Nous sommes allés voir "Le Chef d'Orchestre à la Baguette de Bambou", titre sybillin puisque le chef d'orchestre n'est autre que notre Grand Duc, enfin quand je dis notre, je surtout veux dire le leur, à qui l'unique personnage de la pièce, un africain dénommé Mwayé (et pas Moïen), adresse une longue lettre pour lui demander la nationalité luxembourgeoise. En échange de quoi il lui offre une baguette de bambou pour mener son peuple. Enfin, si ça se trouve, c'est de Jean-Claude Juncker qu'il parle, parce qu'il l'appelle "Monsieur le Président du Luxembourg".
Il y avait des passages vraiment drôles, notamment sur l'intégration des voitures au Luxembourg, plus aisée que celle des humains, bien qu'elles soient toutes étrangères. D'ailleurs, Mwayé remarque que les informations locales commencent par la liste des accidents de voiture, et pas par la liste des personnes qui sont mortes. C'est dire si on accorde une importance plus grande à la tôle qu'à la chair humaine. La remarque sur l'africanisation du drapeau grand-ducal est également bien trouvée, comme le concept d'exultation intérieure permanente qui caractérise les habitants du coin. La moquerie étant d'autant plus savoureuse qu'elle n'est pas l'auteur d'un expatrié ironique (suivez mon regard) mais d'un auteur local consacré.
Après, j'ai été plus perplexe sur l'accent africain à la Michel Leeb, car Mwayé est évidemment joué par un acteur aussi luxembourgeois que blanc. Et il y avait bien une ou deux longueurs, notamment les passages sur les cours de langue, les matches de foot ou la fête du vin, ce qui en une heure de temps est un peu décevant.