits de Zizou et consorts en Coupe du Monde face au Brésil, le Teknival près de Vannes, et le Festival Roc’h en feu. Dans cette jungle, Scopitone eut un mal fou à se frayer un chemin. Pourtant, la programmation était assez hallucinante et (trop ?) innovatrice. Mais la faible affluence sanctionne aussi un problème d’identité à régler. Trop pointu pour les uns, pas assez pour les autres, Scopitone doit se rendre à l’évidence : il n’est pas, et ne sera jamais un festival d’été comme les autres. Sa place est ailleurs.
Cette année, Scopitone change donc de peau. Oubliée, la période estivale, inadaptée et vraiment casse-gueule. Le festival aura lieu du 18 au 23 septembre. Oublié, le site de la Trocardière à Rezé, bien trop grand pour lui. Oublié également, le grand écart entre une affiche estampillée « festival d’été » et des expériences artistiques novatrices. L’accent est certes mis sur ce qui a toujours fait la marque de fabrique de Scopitone : le relation entre musique et image. Mais cette fois-ci de manière plus cohérente, dans un fourmillement de onze lieux-phares de la vie culturelle et artistique nantaise, un vrai jeu de piste pour passionnés d’arts numériques, mais aussi de musique : Jeff Mills, Ez3kiel, Tarwater, Wax Tailor, Dead 60’s, Sayag Jazz Machine, Apparat, James Holden, pour ne citer que les plus connus.
Mais l’essentiel est peut-être encore ailleurs, et pourrait bien se trouver dans toutes ces noms et appellations inconnues ou presque, qui composent la programmation, dans cette émulation d’artistes têtes chercheuses, préoccupés par la rencontre entre les arts (vidéo, arts numériques, musique, danse, etc.). Parce que Scopitone a un temps d’avance, il pose des questions, il propose des créations, il a les idées larges, il est dans l’air du temps sans tomber dans le fléau de la « tendance », il est un précieux catalyseur des formidables possibilités artistiques qu’offrent les nouvelles technologies.
Bref, Scopitone is not dead. Et ça fait du bien.