Tout tourne autour de Westminster, l’abbaye royale laissée à l’abandon depuis des années. Il se murmure que les Bénédictins s’y dévoient et financent des orgies de vin et de sexe à l’aide de l’argenterie du domaine. Ne voilà-t-il pas qu’un renégat anglais, ex-marchand emprisonné en Flandres pour cause de manque de parole du roi Edouard, est vu à Londres ? L’une des victimes, cette fois une lady en charge du secours aux filles perdues, murmurait ce dicton célèbre mais incongru : « l’habit ne fait pas le moine ». L’intrigue tourne autour de cette phrase, reprise dans le titre du roman.
Le pittoresque de la ville capitale ne nous est pas épargné, la pauvreté des petits mendiants comme des soldats mutilés qui n’ont pour retraite d’avoir servi le roi que la mendicité. Les odeurs de la ville médiévale sont fortes, la morale faible, les instincts règnent en maîtres parmi la population illettrée prête à croire ce qu’on veut. Mais c’est bel et bien l’éducation, et la logique apprise à l’école, qui sert le clerc et lui permet d’y voir clair. Bien que… « Il aurait dû se rappeler que la somme des parties ne constitue pas forcément un tout et que le hasard, le sort et les coïncidences défient la logique » p.264. Le lecteur est donc pris dans les rets d’une suite d’intrigues où il s’emberlificote autant que l’enquêteur, jusqu’aux coups de théâtre du finale. C’est bien mené, captivant et incomparable pour percevoir et sentir le moyen-âge londonien.
Ce qui n’est pas le moindre mérite de ce livre, l’intrigue ici décrite réellement eu lieu dans l’histoire de Westminster et les archéologues ont trouvé des morceaux de peau du coupable, écorché de par le roi et restés incrustés dans la porte de l’abbaye. L’auteur, professeur d’histoire médiévale, donne les cotes des archives dont il s’est inspiré. Un mot encore, Hugh Corbett a lui aussi existé : son vrai nom était John de Droxford. La réalité, parfois, dépasse la fiction !
Paul Doherty, Faux frère (Murder wears a cowl), 1992, 10/18 2007, 284 pages