Rats: les bébés de Chillito

Publié le 01 février 2009 par Dunia

Églantine ou l’amour de la vie

Progrès quotidiens

Il se raconte, quelque part sur le net, que je maltraite Églantine parce que pour le moment je refuse de l’euthanasier. Il y a deux ou trois ans, par peur de la voir souffrir, je l’aurai sans doute fait euthanasier depuis longtemps, comme mes premiers rats, toujours un peu contre l’avis de mon vétérinaire qui me répète sans cesse qu’un rat qui ne reste pas prostré, qui continue de manger, est un rat qui désire vivre. Plusieurs mois et une cinquantaine de rats plus tard, j’ai changé ma façon d’agir. Si un rat se bat pour vivre, je ne vais pas lui imposer la mort sous prétexte que c’est moins douloureux pour ma personne qui s’imagine qu’il souffre. D’ailleurs, il souffre peut-être, mais je n’ai pas à projeter sur mes animaux mes opinions et malaises d’être humain si mon rongeur lutte pour la vie malgré ses souffrances . On dit aussi que je la force à vivre pour moi, pas pour elle. Passer une heure par jour à m’occuper d’un seul rat, alors que j’en ai vingt autres qui veulent aussi sortir -que je sors naturellement- n’a rien de facile ni d’exaltant, même si je suis fascinée par l’envie de vivre d’Églantine. Ce serait plus commode pour moi de l’envoyer au paradis des rats. Si Églantine avait continué étendue sur le flanc, à chercher son air sans pouvoir manger, comme elle était il y a deux dimanches, certes le lundi je l’aurai fait euthanasier. Seulement le lundi elle était debout sur ses pattes, appuyée contre la cage, dans un refus total de se laisser aller. Je lui ai donné de la bouillie afin de l’hydrater un peu et de la fortifier au cas où elle la prendrait. Elle s’est jetée dessus comme une dingue. Pour avoir eu d’autres rats à l’agonie, je peux assurer qu’un rat qui voit arriver sa fin ou qui la souhaite -les êtres humains aussi d’ailleurs- refuse de boire et de s’alimenter, même à la seringue. On peut leur remplir la bouche, ils n’avalent pas. Dans ce cas il faut se rendre à l’évidence, ne pas les forcer, car on risque de les étouffer. Ce n’est pas le cas d’Églantine qui chaque jour progresse, je ne dirai pas vers la guérison, mais vers un certain confort de vie. Croyant qu’elle rechuterait dans un problème respiratoire grave, qu’il me faudrait l’euthanasier rapidement, j’ai refusé de lui donner des antibiotiques oraux pendant deux semaines afin de ne pas la médicamenter inutilement. De ne pas la maintenir artificiellement en vie. Depuis hier, sur les conseils de Madeleine et Vicky, deux éleveuses de rats en qui j’ai confiance, je lui administre un antibiotique oral afin de stopper sa production de pus. Par ailleurs, s’il m’avait fallu euthanasier tous les rats momentanément déboussolés, tournant sur eux-mêmes à cause d’une chute dans la volière ou d’un AVC -c’est très impressionnant au début mais ils se ressaisissent- ou présentant des croûtes et des abcès phénoménaux plutôt que de tenter de les soigner, il ne me resterait plus beaucoup de rats dans ma raterie. Or, Aramis, Avril, Scarole et d’autres, sont toujours là, sans plus de séquelles ou avec de légères séquelles qui ne les empêchent aucunement de vivre.

Aujourd’hui Eglantine a mangé SEULE, avec appêtit, des pâtes cuites et de la banane. Ce soir, comme tous les soirs, je lui donnerai de la bouillie à la seringue pour qu’elle ait un meilleur apport en vitamines. La pénicilline que je lui administre oralement paraît faire de l’effet, puisque son abcès ne semble plus produire autant de pus et qu’il sent moins mauvais.

Églantine mangeant des pâtes cuites d’elle-même et avec appétit.

Son équilibre est précaire mais elle sait s’y prendre pour manger en restant sur ses pattes.

Son envie de vivre me fascine.

Après le repas elle se lave maladroitement, appuyée contre la cage pour ne pas tomber, mais visiblement elle tient à accomplir tout les gestes qui combattent le laisser-aller et la mort. Un rat sur le point de mourir ne se lave plus.