Depuis le temps que j'annonce que je vais chroniquer le dernier disque d'Oasis...Cela fait presque 4 mois qu'il est sorti. A certaines critiques dythirambiques ont succédé de grands retournements de veste, du style "Ouais, mais en fait, il est juste bien, et encore". Et même s'il est parfaitement concevable qu'Oasis ne remporte plus les suffrages du public, étant donné quelques disques anecdotiques, il semble de bon ton de taper sur les frères Gallagher, qui, il est vrai, sont une vraie source d'inspiration pour journalistes en quête d'icônes à dézinguer.
Mais il démarre bien, ce "Dig Out Your Soul". Si je trouve que l'artwork est plutôt pas trop mal, et le coffret collector pour le coup un bel écrin, je veux parler de la première chanson, voire des deux premières. "Bag It Up" et "The Turning" ouvre en effet le disque de façon directe, le premier dans une veine heavy-blues sur lequel Liam retrouve toute sa morgue, l'autre beaucoup plus tendu, avec des guitares abrasives et une rythmique musclée. "Waiting for the Rapture" est déjà un peu plus laborieux, avec Noel au chant (quoiqu'on en dise, il n'a pas un quart de la "classe" vocale de son frangin), mais la formule de blues-rock un peu pachydermique ne marche qu'à moitié. Et jusqu'ici, toujours pas trace réelle du virage psychédélique annoncé par le groupe. Ce n'est pas sur "The Shock of the Lightning" que ça apparaît (single efficace au demeurant), ni sur "I'm Outta Time", ballade 100% Lennonesque (le bouchon est poussé jusqu'à faire entendre la voix dudit Beatle à la fin du morceau), mais sans atteindre la qualité d'une "Songbird", le titre a tout du hit potentiel et est plutôt une belle réussite.
Si "(Get off Your) High Horse Lady" ne me fera pas relever la nuit, "Falling Down" relève bien le niveau. Le psychédélisme annoncé est présent, certes par petites touches, mais Noel assure au chant, Zak Starkey joue avec talent et finesse, et la rythmique, comme de la techno mais pas synthétique donne très bien, témoin en est d'ailleurs le bon remix des Chemical Brothers. "To Be Where There's Life" rend visite à l'Inde, avec la présence d'un sithar, une rythmique qui donne envie de voir Liam faire la danse du ventre (ou pas en fait. Non, pas du tout), mais le morceau est de très bonne tenue et tranche un peu dans la carrière d'Oasis. Ce n'est pas "Kashmir", mais l'intention méritait d'être soulignée. Plus dur à nouveau, "Ain't Got Nothing" renoue avec la morgue des lads de Manchester, au détour d'une batterie martiale. Même sanction pour "The Nature of Reality", dont les seuls reflets vaguement psyché pourraient se voir dans l'écho du chant : on est en fait dans la droite lignée de "Lyla", toujours ces titres un peu balourds, pas formidables mais loin d'être insupportables. Heureusement, "Soldier On", aérien à souhait, redore le blason du groupe de façon spectaculaire. Aérien et pourtant rude, le chant de Liam est tout en fausse légéreté, bien entretenue par l'écho dans sa voix, la production un peu "plombée" du disque (encore l'oeuvre de Dave Sardy) gagnant sur ce titre un peu de finesse, qui il est vrai, manquait pas mal au disque.
Au final, et après tous ces mois, mon avis est un peu moins enthousiaste que les premiers temps. On est certes en présence d'un LP tout à fait correct, mais il semble évident désormais que si Oasis est capable de faire de bons albums, qui comportent de très bonnes chansons, ils ne savent plus faire de disques qui sonnent comme des classiques. Ils l'ont déjà fait à leurs débuts, mais on devra se contenter de remettre leurs 2 premiers disques pour se convaincre que les gars de Manchester sont sur le toit du monde du rock.
Le MySpace d'Oasis et le site officiel
Tracklist :
Bag It Up / The Turning / Waiting for the Rapture / The Shock of the Lightning / I'm Outta Time / (Get off Your) High Horse Lady / Falling Down / To Be Where There's Life / Ain't Got Nothing / The Nature of Reality / Soldier On