Pour une fois, les vins ne sont pas servis à l'aveugle. Afin de comprendre l'impact du terroir et du cépage sur les qualités gustatives du vin, il était préférable de les connaître en les buvant.
Pinot blanc "la fontaine aux enfants" 2007 : nez bien mûr de fruits jaunes et de miel. Bouche ample, mûre et fraîche à la fois, soutenue par une fine acidité. Finale goûteuse et persistante. Issu d'une parcelle perchée derrière le Kastelberg, ce vin se démarque totalement de ce que l'on attend d'un pinot blanc, souvent réduit à un vin de soif. Tout en cueillant un raisin presque surmûri, les Kreydenweiss ont réussi à garder une bonne fraîcheur. Merci la bio-dynamie (et le terroir).
Andlau Riesling 2007 : nez assez discret sur le fruit de la passion, le citron et l'anis. Bouche ronde soulignée par une acidité élancée et un (très) léger perlant. L'ensemble a un très bel équilibre, d'une grande finesse. La finale, mâchue, a une belle persistance sur des notes citronnées.
Kastelberg Riesling 2005 : nez sur le citron confit et la cire. Bouche démarrant sur une douceur saline, puis prenant du relief et de l'acidité progressivement pour finir intensément sur des notes d'agrume., avec un côté tannique. C'est peu de dire que le vin déroute (comme déroutera le vin suivant). Pour l'instant, j'ai la sensation que le vin est dans une phase intermédiaire où "il se cherche" encore...
Wiebelsberg Riesling 2002 : robe plus dorée que les précédentes. Nez sur la pomme chaude et l'aiguille de pin. Bouche de grande ampleur, bien fraîche, avec là aussi une acidité montant crescendo. Finale de belle intensité sur des notes terpéniques. Une discussion s'engage pour savoir si le vin est oxydé ou évolué. Pour moi, cela relève de l'évolution normale.
Clos Rebberg Riesling 2006 : nez très "pointu" sur le zeste de citron, la roche fumée. Bouche avec une attaque vive et intense, se poursuivant sans relâche avec un grand élan, mais aussi un gras et une intensité aromatique de premier ordre; et une excellent finale, peut-être encore plus belle que ce qui précède. Ca décoiffe. Déjà très bon maintenant, et sûrement encore meilleur dans quelques années, comme nous le montre le vin suivant (à noter que les étiquettes de ce millésime sont signées du vigneron Charles Joguet).
Clos Rebberg Riesling 2000 : nez sur le citron confit, la cire et des notes "pétrolées". Bouche ample, très aérienne, quasi irréelle, délicatement soulignée par une acidité vibrante qui vous transperce l'âme. Un vin et une matière superbe dans un millésime pourtant pas facile. L'idée folle de faire renaître ce vignoble envahi par la forêt trouve ici sa parfaite justification. Pour moi, le vin de la soirée!
Clos du Val d'Eleon 2005 (Riesling & Pinot Gris) : nez mûr sur le miel et la poire. Bouche ronde, fraîche, charnue, légèrement grasse, avec une acidité presque tranchante. Finale nette, fraîche, un peu courte. Perso, j'ai bien aimé, mais je me sens bien seul. La plupart des dégustateurs semblent désorientés et ne comprennent pas le sens de ce vin. Peut-être parce qu'il n'y a rien à comprendre. Seulement le boire pour ce qu'il est, et pas ce qu'il devrait être...
Kritt Gewürztraminer 2007 : nez épicé qui m'évoque plus le savagnin que le loukoum (me comprendra qui peut). Bouche ample, élancée, d'une fraîcheur cristalline, évoquant le caillou humide et la fumée. Finale moyenne laissant percevoir un léger sucre, parfaitement intégré.
Clos Rebberg Pinot Gris 2005 : nez sur la poire, le miel, puis le caramel au beurre. Bouche ronde, gourmande, saline, avec un beau gras. Finale charnue, fraîche et florale.
Clos Rebberg Pinot Gris 2005 "vendange de Noël" : robe plus dorée. Nez sur le coing, l'orange confite et les épices (de Noël!). Bouche d'une densité et d'une minéralité presque dérangeantes. Du gras et de l'acidité dans un bel équilibre. Et une finale sur l'orange amère TRES persistante, à la limite de l'obsédant. Ne peut laisser indifférent...
Moenchberg Pinot Gris 2003 : nez très floral. Bouche ample, toute en finesse, avec un joli gras et traversée par une acidité vibrante. Finale légèrement sucrée, plutôt courte. Un brin frustrant.
Moenchberg Pinot Gris 2005 : nez sur la poire et le lard fumé. Bouche ronde, limpide, d'une grande fraîcheur, avec une superbe acidité. Finale d'une grande minéralité.
Une dégustation qui m'a beaucoup plu, même si j'aurais aimé tombé sur un Kastelberg plus minéral, plus dominateur. Avec le 2005, je suis un peu resté sur ma faim... Je suis par contre ravi de ce qu'est en train de devenir le Clos Rebberg. Lorsque l'on voit que ce que peuvent donner ces très jeunes vignes sur ce sol schisteux, on se dit que dans quelques années, ce sera l'un des plus grands terroirs d'Alsace!
J'ai également conscience que tout le monde n'a pas accroché au style du domaine, assez différent des terroirs plus "sudistes". Et que l'on peut être désorienté par cela. Mais on s'y habitue, je vous assure ;o)