Moritz Leuenberger désire introduire une taxe générale pouvant aller jusqu’à 50 centimes par litre d’essence pour diminuer les émissions de CO2. Bien évidemment, Edgar Schorderet, le président du TCS s’y oppose farouchement en avançant le fait que la mobilité est devenue «un bien de consommation» utilisé essentiellement pour les loisirs. À la place, il propose un système de bonus-malus à l’achat de toute nouvelle voiture. Lorsqu’un automobiliste achète une voiture polluante, il paie une taxe qui est utilisée pour abaisser le prix d’achat d’une voiture économique.
Cela peut paraître étonnant, mais je ne suis pas loin d’être d’accord avec le président du TCS. Le système bonus-malus a l’énorme avantage de «récompenser» celui ou celle qui fait le choix conscient d’acheter un véhicule qui consomme peu et de faire financer cette récompense par celui ou celle qui se moque des conséquences environnementales de son choix de véhicule. Un autre avantage réside dans le fait que celui ou celle qui n’a pas les moyens de changer de voiture à tout bout de champ n’est pas prétérité financièrement. La solution proposée par le président du TCS me semble donc socialement assez juste et environnementalement assez efficace à condition que l’amplitude du système bonus-malus soit suffisante pour inciter la majorité des conducteurs à faire le choix d’un véhicule économique.
Efficace … mais pas suffisante.
Il n’empêche que la taxe générale sur les émissions de CO2 convient mieux à la mise en application du principe du pollueur–payeur. Car on peut très bien avoir une voiture polluante et rouler très peu, comme on peut avoir une voiture économique et rouler – en toute bonne (in)conscience – excessivement. Dans ces conditions, pourquoi ne pas cumuler les deux solutions ? Pourquoi ne pas introduire le système de bonus-malus d’abord, puis dans un second temps, introduire la taxe générale. Cette mise en œuvre en deux temps permettrait de laisser le temps à ceux qui ne changent pas de voiture comme de chemise de se préparer au changement de véhicule et de s’en donner les moyens.
Le cumul de ces deux solutions n’exclut d’ailleurs pas le recours à ce que Moritz Leuenberger appelle des mesures de «droit policier». C’est-à-dire l’interdiction pure et simple d’engins dont le taux d’émissions est particulièrement déraisonnable.
La lutte contre la pollution engendrée par le trafic ne me semble pas pouvoir se satisfaire d’une unique mesure, mais d’un ensemble coordonné.
- Crédit image : Scratch sous licence Creative Commons.
Le Mercedes G 500 est l’un des véhicules les plus polluants du marché.