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Je suis fatigué, irrésistiblement: la sensation d'être enfermé dans cette pièce, dans ce blog, dans ces mots étrangers, nu et exposé aux yeux de tous, en même temps légèrement indifférent, résigné peut-être. En tout cas, la révolte ne me gronde pas. Les phrases se laissent couler dans ma rivière intérieure. Je me demande: est-ce que le verbe m'échappe ou est-ce que mon monde intérieur s'est asséché. Je n'ai plus la force de placer le point d'interrogation. Mon écriture attend une visite surprise sur le quai désert une nuit de décembre. Il y a un tumulte assourdissant dans ma tête, les gens se bousculent dans tous les sens et ils se marchent sur les pieds. Je suis emporté par la foule, sans savoir où l'on va, sans pouvoir décider de quoi que ce soit. Je suis un anonyme qui s'exécute chaque jour un peu plus, un anonyme qui pointe à l'horloge de son crépuscule, un anonyme qui songe à une autre vie, à une deuxième chance, un anonyme qui aime les bars du petit matin. Ce monde pourri, je voudrais ne plus le voir, avec mon arc-en-ciel je voudrais le colorier de plusieurs couches d'illusion.