HIP HOP NOMAD
Plus connu par les festivaliers que par le fan de rap lambda, Beat Assailant tient le flambeau d’un hip hop instrumental où le live est l’exercice ultime. Arpentant les grands chemins de nos contrées, il nous fait le plaisir d’une rencontre pour FTW, histoire de nous conter son parcours, ses inspirations et ses projets.
Après avoir été le terrain de jeu de Method Man en 2007, la capitale angevine continue d’accueillir des artistes directement venus de la scène hip hop US pour satisfaire un public plus connaisseur qu’il n’y paraît. Beat Assailant est de ces artistes qui se revendiquent montrer au grand jour leur art sur la scène, en s’accordant peu de répits : « on fait une centaine de dates par an ». Adam Turner, dans le civil, est né à Miami il y a près d’une trentaine d’années. Rapidement, il déménage pour Atlanta. « Mon père bossait dans une radio. Petit à petit, je me suis intéressé plus précisément au hip hop et dès que j’ai compris que toute la musique derrière ces titres venait des samples, je me suis intéressé aux disques de mes parents. Ils avaient une bonne collection de vinyles ; c’est là que j’ai passé tout mon temps à découvrir les disques, à tout écouter ».
Fan de musique dès la première heure, Adam enchaîne les rencontres. Parmi lesquelles Dallas Austin, célèbre producteur des plus grands noms Pop et R&B; (Madonna, TLC, Michael Jackson ou encore Boyz II Men). « Son label avait à l’époque un magasin de fringues, avec des DJ qui s’occupaient du son. La nuit, il y avait des soirées Open Mic. C’est là qu’on a croisé avec mon pote pour la première fois Soul Messiah [membre de la Zulu Nation d’Afrika Bambaataa]. A l’époque, j’avais 15-16 ans. Tous les rappeurs étaient plus vieux que nous… ». Progressivement, Beat Assailant se plonge dans des projets plus ambitieux. « Soul Messiah et les mecs qui étaient avec lui nous disaient comment faire sur scène, comment écrire, comment faire du Hip Hop, comment être MC… ». Suite à un concours dans son université d’Athens, Adam décroche le gros lot : une première partie d’Outkast, puis de GZA, du groupe New-Yorkais Wu-Tang Clan. Plus tard, toujours sur les bancs de la fac, il rencontre un certain Brian Burton, qui deviendra plus tard Danger Mouse, moitié du groupe Gnarls Barkley. « Je me souviens de la fois où il a acheté sa première boite à rythme… Il a commencé à faire ses beats, moi je rappais dessus… Ca a débuté comme ça ! ». Mais le duo ne se prolonge pas : les deux ont des projets de leur côté. En 2001, Adam découvre Paris : « c’était énorme parce qu’à Atlanta, ça ne bouge mais pas comme à Paris, où il y a des soirées tous les jours ! ». Toujours motivé par ses projets musicaux, il écume les soirées, et il rencontre Danny Wild, producteur et DJ électro parisien.« On a parlé de notre musique, de nos références, on avait un bon feeling… On a quitté la soirée pour aller dans le sous-sol où il y avait un studio. Ils ont mis les instrus, et avec mon pote on a commencé à faire des freestyles ». L’éclectisme et la curiosité des deux musiciens donnent naissance, en 2005, à un premier album, Hard Twelve. S’en suit plusieurs mois de tournée, pour forger ce qui sera la marque de fabrique du désormais groupe Beat Assailant : le live. « Hard Twelve était vraiment un album studio. Pour le second album, on a essayé en concert tous les titres. Grâce à cette expérience, on a pu mettre plein de choses dans les morceaux, on a trouvé des idées pour les bridges, pour les cuts… ». Vient alors l’idée directrice du second album, Imperial Pressure (2008) : tous les morceaux seront enregistrés en "one shot", en une seule prise. « Les albums studios, c’est bien, mais c’est quand même une sensation différente quand on est dix à faire la musique en même temps… ».
Exercice pratique plus tard dans la soirée : Beat Assailant et son band nous livre un concert encore plus brulant que prévu. Malgré les quelques gouttes de cette scène en plein air, le public répond présent et apprécie ce hip hop-soul digne des Roots, de Mark Ronson ou encore d’Erykah Badu. Adam, qui parle un français impeccable, conclut notre rencontre par une confidence : « Pour ce qui est de rapper en français, je vais essayer de faire un petit truc pour le troisième disque… Ce qui est dur, c’est d’écrire, d’avoir le contrôle complet des mots. Il faut connaître plein de mots, beaucoup d’expressions… Pour être rappeur, en plus de faire des rimes, il faut que tu saches dix manières différentes d’arriver à dire la même chose. Moi, en français, au bout de 4 mesures, j’ai déjà répété quatre fois les mêmes mots ! ».
www.myspace.com/hardtwelve
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Crédits photos : DR