Orée où j’entends bouche

Par Angèle Paoli



Aquatinte numérique originale, G.AdC


ORÉE OÙ J’ENTENDS BOUCHE

Orée où j’entends bouche ― ta bouche soluble
os de seiche édenté ― du plus loin qu’il me revienne
que dit la bouche d’encre ― creux d’orages
j’interpelle les vents pommadés vert
je tends l’oreille aveugle aux voix contraires
je hèle-hisse tes paroles tirées de l’entre-deux
où tombées sinon dans l’oracle
― âcre l’encens agaçant les seuils ―
labyrinthe d’échos du dehors du dedans
les morts et les vivants
coassent copulant à l’orée du bois or
ogre y es-tu que fais-tu où dors-tu
peut-être assoupi en un répit-refuge
enroulé de feuillages à froisser-fuir
dois-je me garder ― esprit en éveil ―
des rives en tumulte traquées
par flots ouverts.

― Osiris te voilà

D’où viens-tu dispersé à l’orée du bois or
corps et âme errants à l’abandon du jour
de quelle rage ― victime abolie ― vagis-tu
quelle lame fiévreuse a fouaillé tes fibres
dépecé os et peaux tes membres alentour
disloqué épouillé jeté sans sépulture
au cloaque fécal
qui donc sinon ta sœur
infatigable Isis
peut rassembler tes os
délavés par la vague
sans cesse ravagée
de rêves
hivernaux.

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli


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