Un style vif et jubilatoire pour retrouver le monde merveilleux de l'enfance.
Portrait chinois
Si l'enfance était un nom ?
Une prairie : cette prairie-là s'appelle gazon, mais le z est encore loin au bout de l'alphabet, on ne sais pas l'écrire, simplement dessiner au feutre vert de grandes hachures qui figurent des herbes. On y place des bonshommes bleus avec des mains comme des fleurs et des pattes de flamands roses.
Un verbe ?
Polliniser. Dès l'enfance, on l'a repéré : dans la prairie, ça pollinise à tout va, un monde énorme et pourtant souriant mène ses affaires sous nos pieds, devant notre nez. Les pétales ne sont jamais que la lingerie fine sur le sexe des plantes, les boutons sont associés à des glandes qui secrètent le nectar, tandis que les insectes câlinent des pistils.
Une expression ?
"Face aux adultes, il faut savoir tenir ses langues." Extrait du code d'honneur de la Grande Couvée.
Un temps de conjugaison ?
L'irréel du présent, parfois appelé conditionnel, mais ça fait repris de justice ! C'est le temps des enfants. Exemple : "on serait des eskimos en hiver et nos enfants seraient perdus sur la banquise..."
Un signe de ponctuation ?
Un point. C'est encore le signe des enfants. Il permet, joyeusement, d'en finir avec la phrase qui précède et de passer à autre chose.