Depuis le temps, ça devait enfin arriver. Ils étaient prévus, du temps de leur splendeur, à la Médoquine, en 95 ou 97. Puis deux fois, il y avait eu annulation. Est-ce pour cela qu'Oasis venait jouer en terre girondine dans la salle talençaise, fournaise et qui, en plus, n'est pas aussi grande que les autres salles de la tournée des gars de Manchester ?
Bon, le tourneur de Twisted Wheel est un génie (ou une femme géniale). Parce que, dégoter une première partie d'Oasis avec ce type de chansons, chapeau bas. Au mieux, c'était sans intérêt, mais plus souvent chiant et repompé effrontément sur Arctic Monkeys, The Clash, The Jam, j'en passe, mais le tout sauce bûcheron. Heureusement, ça n'a pas été long (entre 25 et 30 minutes).
Il faudra le même temps pour que les Macuniens rentrent sur scène. Ou plutôt que "Fuckin' in the Bushes" se fasse entendre, histoire de faire monter la pression. Quoique, ça reste plutôt sage, en tout cas dans ma zone et celle de mes amis. Pas de mêlée, même pas lorsque "Rock'n'Roll Star" retentit, pourtant le titre s'y prêterait à merveille, et si la grosse caisse a un son un peu trop "mat" à mon goût, le jeu de Chris Sharrock à la batterie est bien comme il faut, martial mais pas trop, très démonstratif en tout cas. Liam est en voix, fait joujou avec son tambourin, puis enchaîne sur "Lyla" et "The Shock of the Lightning", qui ne rendait bizarrement pas très bien, avant le premier grand moment, et "Cigarettes and Alcohol" : rien à ajouter, cette ligne de gratte est la meilleure chose que Noel ait repompé à droite à gauche, le chant plein de morgue de Liam est "rock'n'roll star" à point, et la section rythmique reste imperturbable.
Dans les autres grands moments, "To Be Where There's Life" est très puissante en live, même si elle manquait de sa patte indianisante, "The Masterplan" est le premier titre que chante Noel seul (à moins que "Waiting for the Rapture....) et est toujours aussi bouleversante, autant que "(What's the Story ?) Morning Glory" est violente, un vrai titre urgent et imparable. "The Importance of Being Idle" rassure pour de bon sur la voix de Noel, pas très bavard mais plutôt bien luné. Le retour sur "Definitely Maybe" se fait avec "Slide Away" et "Supersonic"...Quels titres géniaux, mais venant d'un album aussi immense, ce n'est pas une surprise : le mérite revient surtout à Liam de réusir à retranscrire (à peu de choses près) la fougue de sa voix d'il y a quinze ans ou presque. L'enchaînement de hits de la fin ne déchaîne toujours pas le public, même si on sent que pas mal de gens présents retrouvent enfin leur marques, entre les titres de "Dig Out Your Soul" ou "Don't Believe the Truth". "Wonderwall" fait toujours son petit effet, "I'm Outta Time" est finalement plutôt entraînante comme ballade : bref, les Mancuniens sont présents à 100%, même si leur attitude peut sembler distante (Andy Bell est totelement amorphe, ce qui n'est pas le cas de Gem Archer par contre, avec sa belle guitare Hello Kitty).
Le rappel a lieu avec le seul Noel aux commandes du navire Oasis. "Don't look Back In Anger" est jouée en acoustique, fait chanter la foule, c'est un classique, et les frangins seront sans doute condamnés à la jouer jusqu'à leur mort. Peut-être que ce ne sera pas le cas de "Falling Down", franchement convaincante sur disque mais qui ne fait pas le même effet en live, avant le superbe final "Champagne Supernova" / "I Am the Walrus". Oasis ne mérite peut-être plus le titre de "plus grand groupe de rock du monde", mais celui-ci n'a jamais eu grand sens non plus. En revanche, leurs compositions sont, pour certaines, assurées de rester dans les mémoires. Les frangins aux gros sourcils sont encore bien en vie, pour tout ceux qui en doutaient, et c'est plutôt ce qu'il faut retenir de ce très bon concert : FOOKIN' GREAT !